Le jeune président-fondateur de l'Institut Amadeus, Brahim Fassi-Fihri, organisateur du forum MEDays à Tanger, jette un œil dans le rétroviseur à l'occasion de la dixième édition de l'événement. Interview.
Dix ans déjà que le forum MEDays, organisé annuellement à Tanger par l’Institut Amadeus, existe. Brahim Fassi-Fihri, fils de Taïeb Fassi-Fihri, conseiller du roi Mohammed VI, en est le maître de cérémonie. Le jeune homme a pris de l’étoffe au fil des années, comme son événement. Il répond à nos questions, depuis le quinzième étage d’un palace de la ville de Tanger où se tient ce forum tous les ans
Jeune Afrique : On a l’impression que le forum MEDays a pris un virage africain ces dernières années, aux dépens du pourtour méditerranéen. Est-ce volontaire ?
Brahim Fassi-Fihri : Le forum a été lancé dans le sillage de la création de l’Union pour la Méditerranée (UPM) en 2008. Nous avions comme ambition d’offrir une plateforme pour approfondir la réflexion autour de l’intégration méditerranéenne. Mais dès la deuxième édition, en 2009, nous avons pris un virage. Nous nous sommes tournés vers la coopération sud-sud. C’était un choix assumé. Et aujourd’hui, le forum est, en partie, un événement africain.
"Nous sommes en grande partie au service de la diplomatie marocaine"
Cet intérêt pour l’Afrique coïncide avec des décisions d’État…
Nous assumons ce rôle : nous sommes en grande partie au service de la diplomatie marocaine, quand bien même nous ne sommes pas un événement gouvernemental. Encore une fois : nous sommes là pour donner de la profondeur à des décisions politiques et des orientations stratégiques.
Cette dixième édition donne l’impression d’être en partie une introduction au sommet Union africaine-Union européenne qui s’ouvrira à Abidjan ce 29 novembre. Est-ce voulu ?
L’agenda l’a voulu ainsi ! Cette année en effet, le forum arrive tout juste en amont d’un événement majeur. Nous comptons donc mettre à profit la présence du président actuel de l’Union africaine (UA), Alpha Condé, pour préparer un peu ce rendez-vous. En toute modestie, nous pensons pouvoir aider à faire en sorte que le sommet d’Abidjan soit une réussite, avec des retombées réelles.
Allez-vous profiter de l’occasion pour aborder la question de la présence ou non de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au sommet d’Abidjan ?
Je ne cache pas mon point de vue : le format qui avait été retenu pour le premier sommet Afrique-UE au Caire en 2000 était très approprié (ce sommet avait permis la participation des pays africains membres de l’ONU. La RASD n’était donc pas présente, ndlr).
Quelle est la place de la langue anglaise dans le forum ?
L’anglais prend toujours plus de place au fil des ans. Cette année, on compte des invités de près de 70 pays. La plupart ne sont pas francophones. Mais ici, les langues sont avant tout des outils, ce n’est pas cela le plus important.
"Nous avons participé à accentuer les relations entre le Maroc et l’Afrique de l’Est"
Comment s’assurer que les différents rendez-vous africains de ce type aient un impact réel ? Le forum a-t-il des retombées ?
De notre côté, nous avons identifié des résultats concrets. Par exemple, nous avons participé à accentuer les relations entre le Maroc et l’Afrique de l’Est. La venue du président rwandais, Paul Kagame, en 2015 était un événement bien concret. Dès 2009, nous nous sommes intéressés à la région sahélienne, qui était alors un angle mort des grands rendez-vous. Je crois que nous avons aussi valeur de symbole : nous sommes un événement non-gouvernemental, 100% marocain, 100% africain. Nous menons nos propres discussions, selon notre propre agenda.
Mais vous avez raison d’évoquer l’efficience des différents forums qui existent, c’est une question importante. Et nous nous la posons. Après dix ans d’existence, nous réfléchissons à des moyens d’augmenter l’efficacité des événements internationaux de ce type. Nous nous posons petit à petit la question d’une sorte de mutualisation des initiatives. Je pense que nous pouvons coordonner nos actions. C’est une piste de réflexion pour le futur.
Par Jules Crétois - Source de l'article Jeune Afrique
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