Cinq ans après
le sommet fondateur de l'Union pour la Méditerranée, l'échec politique de
l'organisation est patent. Mais l'UPM a généré une meilleure gouvernance et
fait naître de nombreux projets concrets.
Voici cinq ans exactement, Paris portait l'Union pour la Méditerranée (UPM) sur les fonts baptismaux, lors d'un sommet fondateur, le 13 juillet 2008. Dans l'euphorie de la grande pompe déployée à l'Élysée et au Grand Palais, les candides de tout bord s'étaient laissés aller à rêver : grâce à la magie du volontarisme politique du président Sarkozy, la nouvelle institution allait régler des conflits irrésolus depuis des décennies. Hélas, les enthousiasmes furent vite refroidis quelques mois plus tard, dès le 27 décembre 2008, lorsque Israël lança contre la bande de Gaza l'opération militaire « Plomb durci ». Elle dura trois semaines et l'un de ses dégâts collatéraux fut... la mort prématurée de l'UPM politique.
Si l'on considère cependant les projets engagés depuis 2008 et l'avancée de la gouvernance du partenariat dont l'UPM jetait les bases, l'appréciation est tout autre. Outre les très grands projets, évalués en milliards d'euros (lire page 5), on n'en compte pas moins d'une centaine « en millions », actuellement en gestation au secrétariat général de l'UPM, à Barcelone. Deux des plus importants sont l'autoroute transmaghrébine (670 millions), livrable en 2015, et l'usine de dessalement de Gaza (310 millions, pour 2017).
Une coprésidence nord-sud
À côté de ces investissements d'infrastructure, plusieurs opérations visent le bénéfice de la société civile. C'est le cas de l'appui à l'Association des organisations de femmes d'affaires méditerranéennes, dont l'objectif est de favoriser l'émergence de l'entrepreneuriat féminin, ainsi que de Med4Jobs, initiative directe du secrétariat général pour faciliter l'accès au marché du travail. Ou encore, lancée par le Maroc, la création de l'université Euromed de Fès, qui accueillera dès 2015 des étudiants de toute la région...
Côté gouvernance, la situation et les esprits ont bien avancé. Face aux critiques des Psem (pays du Sud et de l'Est méditerranéen) -qui dénonçaient depuis des années la posture néocoloniale du Processus de Barcelone (1995), le Nord pensant pour le Sud et essayant de lui imposer ses vues -, il fut décidé que l'UPM serait partenariale (chaque pays peut proposer un projet) et paritaire. Symbole même de cette volonté : l'instauration d'une coprésidence Nord-Sud, assurée aujourd'hui par la Jordanie et la Commission européenne. En outre, l'UPM a adopté un fonctionnement par projets et à géométrie variable : la participation relève du seul volontariat, mais aucun pays ne peut être exclu d'un projet auquel il souhaiterait participer.
Côté gouvernance, la situation et les esprits ont bien avancé. Face aux critiques des Psem (pays du Sud et de l'Est méditerranéen) -qui dénonçaient depuis des années la posture néocoloniale du Processus de Barcelone (1995), le Nord pensant pour le Sud et essayant de lui imposer ses vues -, il fut décidé que l'UPM serait partenariale (chaque pays peut proposer un projet) et paritaire. Symbole même de cette volonté : l'instauration d'une coprésidence Nord-Sud, assurée aujourd'hui par la Jordanie et la Commission européenne. En outre, l'UPM a adopté un fonctionnement par projets et à géométrie variable : la participation relève du seul volontariat, mais aucun pays ne peut être exclu d'un projet auquel il souhaiterait participer.
D'autres « plus » institutionnels essentiels ont été mis en place, comme l'ouverture des projets à la participation du secteur privé, les coopérations décentralisées et la reconnaissance du rôle de l'Assemblée parlementaire euroméditerranéenne (Apem) comme « l'expression parlementaire légitime » de l'UPM.
Désormais, ces principes de fonctionnement sont suffisamment opérationnels pour faire avancer des projets concrets, estime Fathallah Sijilmassi, ancien ambassadeur du Maroc en France et, depuis février 2012, secrétaire général de l'UPM, installé à Barcelone : « Nous sommes interpellés par la nécessité de résultats sur le terrain. Ainsi, au lieu d'attendre la situation idéale, nous avons choisi d'investir le champ du possible. Et ça marche ! » déclare-t-il à La Tribune.
Par Alfred Mignot - Source de l'article La Tribune
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