«Les Européens achètent moins pour contraindre le gouvernement à modifier la règle 49/51»


Le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes a annoncé hier un recul de plus de 5% des exportations algériennes pour le premier semestre 2013 dont 7% concerneraient le secteur des hydrocarbures qui représente à lui seul 96,09% du volume global des exportations. 

Contacté par nos soins, Abdelmalek Serraï, expert et consultant international en économie, nous a expliqué que «ce recul était dû à différents paramètres endogènes et exogènes». Ainsi, il a indiqué que sur le plan interne, la production algérienne n'a pas atteint son niveau habituel pour des raisons essentiellement logistiques. 

«L'arrêt de certaines usines pour la maintenance a été programmé depuis longtemps, ce qui explique en partie la baisse de la production», a-t-il dit, soulignant toutefois que certaines ruptures de renouvellement de contrat à long terme émanant des Européens en général et des Anglais et des Français en particulier ont eu une incidence très néfaste sur les exportations d'hydrocarbures. 

«J'estime qu’en optant pour une telle stratégie, d'acheter moins, les Européens essayent de faire pression sur le gouvernement afin qu'il modifie la règle 49/51 en leur faveur alors qu'il ne doit pas y avoir débat sur cette question de souveraineté nationale», s'est-il alarmé. 

Pour contrecarrer ces pressions, il préconise «la diversification des partenaires, le redéploiement de la stratégie d'exportation», et ce, en négociant des parts de marché en direction de l'Asie dont la Chine, l'Inde, voir l'Amérique latine, deux continents dont la consommation d’hydrocarbure ne cesse de croître. 

Aussi, il n'exclut pas que la crise financière mondiale et la crise industrielle qui secoue actuellement l'Europe ait des répercussions sur les exportations d’hydrocarbures. «Bien que le baril de brut ait atteint les 108 dollars, on ne peut écarter les conséquences des crises financières et industrielles en Europe. Il n'y a qu'à observer la crise que traverse le secteur automobile. En effet, les industries ont tendance à observer une baisse de leur consommation en hydrocarbure, la demande étant moins forte, elles importent moins. 

La baisse de consommation du simple citoyen est aussi à prendre en compte car avec l'érosion de son pouvoir d'achat, il a tendance à consommer moins d'essence ou à user de stratégie lui permettant de faire des économies. Tout ceci ne concourt pas à faire croître nos exportations», a-t-il expliqué. 

Maîtriser les technologies pour faire baisser les pressions extérieures 
Il a ajouté que le contexte géopolitique est aussi à prendre en compte car au sein de l'Opep, l'Algérie, petit pays exportateur de pétrole, «subit les manœuvres des Saoudiens» en termes de prix et de placement de produits. «L'Arabie saoudite a toujours gonflé ses exportations, se pliant au diktat américain. 

Notre poids est moindre et malheureusement, nous endurons ses agissements. Même si notre relais diplomatique nous permet de discuter avec tous, nous devons au plus vite renégocier nos parts de marché sous peine de nous faire concurrencer de plus belle», a-t-il averti. Il a regretté par ailleurs que les pressions financières européennes se traduisent également sur le plan des investissements. 

«Les Européens font pression sur le gouvernement afin qu'il accentue ses investissements sans contrepartie. Les Européens ne s'associent pas, ce qui concourt à un déséquilibre important car l'Algérie investit plus dans l'intérêt de ses partenaires, contrairement à ces derniers qui n'appliquent pas la réciprocité. Je dénonce ce manque d'implication de nos partenaires en termes d'IDE (investissement direct étranger). Ils souhaitent accaparer le maximum de notre gaz sans faire les investissements requis, sans participer aux risques. 

Actuellement, j'estime que pour être au maximum de nos possibilités, nous devons améliorer notre système d'exportation afin de faire baisser nos coûts de production, tout en ayant une maîtrise des nouvelles techniques de transport mais pour le moment, nous n'avons pas accès à cette nouvelle technologie. Dès lors que nous posséderons ces savoir-faire, nous pourrons exporter loin et ainsi faire baisser les pressions extérieures», a-t-il recommandé.

Source de l'article Le Temps d'Algérie

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