Un ancien Ministre espagnol parle - Le sud de la Méditerranée attire peu d'IDE

Des hommes politiques européens continuent de plaider en faveur d'une plus grande implication de l'Union européenne dans les économies du sud de la Méditerranée.

L'ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, pense que si à la suite de la chute du mur de Berlin, l'Union européenne a pris ses responsabilités et a aidé et soutenu les transitions politiques et économiques à l'Est, il devrait en être de même pour les économies du sud de la Méditerranée. 
Il ajoute que l'aide à l'Est de l'Europe a permis dans un laps de temps relativement rapide, une consolidation de la démocratie dans les pays de l'Europe de l'Est et une ouverture de l'économie, fortement accompagnée par les différents fonds, institutions et mécanismes européens.

Néanmoins, avec les pays du Sud, l'UE tarde à prendre ses responsabilités alors qu'un soutien fort de sa part aux transitions politiques et économiques en cours depuis les «printemps arabes» nés à Sidi Bouzid, en Tunisie, est pourtant indispensable pour construire l'espace de paix et de stabilité que portait le processus de Barcelone en 1995 et réaffirmé par l'Union pour la Méditerranée en 2008. Dans une contribution à des médias étrangers, Moratinos estime qu'il est urgent que l'Union européenne prenne la mesure des transformations que connaissent les pays du sud de la Méditerranée et propose un partenariat euro-méditerranéen politique et économique renouvelé, associant les sociétés civiles et basé en termes économiques sur la coproduction. Quelques réformes sont déjà opérées et l'Algérie et la Jordanie ont amélioré les infrastructures portuaires, réduisant ainsi les délais de traitement dans les ports terminaux. Ces réformes conduisent à des avantages tangibles pour les entrepreneurs. 
Les propositions de Moratinos sont intervenues dans le cadre d'une rencontre organisée par l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) consacrée aux colocalisations en Méditerranée, pendant laquelle l'idée de création d'un observatoire de la coproduction a été lancée. Miguel Angel Moratinos, qui est aussi co-président du Comité d'orientation politique de l'Ipemed, pense que l'intégration euro-méditerranéenne mérite d'être repensée car pour les pays du sud et de l'est de la Méditerranée, la transition économique est l'urgence du moment. Ainsi, si les processus de transition politique, qui ont certes suivi des chemins divergents selon les pays, semblent en marche, la transition économique semble quant à elle, en panne en raison de l'incapacité structurelle de ces pays à assurer l'inclusion et la durabilité de la croissance et que la situation du chômage des jeunes et des femmes s'aggrave.

Dans certains pays arabes méditerranéens, le taux de chômage atteint 20 à 25% chez les jeunes, voire plus encore chez les diplômés de l'université et les femmes, ces dernières ayant l'un des taux d'activité les plus faibles au monde.

Pourtant, la Banque mondiale souligne, dans son dernier rapport Doing Business 2015, que certains pays de la région (Algérie, Égypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) ont engagé des réformes dans la réglementation des affaires en 2013-2014 mais ces réformes restent limitées et l'investissement à long terme demeure encore non attractif. La région est perçue comme une région de fractures et d'insécurité récurrentes, fragilisant le processus politique et handicapant les gouvernements dans leurs efforts de création d'emplois, notamment dans le secteur privé. Chaque pays fait valoir ses avantages comparatifs pour attirer des investissements directs étrangers. La conséquence est la faiblesse des IDE européens consacrés à ces pays: 3% contre plus de 20% dans d'autres régions du monde.

Par Ali TIRICHINE Source de l'article l'Expressiondz

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