Fondée en 2008, l'Union pour la Méditerranée (UpM) est une organisation intergouvernementale qui regroupe 43 pays dont les 28 Etats membre de l'Union européenne.
Basée sur une co-présidence paritaire entre les deux rives sud et nord de la mer Méditerranée, l'UpM a pour objectif de promouvoir le dialogue et la coopération dans la région euro-méditerranéenne. Son siège est situé à Barcelone.
Quels sont les liens qui unissent les deux rives de la Méditerranée ?
Depuis l'Antiquité, les deux rives de la Méditerranée sont étroitement liées par des relations commerciales, culturelles, diplomatiques, politiques et stratégiques. Au XXe siècle, avec la décolonisation et la création de l'Union européenne, les rapports entre les pays du pourtour méditerranéen ont pris une forme nouvelle.
Alors que se créé la Communauté économique du charbon et de l'acier (CECA) en 1951, puis la Communauté économique européenne (CEE) en 1957 avec les traités de Rome, il semble de plus en plus indispensable pour les pays du nord de la Méditerranée de se tourner vers leurs voisins du sud afin d'unifier l'ensemble des pays européens.
Selon Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques, "on s'est assez rapidement rendu compte qu'une organisation qui se créée, de l'ordre de celle de l'Union européenne ne pourrait pas être pacifiée uniquement de l'intérieur". Car "la création d'espaces d'inclusions entraîne la création d'espaces d'exclusions et ainsi une forme de frustration, éthique, politique, économique et sociale du voisinage".
C'est donc dès les années 60 que vont émerger des initiatives pour favoriser la coopération euro-méditerranéenne et ainsi "réintégrer l'Union européenne au sein même de son environnement régional plus large, en redonnant une part de nature à des relations qui se sont progressivement institutionnalisées".
Parmi les plus emblématiques, figurent les premiers accords bilatéraux de coopération en matière commerciale établis en 1969 entre les pays du Maghreb et les pays membres de la CEE.
Le dialogue euro-arabe, de 1973 à 1990, initié par le président français Georges Pompidou, dans l'objectif de rivaliser avec la politique des Etats-Unis au Proche-Orient, est une étape clé. Ou encore, le dialogue 5+5, enceinte de dialogue informel lancée en 1990, entre l'Espagne, la France, l'Italie, Malte et le Portugal d'un côté et l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie de l'autre. L'objectif étant de former le noyau dur du projet euro-méditerranéen. C'est cependant en 1995, à l'occasion de la conférence de Barcelone, que cette coopération va prendre un nouveau tournant.
Qu'est-ce que le Processus de Barcelone ?
Organisée en 1995, alors que l'Espagne assure la présidence tournante de l'UE, la conférence de Barcelone a réuni pour la première fois les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'UE et leurs douze voisins de la rive sud de la Méditerranée : l’Algérie, Chypre, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, l’Autorité palestinienne, et, en qualité d’observateur, la Mauritanie. Une déclaration et un programme de travail sont adoptés conjointement.
De cette rencontre historique est né le Processus de Barcelone, dont l'objectif essentiel était celui de créer un cercle vertueux susceptible de transformer l'espace euro-méditerranéen en une zone de paix et de prospérité. Une initiative calquée sur le modèle observé en Europe centrale et orientale.
L'Union européenne, d'abord partenaire économique avec les pays du Sud, inaugure un volet politique et de sécurité, basé notamment sur la Charte des Nations Unies ainsi que la Déclaration des droits de l'homme. Son objectif est de développer l'Etat de droit et la démocratie, d'intensifier la lutte contre le terrorisme ou encore de promouvoir la non-prolifération nucléaire.
Autre nouveauté, cet accord prévoit l'instauration progressive d'une zone de libre-échange d'ici 2010 et ouvre la voie vers l'instauration de l'institution parlementaire du Processus de Barcelone (APEM), dont le rôle est celui d'adopter des résolutions et recommandations, non contraignantes, à l'intention de la Conférence euro-méditerranéenne.
Pour assurer le suivi de la réalisation des objectifs du partenariat, le Comité euro-méditerranéen du processus de Barcelone se réunit périodiquement pour faire une évaluation des progrès effectués concernant le programme de travail, afin de tenir celui-ci à jour. Des réunions périodiques des ministres des Affaires étrangères des partenaires méditerranéens et de l'UE ont lieu.
Dans le domaine financier, des instruments importants sont été mis en place, comme le programme MEDA par lequel l'Union européenne apporte une aide financière et technique à ses partenaires méditerranéens pour favoriser les projets de développement économique et social. En 2007, ce programme est remplacé par l'Instrument européen de voisinage et de partenariat. Par ailleurs, une Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP), financée par la Banque européenne d'investissement et l'UE, vise à développer l'activité économique du secteur privé et à faciliter l'accès des PME au financement au travers de prêts et de subventions.
La présidence Sarkozy, un tournant ?
La cinquième conférence de Barcelone organisée à Valence en 2002 insuffle un nouvel élan au processus de Barcelone en renforçant les trois volets de son programme de travail. La septième conférence qui a lieu à Luxembourg en 2005 permet de faire le point sur les dix années de partenariat UE-Méditerranée.
Mais le Processus de Barcelone déçoit. En témoignent les paroles prononcées en 2007 par Franco Marini, ancien président du Sénat de la République italienne : "le processus de Barcelone est une déception. Treize ans après sa signature, il peine toujours à avancer". Selon lui, cet échec serait principalement dû à un manque d'engagement politique et de "suivi observé de part et d'autre, des pays des deux rives de la Méditerranée". De plus, le rattachement en 2004, du Processus de Barcelone à la Politique européenne de voisinage (regroupant déjà les pays d'Europe de l'Est) semble constituer un désengagement européen en direction de la Méditerranée.
C'est dans ce contexte particulièrement complexe que le 7 février 2007, à l'occasion d'un discours prononcé à Toulon et en pleine campagne électorale, Nicolas Sarkozy relance l'idée d'un partenariat euro-méditerranéen. L'ancien chef de l'Etat prévoit alors la création d'une "Union méditerranéenne" (UM), inspirée du processus communautaire européen et réunissant exclusivement les pays riverains de la Méditerranée dans l'objectif de construire un destin commun. Un projet qui confère aux pays non-riverains de l'Europe du nord le rang d'observateurs.
"Le dialogue euro-méditerranée imaginé il y a 12 ans à Barcelone n'a pas atteint ses objectifs. L'échec était prévisible dès lors que la priorité de l'Europe était à l'est (…) que le commerce avait pris seul le pas sur tout le reste alors que c'était la coopération qui aurait dû être la priorité absolue (…) dès lors qu'il s'agissait une fois de plus de faire dialoguer le Nord et le Sud, en perpétuant cette frontière invisible qui depuis si longtemps coupe en deux la Méditerranée…", estime Nicolas Sarkozy.
Un recadrage européen ?
Les capitales européennes ne cachent pas leurs réticences, voire leur hostilité, envers un projet financé par l'ensemble des pays de l'UE mais destiné, en définitive, uniquement aux pays du Sud. Au terme d'un bras de fer franco-allemand, le projet de Nicolas Sarkozy est revu et amendé. L'Union méditerranéenne (UM) prend ainsi le nom d'Union pour la Méditerranée (UpM) lors du Sommet euro-méditerranéen des chefs d'État et de gouvernement tenu le 13 juillet 2008 à Paris. Un changement d'appellation qui permet ainsi de ramener le projet du président français dans le giron européen et d'endiguer une initiative allant pour certains à l'encontre de la solidarité européenne. L'UpM est alors redéfinie comme une "revitalisation", "un nouvel élan" donné au Processus de Barcelone initié 13 ans auparavant.
L'UpM aujourd'hui
28 pays membres de l'UE et la Turquie, Israël, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, le Monaco, le Monténégro, l'Algérie, l'Égypte, la Jordanie, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, la Palestine, la Syrie et la Tunisie font partie du processus d'Union pour la Méditerranée. La Libye qui occupait un poste d'observateur avant 2008, a commencé à participer aux réunions en acceptant l'invitation après la transformation politique dans le pays. D'autre part, la Syrie a suspendu sa participation à l'UPM le 30 novembre 2011 en raison des sanctions de l'UE.
Six domaines stratégiques sont prioritaires : la dépollution de la Méditerranée, le développement des autoroutes de la mer et des autoroutes terrestres, la protection civile, le plan solaire méditerranéen, l'enseignement supérieur et la recherche, l'Université euro-méditerranéenne et l'initiative méditerranéenne de développement des entreprises.
Le Secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée, basé à Barcelone, constitue l'institution opérationnelle permettant la mise en œuvre de ce dialogue régional entre les 43 Etats membres. Il compte 60 personnes (des diplomates, financiers et experts techniques ainsi que des gestionnaires de projet) issus de 20 pays de la région, ainsi que des représentants de la Commission européenne et des institutions financières internationales (la Banque européenne d’investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Caisse des Dépôts).
Depuis 2012, c'est l'Union européenne qui assure le présidence nord et la Jordanie, la présidence sud. Cette co-présidence garantit la co-appropriation des décisions et la responsabilité partagée entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée. En 2016, huit conférences ministérielles sectorielles ont eu lieu, ainsi qu'un Premier Forum régional de l'UpM. 45 projets régionaux représentant plus de 5 milliards d'euros ont été "labellisés" par l'organisation.
Source de l'article Touteleurope
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