Renaud Muselier, Jean-Yves Le Drian et le Prince Albert II de Monaco ont ouvert l’Acte I de la Méditerranée du futur à Marseille (Photos Robert Poulain) |
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a organisé « Méditerranée du futur », un événement d’envergure internationale dont l’acte I avait pour thème « Un engagement commun pour les accords sur le climat » et a réuni à la Villa Méditerranée, autour de Renaud Muselier, Président de Paca Député européen, du Prince Albert II de Monaco et de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, ministres, responsables d’autorités locales, experts, chercheurs, représentants de la société civile et des organisations non-gouvernementales du pourtour méditerranéen.
Une journée au terme de laquelle Renaud Muselier déclarait : « Les bases de la coopération entre les différentes rives de la Méditerranée ont été posées et auront des répercussions positives dans un avenir proche. Aujourd’hui, j’ai espoir en l’héritage que nous allons laisser à nos enfants ». L’ambition affichée pour la Méditerranée est claire : avoir une Cop d’avance. Et de se réjouir du message du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres : « Les Nations-Unies et moi-même attachent une grande importance à cette conférence qui doit permettre à la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur de devenir le leader du développement durable et de coopération en Méditerranée »
"Faire de @regionpaca le leader du développement durable et de la coopération en Méditerranée". Je remercie @antonioguterres, Secrétaire-Général #ONU, de soutenir mon projet: Rassembler les personnalités de Méditerranée pour réfléchir ensemble à notre avenir #Mediterraneedufutur
« La Méditerranée du futur sera à la fois un carrefour, une transition et un passage »
Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, devait insister sur le rôle majeur que Marseille doit tenir comme « pôle méditerranéen », avant d’indiquer que le Président de la République, Emmanuel Macron voyait là une priorité sur laquelle il allait s’exprimer. Puis d’affirmer : « La Méditerranée du futur sera à la fois un carrefour, une transition et un passage ». « Un carrefour, insiste-t-il : la Méditerranée l’est depuis longtemps entre des cultures qui se sont nourries et enrichies mutuellement par un dialogue continu au fil de l’Histoire. Cette réalité fait de la Méditerranée un espace de civilisation où la France comme l’Europe ont puisé certains éléments majeurs de leur identité et de leurs valeurs. Il n’ignore pas les conflits dans la région : « Mais ils n’ont pas su rompre les affinités profondes qu’entretiennent l’Afrique du Nord, le Proche-Orient et l’Europe du Sud ». Son premier message se veut de confiance : « Ne nous laissons pas aller à voir la Méditerranée comme un espace éclaté, mais forts de notre histoire et confiants dans l’avenir voyons la comme une chance unique d’enrichissement mutuel et d’intérêts partagés. Cette réalité, cette unité historique et culturelle, ce partage de nos langues, nous devons l’enseigner collectivement aux jeunes générations pour lutter contre les divisions que voudraient exacerber certains ».
« Susciter des initiatives pour relancer cet espace »
Il rappelle l’importance de l’Union pour la Méditerranée (UpM) : « Il appartiendra à ses membres - et la France y prendra sa part - de dire ce qu’ils en attendent, de fixer pour l’avenir un horizon partagé, de susciter des initiatives pour relancer cet espace ». Il cite également le dialogue 5+5, le plus ancien cadre de rencontre entre pays du bassin méditerranéen. Ce cercle informel regroupe les pays de la Méditerranée occidentale (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye pour la rive Sud, Portugal, Espagne, France, l’Italie et Malte pour la rive Nord. « Dialogue qui a prouvé son utilité, qu’il s’agisse de tourisme, d’environnement, de culture, d’échanges sur les politiques étrangères, d’échanges de défense », indique Jean-Yves Le Drian qui préconise : « Nous pourrons, comme nous sommes ici dans un lieu-laboratoire, imaginer l’étendre à d’autres thèmes, comme il l’a été récemment aux finances. On pourrait, par exemple, ici à partir de Marseille, étendre le 5+5 aux grandes questions portuaires, à l’aménagement du territoire ». Avant d’ajouter : « Et l’Europe ne peut se projeter sans prendre en compte la dimension méditerranéenne de son avenir ».
« Il nous faut inventer une politique méditerranéenne de la jeunesse »
Il en vient à la Méditerranée, espace de transition. « Il nous faut inventer une politique méditerranéenne de la jeunesse, qui doit faire de l’éducation, de la formation professionnelle et de la coopération universitaire les chantiers prioritaires de son action. Faire en sorte qu’un réseau universitaire méditerranéen ambitieux puisse être lancé ». Parle économie : « Sachons libérer les énergies du secteur privé, en modernisant les cadres réglementaires, en améliorant le climat des affaires, en favorisant les partenariats publics privés et les co-investissements dans les deux sens ». Aborde la transition environnementale, « un facteur de crise, personne ne peut plus l’ignorer », qui conduit à « un accroissement des tensions par la désertification, la raréfaction de l’eau, par les exils qu’il provoque ». Et d’annoncer : « Toutes nos politiques publiques doivent désormais être repensées dans la perspective d’une économie bas carbone ».
« Les villes méditerranéennes, au Nord comme au Sud, se développent rapidement »
La transition est également urbaine. « Les villes méditerranéennes, au Nord comme au Sud, se développent rapidement. Cette réalité pose d’immenses défis, qu’il s’agisse de préservation du patrimoine, de politique de logements abordables, de gestion des côtes comme de l’usage des arrière-pays. L’UpM est à l’initiative dans ce domaine puisqu’elle vient de lancer des travaux sur un agenda urbain méditerranéen ». La transition, considère-t-il : « C’est aussi d’inventer les formes de coopération et de gouvernance adaptées aux défis de l’avenir, en passant d’une coopération essentiellement inter-gouvernementale à des relations entre tous les acteurs non gouvernementaux ».
La coopération du futur exige, pour le ministre, de faire preuve de créativité, évoque le Sommet climatique organisé le 12 décembre, à l’initiative du président de la République, conjointement avec les Nations unies et la Banque mondiale, « en vue de faciliter la mobilisation en faveur de solutions ambitieuses et concrètes de financement de la lutte contre le changement climatique, en associant acteurs publics et acteurs privés ». Il se prononce pour « un forum informel et régulier des acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux, réunissant tous les forces vives de la Méditerranée, pourrait traduire, régulièrement, ici à Marseille, cette réalité, pour créer cette Méditerranée du futur ». Il en vient à la Méditerranée lieu de passage. Selon lui : « La gestion commune des flux migratoires par les pays d’origine de transit et d’accueil est une nécessité, qui doit allier quatre missions concomitantes : le développement économique, la lutte contre l’immigration illégale, l’accueil des personnes en besoin de protection et la promotion de voies légales d’accès ». « Nous savons désormais, poursuit-il, à quel point les questions de sécurité et de développement sont intimement liées : il ne s’agit donc pas de traiter les unes avant les autres, mais bien de façon conjointe, selon une approche globale ». Et de conclure : « Il faut passer d’une Méditerranée de projets à un projet pour la Méditerranée ».
Le Prince Albert II de Monaco lance pour sa part « la COP 21 doit continuer à nous mobiliser », note que la Méditerranée, tout petit espace géographique : « 1% du globe, compte 8% des espèces animales et 18% des espèces végétales, 500 millions d’habitants et 300 millions de touristes », décrit le fort taux de chômage, plaide : « Il faut avoir un modèle de développement dans lequel la Méditerranée joue un rôle central car, à travers la mer, c’est nous même que nous devons sauver ».
« Je ne suis pas un idéologue et un Khmer vert »
Renaud Muselier d’insister : « Notre devoir est de faire de la Méditerranée un lac de paix là où elle est devenue le théâtre de trop de drames humains. Je ne peux pas accepter de voir que d’une rive à l’autre, certains se baignent dans l’eau où d’autres se noient ». Pour lui : « Le changement climatique conditionne la pérennité de toute vie, de toute la vie, de toutes les vies en Méditerranée. C’est un engagement commun qui nous rassemble là où tant de sujets pourraient nous diviser. » Assure et rassure immédiatement : « Je ne suis pas un partisan de l’écologie punitive. Je ne suis pas un idéologue et un Khmer vert. Mais quoiqu’il arrive, je sais que le monde est ouvert. Nous devons relever le défi climatique qui se présente à nous. Sinon nous ne règlerons pas le problème du développement en Afrique, des flux de migrants, maintenant climatiques, qui engagent une course pour leur survie. Nous pourrons dresser toutes les frontières, toutes les barricades, construire des murs toujours plus hauts, toujours plus robustes, rien n’arrête un homme, rempli de désespoir ».
« Avoir une COP d’avance »
Le Président de Paca déclare : « Je veux faire, avec tous nos partenaires, une Méditerranée du bien être en lui permettant d’avoir une COP d’avance ». Dans ce cadre Renaud Muselier dévoilera le 8 décembre prochain, le plan climat « pour un région propre, durable et innovante ». Ce plan, indique-t-il : « permettra de remplir les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés. Je pense notamment à la réduction de 25% des émissions de gaz à effets de serre de nos transports d’ici à la fin de mon mandat. Il nous permettra également de créer des emplois durables et non délocalisables autour d’une grande politique industrielle de croissance verte. Nous pourrons ainsi renforcer notre attractivité et attirer de nouveaux touristes. Nous offrirons grâce aux circuits courts que nous mettons en place une alimentation de qualité à nos enfants et assurerons des revenus plus confortables à nos paysans. Nous investirons massivement dans les énergies renouvelables en développant l’énergie solaire et l’éolien offshore ». « Pour agir efficacement, ajoute-t-il, nous devons aller vite. C’est la raison pour laquelle, dès l’année 2018, 20% de notre budget seront consacrés au développement durable, 30% à la fin de notre mandat ».
« Objectif : zéro plastique en Méditerranée à horizon 2030 »
Il précise également : « Nous travaillons à des actions concrètes avec nos partenaires. Avec le groupe Suez nous sommes en train d’élaborer un modèle économique de dépollution des fonds marins avec l’objectif d’avoir zéro plastique en Méditerranée à horizon 2030. Nous allons initier la mise en réseau des acteurs des villes durables engagés dans une démarche de rétablissement d’un écosystème équilibré notamment grâce à la Fabrique Méditerranéenne des Territoires coordonnée par l’Avitem. Nous sommes en train de travailler à la création d’un marché intégré Euro-méditerranéen de l’électricité en appui du développement à grande échelle des énergies renouvelables. Tout comme nous voulons accélérer la recherche et faciliter l’accès aux financements en Méditerranée pour permettre à chaque pays, à chaque région de se développer ». Et de conclure :« Financer des projets concrets, à l’initiative des territoires, c’est le seul moyen de remporter l’adhésion populaire et donc de réussir ».
Par Michel CAIRE - Source de l'article Destimed
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