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Algérie, Maroc, Tunisie, Espagne, Portugal, Italie, les techniciens, spécialistes du liège venus de tout le bassin méditerranéen ont profité des journées techniques pour échanger leurs connaissances sur la filière.Photo doc. Michel Luccioni |
C'est au centre de vacances le Reverdi, entre Le Plan-de-la-Tour et Grimaud, que sont réunis pour la deuxième édition, toutes les parties prenantes à la « régénération du liège », qu'elle soit physique ou économique.
Jadis, cette écorce de bois bien spécifique faisait travailler des milliers de personnes tout autour de la Méditerranée, que ce soit en France, en Espagne, en Italie et en Afrique du nord.
Mais depuis une cinquantaine d'années, l'activité a décliné et se trouve aujourd'hui quasiment moribonde.
Réinvestir les collines
Son abandon, qui contribuait aussi à l'entretien des forêts a en partie laissé place aux incendies qui ravagent régulièrement les collines.
Conscients qu'il faut réinvestir les bois, les entretenir et recréer une économie tout à la fois écologique et rentable, élus et techniciens convaincus par cette croisade ont décidé notamment de tenter de ressusciter l'économie du liège.
Un long travail qui commence au premier chef par rendre à ce bois si léger qu'il flotte une qualité qu'il a perdue.
C'est ainsi qu'organisé par l'association régionale Forêt modèle Provence, l'association « Suberaie varoise », et l'Institut méditerranéen du liège, les secondes journées techniques du liège ont débuté hier au Plan-de-la-Tour.
Les interventions s'enchaînent pour présenter diverses techniques de régénération du bois. Des techniciens venus de tout le pourtour de la Méditerranée (France, Portugal, Maroc, Espagne, Tunisie, Italie, Algérie), présentent ainsi leurs expériences à leurs alter ego.
Plusieurs associations
Hier matin, à l'ouverture des travaux, le maire du Plan-de-la-Tour, Florence Lanliard a accueilli les participants en présentant un historique du village, lequel comprend évidemment une histoire du liège et du bouchon, malheureusement aujourd'hui disparus.
Las, plusieurs associations et groupements institutionnels relèvent la tête depuis plusieurs années, que ce soit sur le plan régional, départemental ou local. Elle a de ce fait présenté l'association d'elle préside « Maures bois énergie », qui regroupe plusieurs communes du golfe autour de la production de bois combustible et qui œuvre avec la nouvelle communauté de communes.
Claude Audibert, président de l'association « Suberaie varoise » a de même fait l'historique du groupe, né après les grands incendies de 1989 et 1990, pour aider les propriétaires à restaurer leurs forêts dévastées par le feu.
Charles Laugier, conseiller régional, délégué à la forêt et Georges Franco, secrétaire général de l'association « Forêt modèle » ont de même expliqué leur démarche.
Les différentes méthodes, françaises et étrangères de régénération du liège ont ensuite été détaillées.
Aujourd'hui, ce sont des perspectives plus économiques de développement des filières qui seront abordées, avant la visite d'un chantier d'exploitation et de broyage.
De nombreux techniciens locaux étaient présents dans la salle, ainsi que le maire de La Môle, Gabriel Ciarimboli, très concerné par cette démarche.
La filière varoise
Le Var comporte 58000 hectares de forêts de chêne-liège. Elle est ainsi la première région « subéricole » de France devant la Corse, les Pyrénées-Orientales et quelques zones dans les Landes.
Le chêne-liège ne se développe pas partout. Dans le département, il se concentre dans les Maures, l’Estérel, la Colle du Rouet, le Tanneron et quelques poches autour de Toulon. Suite à une succession de facteurs sociologiques et climatiques, les suberaies varoises sont aujourd’hui vieillissantes, embroussaillées avec des levées de liège abandonnées depuis plus de 30 ans.
D’après les spécialistes, elles ont besoin de travaux de régénération (débroussaillement, élagage, semis....) La sylviculture serait également essentielle et propice à une bonne qualité de liège. Il faut enfin remettre en production des arbres par des levées régulières dans certains secteurs.
Régénérer la filière
Actuellement le liège est de mauvaise qualité. Le manque de leveurs et de transformeurs de la matière implique que les débouchés sont limités (liège broyé pour l’isolation, fabrication de plats traditionnels, ou de ruches, matériel de pêche, planches pour la culture des orchidées).
L’objectif est donc de reconstituer et professionnaliser la filière en responsabilisant les propriétaires (75 % de la forêt est privée), de former de nouveaux leveurs, de proposer des débouchés attractifs et de certifier chaque étape par une démarche qualité