Tous les pays d’Afrique du Nord sont en crise. Les pays qui ont réussi à éviter le « printemps arabe » s’en sortent mieux.
Instabilité, violence et agitation à l’est, conflits feutrés à l’ouest. L’Afrique du nord est nettement divisée. L’Egypte subit un bain de sang, et plonge dans l’inconnu, la Libye se déchire, et la Tunisie subit durement les conséquences d’un assassinat politique. A l’inverse, l’Algérie semble avoir amorti le choc de l’absence du président Abdelaziz Bouteflika, et le Maroc a lui aussi réussi à maitriser une crise gouvernementale.
Pour l’Egypte, le coup est rude en ce mois de juillet 2013, le plus meurtrier depuis des décennies. Le général Abdelfettah Sissi a demandé un mandat pour contrer le terrorisme, et a inauguré cette nouvelle séquence de la vie politique égyptienne de manière sanglante. Les partisans du président déchu Mohamed Morsi parlent de 120 morts, dans un affrontement d’une rare violence. Après les 51 morts du 8 juillet dernier, l’Egypte semble être entré dans un nouveau cycle qui ne semble pas près de s’arrêter. D’autant plus que le ministre égyptien de l’intérieur promet de faire évacuer, par la force si nécessaire, la place Rabiaa Adouya, principal lieu de rassemblement des frères musulmans.
En Libye, la débandade se poursuit. Après l’assassinat, à Benghazi, de Abdessalem al-Mesmari, un avocat et militant politique qui dénonçait l’anarchie ambiante dans le pays, plus de 1.000 prisonniers se sont évadés d’une prison de la même ville, berceau de la contestation contre l’ancien dirigeant Maammar Kadhafi. Il s’agirait en majorité de détenus de droit commun, selon le gouvernement, mais les spécialistes ne sont font guère d’illusion : le coup a été bien préparé, et porte clairement une signature de professionnels. Une mutinerie a été organisée à l’intérieur de la prison, alors qu’une attaque était menée de l’extérieur. Nombre de jihadistes y étaient détenus, ainsi que des hauts responsables de l’ancien régime. La Libye fournissait des armes au terrorisme dans la région et au Sahel. Elle risque désormais de fournir également des hommes.
Chocs amorties au Maroc et en Algérie
En Tunisie, l’assassinat d’un opposant, Mohamed Brahmi, a brusquement relancé la tension dans le pays, qui était sur le point de franchir un pas important vers un nouveau consensus sur la nouvelle constitution. Le gouvernement Ennahdha est sous pression, et le président Moncef Marzouki tente de maintenir le consensus en vigueur depuis deux ans. Mais une partie de l’opposition laïque tente de rééditer le coup de l’Egypte. Elle veut bloquer l’assemblée constituante, pour provoquer une crise et pousser Ennahdha à la faute, un peu à la manière dont mouvement « Tamaroud » a fait basculer l’Egypte.
Le Maroc et l’Algérie, qui ont résisté à la fièvre du printemps arabe, apparaissent curieusement comme des pays beaucoup plus calmes, même si un terrorisme de basse intensité continue de sévir en Algérie. Au Maroc, le gouvernement islamiste de Abdelilah Benkirane a volé en éclats, après le retrait de l’Istiqlal, mais cela ne devrait pas déstabiliser le fonctionnement du pays M. Benkirane devrait constituer sans peine un nouveau gouvernement, en bénéficiant de nouveau de la confiance du Roi Mohamed VI.
En Algérie, le retour du président Abdelaziz Bouteflika, qui a passé deux mois et demi entre soins et convalescence en France, a calmé la fièvre qui s’était emparée du pays après les révélations sur sa maladie. Affaibli, visiblement incapable de reprendre ses activités, le chef de l’Etat semble condamné à jouer un rôle de façade, en attendant que la décision sur son successeur soit prise. Mais à moins d’une nouvelle dégradation de l’état de santé de M. Bouteflika, toutes les échéances semblent repoussées à la rentrée, ou aux présidentielles d’avril 2014.
Source de l'article Maghrebemergent
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire