Rabat souligne que cette réforme est volontaire et non imposée par des bailleurs de fonds internationaux. - Shutterstock |
Rabat souhaite ainsi attirer les investisseurs étrangers.
La libéralisation graduelle de la devise marocaine, le dirham, est imminente. Le roi Mohammed VI l'avait annoncée. Première étape ? L'élargissement de la bande de fluctuation du dirham, de 0,3 % à 5 % par rapport à un panier 60 % euro et 40 % dollar. Davantage de fluctuations en fonction de l'offre et de la demande signifie la fin du régime des changes fixes adopté par le Maroc dans les années 1970. De quoi permettre à la valeur de la devise de refléter les fondamentaux du pays et non ses décisions politiques. Et attirer les investisseurs étrangers pour financer sa croissance - attendue à 4 % en 2017 et 2018 - et ses ambitions à l'international. La date d'entrée en vigueur et les modalités du mécanisme devaient être annoncées ce lundi, mais la conférence de presse du ministre de l'Economie, Mohamed Boussaïd, a été reportée, a-t-on appris de bonne source à Rabat.
En effet, cette libéralisation fait débat et les autorités attendraient un ultime avis du Conseil du gouvernement. Nombre d'opérateurs économiques au Maroc, craignant un décrochage de la monnaie, se sont déjà rués sur les achats de devises. La banque centrale a rétorqué le 20 juin que le dirham n'était pas surévalué et qu'en cas d'attaque spéculative elle disposait de réserves suffisantes, équivalentes à six mois d'importations, pour défendre la parité actuelle, d'environ 11 dirhams/euro. La question est sensible : toute chute du dirham augmenterait les prix des biens importés, ce qui serait rudement ressenti par les ménages.
Rabat souligne que cette réforme est volontaire, et non imposée par des bailleurs de fonds internationaux, à l'inverse du cas égyptien, où la devise avait plongé de 60 %. Le Maroc fait valoir que sa situation est saine, son inflation et sa dette extérieure maîtrisées, et que le processus sera graduel sur une quinzaine d'années.
Base arrière chinoise
L'objectif ? « Fournir des gages aux investisseurs étrangers, surtout chinois, que la monnaie ne sera pas surévaluée à l'avenir, ce qui nuirait à la compétitivité des prix des industries du pays », note Sandy Campart, spécialiste du Maroc et directeur de l'IUP Banque Finance à l'université de Caen. La Chine, où les salaires horaires sont supérieurs, mise sur le Maroc comme base arrière pour exporter vers l'Europe. Elle est le 3e partenaire économique du pays derrière l'Espagne et la France. Reste que les investisseurs devront pouvoir rapatrier leurs dividendes, ce que rend difficile le contrôle des changes. La prochaine étape devrait donc être la convertibilité externe du dirham si les risques de fuite des capitaux ne sont pas excessifs.
Par Yves Bourdillon - Source de l'article Les Echos
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