Le secteur des Technologies de l’information et des
communications (TIC) peut jouer un rôle important pour promouvoir l’intégration
régionale et mondiale du Maghreb. C’est le constat que fait la Banque africaine
de développement (BAD) dans son rapport 2013 sur l’Afrique du Nord.
Pour le groupe de la BAD, les TIC est l’un des axes «
prioritaires » autour duquel les décideurs politiques de l’Afrique du Nord
devraient adopter un plan d'action concret pour relancer et renforcer la coopération
et l'intégration régionale. Dans ce secteur, la BAD recommande la réduction du
coût des infrastructures TIC. Se basant sur une étude de la Banque mondiale,
les rédacteurs du rapport estiment qu’il y a une corrélation positive entre le
taux d’échanges par rapport au PIB et la densité des lignes téléphoniques fixes
et mobiles. En outre, l’infrastructure à haut débit et les services connexes
contribuent directement à la productivité nationale, la compétitivité, la création
d’emploi et la diversité économique. « Disposer de services TIC (réseau et
applications) de haute qualité et à faible coût réduit les coûts des
transactions et permet une localisation plus flexible des entreprises. La
transmission des données et la messagerie vocale ont rendu les services de
livraison plus rapides et ont réduit d’autant les déplacements non-nécessaires »,
ajoutent-ils. Le rapport note aussi que les TIC contribuent à la compétitivité du
secteur des services et apportent également des retombées positives aux
industries qui utilisent peu de technologie. Reprenant par ailleurs les
conclusions d’une étude réalisée par le cabinet Wilson, Luo, et Broadman, la
BAD affirme que l’amélioration de l’infrastructure des TIC a un plus grand
impact marginal sur les bénéfices commerciaux que d’autres mesures de
facilitation des échanges (efficacité portuaire, douanes et politique de réglementation).
Le Maghreb en retard
Le Maghreb est en retard par rapport à ses
concurrents régionaux en termes d’infrastructures de télécommunications, selon
la BAD, notant que les pays du Maghreb se caractérisent par une densité faible
de la téléphonie fixe et une densité élevée de la téléphonie mobile, ainsi que
des coûts d’appels élevés. « Le Maghreb est comparable à l’Asie de l’Est dans l’utilisation
d’Internet et des services multimédia, mais il est à la traîne par rapport aux
autres régions en matière de coûts et de qualité », fait observer le rapport. Notons
que dans le monde Arabe, les pays qui ont eu des politiques de libéralisation
plus agressives, comme le Maroc, l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et l’Irak,
ont perçus de plus grandes entrées d’IDE en provenance de l’intérieur et de l’extérieur
de la région. En revanche, les entrées de capitaux ont été plutôt limitées dans
les pays où il n’y avait pas eu de libéralisation ou une libéralisation plutôt
timide. « Malgré le succès de la libéralisation des marchés de téléphonie
mobile à travers le monde Arabe, les marchés du fixe et du haut débit sont restés
fermés (ou presque fermés) à la concurrence. Là où la concurrence de l’infrastructure
a été autorisée, les restrictions quant au nombre de licences et les conditions
réglementaires ou de facto ont engendré peu ou pas de concurrence. Il en a résulté
un échange d’informations interrégional sur Internet plutôt réduit »,
expliquent les rédacteurs du rapport de la BAD.
La Mauritanie un exemple d’intégration régionale
Le document constate aussi qu’une grande partie des échanges
d’informations sur Internet au Moyen Orient est orientée vers l’Europe (88%). Et
bien que la connectivité interrégionale ait augmenté, en 2011 elle ne représentait
que 3% de la capacité totale d’Internet au Moyen Orient. Les pays du Maghreb
ont pris, dans ce sens, certaines mesures pour réformer le secteur des télécommunications.
Selon la BAD, les initiatives en cours comprennent la séparation des fonctions
réglementaires et opérationnelles, la création d’organismes de réglementation
indépendants, la privatisation des opérateurs locaux et l’ouverture progressive
du réseau de la téléphonie fixe à la concurrence, l’ouverture des appels d’offre
à des licences concurrentes de GSM, et la libéralisation complète des services à
valeur ajoutée. Il faut dire que malgré ces mesures pour le développement du
secteur des TIC, son intégration régionale demeure entravée par l’absence de
concurrence sur certains segments du marché des télécommunications. Pour l’heure,
le seul exemple de l’intégration régionale du Maghreb dans le secteur des TIC
reste la Mauritanie qui, selon la BAD, « a montré un intérêt marqué à l’ouverture
de son réseau aux opérateurs régionaux puisque les trois quarts de son secteur
de télécommunications sont entretenus par Maroc Telecom et des opérateurs
Tunisiens ».
Par Yazid Ferhat - Source de l’article Maghrebemergent
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