La percée de la finance islamique en région méditerranéenne

La finance islamique est devenue de plus en plus intégrée au système financier mondial, les gouvernements du sud de la Méditerranée recherchant, à travers elle, des alternatives aux produits financiers traditionnels permettant de lever des fonds, y compris pour financer des projets coûteux dans les infrastructures.

La finance islamique est ainsi passée d'une industrie relativement circonscrite à un secteur vaste englobant de nombreux marchés porteurs. À la fin de 2011, le marché de la finance islamique atteignait déjà en valeur près de 1,3 milliards de dollars, et le phénomène est désormais un thème récurrent des consultations engagées dans le cadre du Programme de soutien ISMED.

Les sukuk, pièces maîtresses de la finance islamique, sont souvent considérés comme l'équivalent des obligations. Mais contrairement aux obligations classiques à intérêts fixes (coupons), qui ne sont que des titres de créance sans droits de propriété sur l'émetteur ou sur ses actifs, les sukuk octroient une participation dans un actif sous-jacent, avec les flux de trésorerie et les risques inhérents. Les sukuk substituent au paiement périodique des intérêts fixes liés à une obligation un accord de répartition au prorata du profit en fonction des flux de trésorerie futurs d'un actif. Les flux de trésorerie peuvent aussi être structurés comme autant de loyers payés par l’émetteur aux investisseurs en contrepartie de l'utilisation de l'actif.

À ce titre, les sukuk entrent en conformité avec la loi islamique (principes de la Chari’a) qui interdit les paiements d'intérêts. Les sukuk se distinguent de la notion de partage des risques familière aux investisseurs en obligations traditionnelles et en actions. À bien des égards, les sukuk sont beaucoup plus proches d’un titre de propriété (action) que d’un titre de créance (obligation), les investisseurs étant exposés à la situation de l'émetteur ainsi que le serait un véritable actionnaire. Il existe toutefois différentes catégories de produits susceptibles d’être désignés comme des « sukuk », qui se situent le long d’une échelle de gradation comprenant plus ou moins d’aspects de créance et de participation. Dès lors, les instruments de mitigation de risques sont tout aussi pertinents dans le cas des sukuk que pour les produits financiers traditionnels, actions et obligations confondues.

Les Etats souverains et autres entités parapubliques sont les émetteurs principaux de sukuk
– la Malaisie, à elle seule, en représente 75% des émissions mondiales. Depuis peu, dans le sillage de la crise financière mondiale et des « Printemps arabes », d’autres économies de la région ouvrent de nouveaux marchés dédiés aux sukuk.
L'Arabie Saoudite et la Turquie ont été les pionniers au Moyen-Orient, tandis que la Jordanie a récemment adopté une nouvelle loi sur les sukuk. La Tunisie, le Maroc, la Libye et l'Egypte font également leurs premiers pas dans ce domaine.

Ainsi, pour la première fois en mai 2013, l'Egypte a adopté un nouveau régime législatif encadrant l'émission des sukuk. La loi permet aux sociétés anonymes et autres sociétés à responsabilité limitée, aux entités gouvernementales et parapubliques, et aux banques d'émettre des sukuk.
L’émission de sukuk peut prendre plusieurs formes, notamment : les sukuk d'investissement, les sukuk de type « murabaha » (cost plus), et les sukuk de type « ijara » (comparables à notre crédit-bail). D'autres catégories existent également, entre autres : selm, modraba, mousharaka.
Les sommes susceptibles d’être levées par l’émission de sukuk pourraient faciliter la gestion budgétaire, contribuer au financement des infrastructures, et encourager les investissements en provenance des pays du Golfe dans l’ensemble de la région.

Source de l’article OCDE

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