Forte de ses 860.000 habitants et de sa démographie en perpétuelle évolution, Marseille est la deuxième ville de France. Pour faire face aux nouveaux défis que pose l’urbanisation croissante de son territoire, la cité phocéenne s’est lancée dans un ambitieux projet de développement urbain baptisé Euroméditerranée.
Cette opération de rénovation urbaine, une des plus importantes menées actuellement en Europe du Sud, repose sur un principe de mutation des grands terrains industriels sous-exploités ou abandonnés en nouveaux quartiers à fort potentiel économique et social (résidentiels, commerces, bureaux…). Une opération au long court qui permettra de hisser Marseille au niveau d’excellence des plus grandes métropoles d’Europe.
Une opération de requalification urbaine
L’idée derrière Euroméditerranée est d’accompagner la transformation de l’espace urbain à l’aide d’une politique de grands projets, structurés autour de thématiques et de solutions d’avenir (développement durable, ville connectée, énergie décarbonée…). D’un point de vue social, il s’agit également de s’appuyer sur la reconquête de zones urbaines délaissées pour redonner un second souffle à des bassins de vie. C’est porté par ces problématiques qu’a émergé le projet Smartseille.
Derrière ce nom de baptême se cache un projet d’écoquartier connecté, actuellement en cours de construction dans le 15ème arrondissement de Marseille. L’idée est de remettre au gout du jour une ancienne friche industrielle de 2,7 hectares coincée entre une passerelle autoroutière qui sert à relier le Vieux-Port, des entrelacs ferroviaires et les barres en béton des quartiers nord. Également connu sous le nom d’îlot Allar, Smartseille proposera un condensé des nouvelles technologies dans le secteur du bâtiment, de l’énergie et de la robotique. Véritable démonstrateur industriel et technologique, le projet affiche un budget de plus de 160 millions d’euros.
Concrètement, le promoteur du projet (la société Eiffage) va faire sortir du sol quelques 3.000 mètres carrés de commerces et de services ainsi que 58.000 mètres carrés de logements, bureaux et équipements. L’espace autrefois occupé par une usine de production de gaz va être transformé d’ici fin 2018 en une nouvelle zone de vie exemplaire en termes de développement durable et de consommation d’énergie en proposant des solutions adaptées au climat méditerranéen.
La thalassothermie pour la production de chaud et de froid
Les concepts de construction durable, d’énergie renouvelable et de smart-city sont au cœur du projet Smartseille. Situé à quelques kilomètres des côtes de la Méditerranée, ce futur écoquartier va notamment s’appuyer sur l’eau de mer pour ses besoins en chauffage et en climatisation grâce à la thalassothermie. Également appelé « boucle à eau de mer », les équipements thalassothermiques puisent dans l’eau de mer les calories et les frigories nécessaires aux besoins en chauffage et en climatisation des consommateurs.
La thalassothermie de Smartseille fonctionnera notamment grâce à un point de puisage de l’eau de mer (qui servira également de point de rejet) situé dans le port de Marseille et équipé de pompes et échangeurs thermodynamiques. La ressource hydrique sera donc pompée dans une zone d’eau tempérée, d’où elle sera ensuite acheminée vers une sous-station en charge de produire chaleur ou froid en fonction de la saison.
« L’eau de mer est puisée à 5 mètres de profondeur où sa température reste relativement constante autour de 13°C. Puis elle est pompée jusqu’ici à travers des fosses de filtrage pour en prélever ensuite, selon les besoins et la saison, soit les calories afin de réchauffer la boucle d’eau douce desservant les bâtiments, soit les frigories pour au contraire rafraîchir », expliquent les ingénieurs à l’origine des équipements thalassothermiques.
Cette technologie écologique, vertueuse et durable est utilisée dans d’autres endroits de l’Hexagone, comme Monaco ou la commune de La Seyne-sur-Mer (dans le Var). Selon Eiffage, elle permet de réduire de 70% les émissions de gaz à effets de serre d’un bâtiment, tout en réduisant de 30% les factures énergétiques des résidents.
Optimiser les consommations énergétiques avec les caractéristiques du territoire
« Le respect du génie du territoire exige que les besoins énergétiques des bâtiments soient réduits à la source et couverts grâce aux ressources locales renouvelables », estiment les concepteurs du projet. L’étude des vents et du taux d’ensoleillement de la cité phocéenne a en effet permis d’optimiser la configuration des bâtiments. Intégrer les caractéristiques du climat méditerranéen pour optimiser la performance thermique des bâtiments de Smartseille, permettra à ce projet de se voir attribuer le label « Bâtiment durable méditerranéen ».
Enfin, Smartseille s’appuiera sur les caractéristiques des réseaux intelligents pour optimiser les consommations énergétiques mais également les contrôles d’accès et la télégestion des équipements. « Depuis votre salon, vous pourrez suivre votre consommation d’énergie et gérer au plus près de vos besoins le chauffage, l’éclairage, la production d’eau chaude », promet Eiffage. Les technologies connectées et les réseaux intelligents (smart grid) vont donc permettre aux habitants d’optimiser leur consommation d’électricité et ainsi de réduire leur facture d’électricité.
Toutes ces caractéristiques ont permis à Smartseille de faire partie des 11 démonstrateurs industriels labellisés conjointement par le Ministère de l’Écologie et du Développement durable ainsi que par le Ministère du Logement et de l’Égalité des territoires, lors de l’appel à projets « Démonstrateurs industriels pour la ville durable » (lancé au moment de la Cop21).
Source de l'article Lemondedelenergie
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