Maroc-Union européenne : Un nouveau protocole de pêche paraphé entre Rabat et Bruxelles


● Après des mois de négociations, un nouveau protocole de pêche d’une durée de quatre ans a été conclu à Rabat entre le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime et la commissaire européenne en charge des affaires maritimes et de la pêche.
● La contrepartie financière totale annuelle est estimée à 40 millions d’euros.
● Aziz Akhannouch estime qu’il s’agit d’un accord juste et équilibré prenant en compte bon nombre de considérations, dont la préservation de la ressource maritime.
● L’accord n’entrera en vigueur qu’après son approbation par le Parlement européen et l’Institution législative marocaine.

Après six rounds de négociations, un nouveau protocole de pêche liant le Maroc et l’Union européenne a été paraphé, hier à Rabat, par le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, et la commissaire européenne en charge des affaires maritimes et de la pêche, Maria Damanaki. Portant sur une durée de quatre ans, l’accord prévoit six catégories de pêche avec une réduction des possibilités de pêches par rapport à l’ancien protocole, en autorisant 126 navires européens à opérer dans les côtes marocaines (de Tanger à Lagouira) contre 137 auparavant. La contrepartie financière totale annuelle estimée du protocole se chiffre à 40 millions d’euros, dont 14 millions dédiés à la poursuite de la mise en œuvre du plan Halieutis en vue du renforcement économique du secteur de la pêche nationale tout en assurant une gestion durable et responsable des ressources halieutiques. C’est ce qu’a tenu à assurer Aziz Akhannouch lors d’un point de presse tenu hier à Rabat. «Nous considérons qu’il s’agit d’un accord équilibré et juste pour les deux parties. Il prend en compte toutes les considérations en termes de durabilité et de préservation de la ressource maritime», a-t-il relevé à plusieurs reprises.
Les deux parties se sont basées, lors des négociations, notamment sur les avis des scientifiques relatifs à l’état des stocks halieutiques, leur évolution lors des dernières années ainsi que sur l’évaluation du niveau d’utilisation des possibilités de pêche du précédent protocole. Outre l’aspect environnemental et financier, le protocole a pris en compte l’augmentation du nombre des marins marocains embarqués à bord par navire de 8 à 16. C’était l’une des requêtes majeures des marins marocains qui étaient certes présents sur les navires de pêche européens opérant dans les eaux nationales. Mais les syndicats demandaient une présence accrue des professionnels marocains sur ces bateaux. Sur le plan du contrôle, des mesures sont prévues pour faire le suivi des activités des navires, à travers notamment la programmation de missions de contrôle conjointes, l’embarquement des observateurs à bord et le renforcement du contrôle par satellite.
Le protocole semble être bénéfique pour les deux parties. Il restera, pour le moment, en suspens. Il ne pourra entrer en vigueur qu’après son approbation par le Parlement européen et l’Institution législative marocaine. Ainsi, rien n’est encore sûr. Le rejet par les députés européens le 14 décembre 2011 – pour des raisons politiciennes – de la prolongation de l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Maroc en avait étonné plus d’un, sachant que l’accord avait été avalisé par la Commission en juillet de la même année. Le doute plane donc toujours sur l’issue du nouveau protocole, bien que la commissaire européenne se dise optimiste et qu’elle s’engage à le défendre auprès du Parlement européen.
L’optimisme de la responsable européenne est partagé par le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime qui appelle les parlementaires à se mobiliser en faveur de ce protocole. «L’intérêt est d’accélérer le processus d’adoption de cet accord par les deux parties», a conclu M. Akhannouch. Rappelons que les négociations pour la conclusion d’un nouvel accord ont été entamées en novembre 2012. Les six réunions tenues entre les deux parties ont permis de débattre des problèmes d’ordre technique qui ont été visiblement résolus (nature des bateaux à autoriser à opérer dans les eaux marocaines, types de poissons à capturer, zones concernées par l’accord…).

Bon rapport coûts-avantages

Le nouveau protocole de partenariat dans le domaine de la pêche entre le Maroc et l’Union européenne assurera la pérennité du secteur au niveau local et présente un bon rapport coûts-avantages, a affirmé la commissaire européenne en charge des affaires maritimes et de la pêche Maria Damanaki. «Il s’agit d’un moment important pour la pêche européenne et pour la pêche marocaine», a affirmé la commissaire européenne dans un communiqué, notant que le nouveau protocole est conforme aux principes de la réforme de la politique commune de la pêche de l’Union européenne, car il garantit une gouvernance internationale des pêches responsables.
Selon la commission européenne, le nouveau protocole est cohérent avec la réforme de la dimension extérieure de la politique commune de la pêche de l’Union, dans la mesure où il met largement l’accent sur les avis scientifiques, la rentabilité économique, la bonne gouvernance et le respect du droit international. Il garantit également la durabilité dans la mesure où il limite l’activité de pêche aux ressources excédentaires pour toutes les pêcheries.
Par ailleurs, la Confédération espagnole de la pêche (Cepesca) s’est félicitée de ce nouveau protocole de partenariat entre le Maroc et l’Union européenne. Il s’agit d’un accord «satisfaisant» pour toutes les parties qui permettra à la flotte espagnole de reprendre ses activités au Maroc, bloquées depuis décembre 2011, souligne le secrétaire général de la Cepesca, Javier Garat, dans un communiqué. À cette occasion, Garat a appelé la Commission européenne (CE) et le Parlement européen (PE) à agir «le plus tôt possible pour finaliser les démarches de ce protocole et garantir ainsi le retour d’une centaine de bateaux de pêche espagnols au Maroc».

Repères

  • Plusieurs États membres de l’UE, dont l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Irlande et le Royaume-Uni sont concernés par ce protocole de partenariat dans le domaine de la pêche avec le Maroc.
  • le protocole comprend 6 catégories de pêche exploitées à la fois par les segments de la flotte industrielle et de la flotte artisanale.
Source de l'article le Matin du Maroc

Aucun commentaire: