« L'Union européenne attache une grande importance à la société civile, car celle-ci permet aux citoyens d'exprimer leurs préoccupations. Elle contribue également à l'élaboration de politiques démocratiques solides et oblige les gouvernements à rendre des comptes», a déclaré Dr Michael Köhler, directeur Voisinage à EuropeAid, dans un entretien avec le Centre d’information pour le voisinage européen.
Il a réitéré le soutien de l'UE à un dialogue avec et entre les acteurs clés de la société dans le sud de la Méditerranée, et a insisté sur le dialogue structuré régional en cours actuellement, dans le cadre d’un effort visant à rassembler les organisations de la société civile (OSC) sous une même structure. Interview :
La société civile a joué un rôle important dans les soulèvements qui ont eu lieu dans les pays du sud de la Méditerranée. Est-ce que cela a eu un impact sur les relations de l'UE avec les OSC de la région ?
Je dois dire que les soulèvements arabes se sont révélés être un tournant dans les relations de l'Europe avec les pays du sud de la Méditerranée, entraînant une refonte majeure des politiques et des partenariats avec les différents acteurs de la région. En effet, les acteurs tels que la société civile, les femmes, les jeunes et les médias se sont rapprochés du cœur des discussions.
Le rôle de la société civile dans la satisfaction des attentes pour un avenir meilleur est particulièrement important. Pour notre part, en tant qu’Europe, nous devons agir plus que comme un simple témoin des efforts visant à transformer les sociétés de la région.
Bien que la situation dans chaque pays soit différente, nous déploierons tous les efforts pour soutenir ce qui nous semble être un élément primordial d'une culture de paix : le dialogue entre les principaux acteurs de la société, dont la société civile fait partie. Dans l'ensemble, la voix de la société civile est maintenant plus écoutée par les gouvernements partenaires. En outre, les relations de l'UE avec la société civile méditerranéenne se sont renforcées.
Les consultations publiques s’intensifient en Tunisie et au Liban. Cependant, dans des pays comme l'Egypte, les attentes n'ont pas été satisfaites par des avancements concrets, comme en témoigne la loi controversée de 2013 sur les ONG. La progression vers la liberté d'association et de réunion est irrégulière.
Plusieurs pays connaissent l'éclosion de nouvelles organisations de la société civile, tandis que dans d'autres, l'enregistrement des OSC continue de faire l'objet d'un pouvoir discrétionnaire.
Existe-t-il une dimension régionale à cet effort?
Il est à présent clair qu’un dialogue renforcé et global avec et entre la société civile au niveau régional, mais aussi avec les autorités en Europe, est une nécessité. Nous sommes déterminés à consolider la voix de la société civile dans la politique et le dialogue politique. Cela devrait permettre des échanges entre les autorités et la société civile sur leurs préoccupations, leurs priorités et les défis auxquels elles sont confrontées, afin de favoriser une meilleure entente entre les acteurs.
Notre dialogue avec la société civile dans le Sud s’est renforcé et nous sommes à présent en train de discuter de structures régionales plus permanentes et complètes.
À cette fin, des réunions ont eu lieu, en présence d’OSC, de responsables gouvernementaux, de journalistes, de fonctionnaires de l'UE, etc. Ces échanges sont en cours, et des idées concrètes sont lancées sur la façon de créer des réseaux, de renforcer le dialogue et de consolider la société civile. Un événement majeur, le Forum de la société civile du voisinage méditerranéen de l’UE, doit se tenir à Bruxelles les 29 et 30 avril 2014, avec quelque 200 participants. A cette occasion, le commissaire de la PEV Štefan Füle va lancer la prochaine phase de réflexion sur la manière de mettre en place les meilleurs « mécanismes de dialogue régional structuré », en se basant sur des initiatives et des plateformes déjà existantes.
Existe-t-il une aide financière pour les OSC, au travers de programmes de coopération, par exemple ?
Il existe essentiellement deux approches différentes : l'une est de renforcer réellement la société civile, la rendre plus viable, faire des ONG des partenaires dans le dialogue, et ceci grâce à une aide financière, des conseils, et en les mettant en contact avec les organisations de l'UE.
Dans le même temps, bien sûr, nous voulons faire de la société civile un élément de gouvernance, nous voulons qu'elle scrute les gouvernements, nos programmes de coopération. Ainsi, nous l’associons également à la programmation, à la planification, au suivi de la mise en œuvre des opérations dans les pays.
Comment sélectionnez-vous les projets et les OSC?
Nous devons faire la distinction entre la sélection des projets et le travail avec la société civile. Nos projets sont généralement déterminés par la demande. Il y a donc des appels d’offres, des appels à propositions et les organisations de la société civile, aussi bien dans nos pays partenaires que dans les États membres de l'UE peuvent soumettre leurs propositions. Dans le même temps, il est tout aussi important d'avoir un dialogue politique avec la société civile, mais nous ne sélectionnons pas les organisations. Nos délégations dans les pays sont en contact permanent avec les ONG, les organisations de la société civile qui souhaitent ce contact, et nous les invitons régulièrement, par exemple, à discuter de nos programmes, comme les opérations d'appui budgétaire. Ce dialogue se déroule toujours à la demande de la société civile. Un dernier aspect important est que lors de l'évaluation annuelle des relations avec chaque pays, les Délégations invitent les OSC locales à soumettre leur point de vue.
Source de l'article Africanmanager
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire