M. Füle a participé le, 8 mars 2012, à une tribune organisée par l’IEMed au Palais de Pedralbes
Stefan Füle, commissaire européen à l’Élargissement et à la Politique de voisinage, a expliqué la façon dont l’UE a répondu aux changements provoqués par le printemps arabe et les défis qu’elle doit encore relever par rapport aux transitions en cours dans différents pays arabes. Cet exposé a été prononcé devant plus de soixante représentants du monde académique et institutionnel et les médias à l’occasion d’un petit déjeuner organisé au Palais de Pedralbes par l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed).
Parmi les mesures prises par l’UE pour soutenir les transitions démocratiques des pays où s’est produit le printemps arabe, il a cité trois grands volets. Un volet économique, plus particulièrement axé sur le projet SPRING, d’un total de 350 millions d’euros auxquels il faut ajouter la somme prévue pour la période 2011-2012 qui, selon les prévisions, devrait être augmentée de 150 millions en 2013 sans compter les programmes de la BEI, du Conseil de l’Europe et les programmes en collaboration avec la société civile ou de soutien aux institutions, comme dans le cas de la Fondation Anna Lindh.
Les autres mesures ont pour objectif, d’une part, de faciliter la mobilité des citoyens du sud de la Méditerranée en Europe (avec des accords spécifiques pour le Maroc et la Tunisie, qui devraient être signés sous peu et des programmes adressés aux étudiants comme Erasmus Mundus) pour leur permettre d’améliorer leurs savoir-faire et d’acquérir de l’expérience et, d’autre part, de renforcer l’intégration économique de ces pays dans le marché intérieur européen.
Parmi les principaux défis, M. Füle a cité le défi politique. Pour M. Füle « les processus de démocratisation seront longs et il y aura des retours en arrière et des frustrations ». Il considère, toutefois, qu’il faut soutenir les forces démocratiques – celles se fondant sur le respect aux valeurs démocratiques, aux droits humains et à la liberté – et dialoguer avec tout interlocuteur, quel qu’il soit ; faisant allusion aux vainqueurs des élections de 2011 au Maroc, en Tunisie et en Égypte, il déclare que « Faire preuve de méfiance envers des gouvernements choisis par voie démocratique serait une erreur ». Il a résumé l’approche de l’UE par la formule suivante : « Plus il y aura de réformes, plus il faudra d’aide »
Le deuxième défi – entravé par la situation économique internationale – est, pour M. Füle, la croissance économique et la création d’emploi, des éléments clés en vue de la réussite des transitions. D’après lui, il faut prévoir, à court terme, une période difficile et il faudra avoir recours à l’aide financière d’autres acteurs.
Finalement, le troisième défi est une coopération accrue entre acteurs régionaux pour faire face aux problèmes politiques (Syrie), sécuritaire (Sahel, prolifération d’armes) ou d’intégration économique. « Il faut reconstruire le cadre de la coopération régionale » a-t-il affirmé, en collaboration avec des organisations régionales comme la Ligue arabe, le groupe 5+5, le Conseil de coopération du Golfe et l’Union du Maghreb arabe. Il a ajouté que l’Union pour la Méditerranée est en mesure de jouer un rôle important à cet égard. Après trois ans de difficulté, cet organisme « arrive maintenant à un point d’inflexion ». Grâce à l’expérience de son nouveau secrétaire général, elle peut devenir un catalyseur de projets concrets susceptibles d’être financés et d’être avantageux pour la population. En ce sens, il a rappelé que l’UpM peut compter sur l’engagement de l’UE à cet égard, d’autant plus que la coprésidence nord de l’UpM lui a été transmise début mars.
Andreu Bassols, directeur général de l’IEMed, ainsi que le tout nouveau secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, Fathallah Sijilmassi, ont pris part à l’évènement. M. Sijilmassi a déclaré au cours de sa première intervention publique à Barcelone qu’il relève le défi de diriger l’UpM en ayant l’intention de donner plus de cohérence aux actions menées par cet organisme. D’après lui, trois grandes questions sont à tenir en compte : la nécessité de croire en la réalité méditerranéenne ; faire en sorte que la paix, la stabilité et la prospérité arrivent directement à des citoyens à l’expectative, suite aux changements de l’année 2011, et transformer des projets concrets et tangibles en réalité.
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