Méditerranée - Industries culturelles : une stratégie commune à inventer

Le séminaire "Réseautage & Compétences" d'Anima a exploré "les stratégies pour développer les industries culturelles et créatives entre Europe et Méditerranée". Une coopération renforcée aidera le sud à mieux exploiter l'effervescence de ses potentiels dans le domaine.

Les talents créatifs du sud ont besoin de soutien pour mieux s'exprimer et croître. (Photo JC Barla)























Cinéma, TV, Radio, Design, Publicité, Mode, Jeux vidéo, Arts plastiques, Arts du Spectacle, Architecture, Musique... "Ces industries du savoir peuvent être un formidable moteur de croissance", assure Noureddine Zekri, président d'Anima Investment Network, réseau de soixante-cinq agences économiques des vingt-deux pays du bassin méditerranéen, organisateur du séminaire dédié aux industries culturelles, le 6 novembre à Marseille lors de la 7e Semaine économique de la Méditerranée. Elles représenteraient 3,5 à 4,5% du PIB européen et 7% du PIB mondial. 

Si l'Europe investit déjà massivement dans les différentes filières, le mouvement émerge depuis peu au sud de la Méditerranée. Les révolutions arabes ont libéré dans la jeunesse l'envie de s'exprimer, de créer, d'innover, d'entreprendre de partager des projets avec le reste du monde. Fort des réseaux dont il dispose, le partenaire européen s'impose comme un interlocuteur privilégié. 

Volonté de partage
L'agence économique des Bouches-du-Rhône, Provence Promotion, compte ainsi sur de telles coopérations pour positionner Marseille comme un "hub des industries culturelles sur le pourtour méditerranéen". 

"Nous avons besoin de professionnels créatifs" annonce pour sa part Bettina Leidl, de Departure, l'agence créative de Vienne (Autriche), en insistant sur l'intérêt de rapprocher les artistes, les designers, des sociétés traditionnelles pour concevoir ensemble des services ou des produits. L'Institut Catalan des Entreprises Culturelles est prêt, lui, à partager son expertise dans l'accompagnement des start-ups vers l'accès au marché, au public, "car le monde bancaire reste peu ouvert à l'octroi de crédits aux sociétés culturelles" note Nuria Bulta. 

Quant à la région allemande du Bade-Wurtemberg, elle évalue à 115 970 personnes le poids des industries créatives, soit près de deux fois plus que le secteur de la chimie-pharmacie. "Mais ces branches cherchent un nouveau modèle économique" admet Ulrich Winchenbach, de MFG, l'agence en charge du secteur. 

Changer les mentalités
Le British Council (BC) finance sur la zone Mena des programmes de soutien à des créatifs affichant de réelles capacités de "leadership" qu'il associe ensuite à des "Innovation Labs", tenus à Beyrouth, au Caire, à Dubaï et Marseille. "Nous voulons désormais instaurer des alliances stratégiques autour de plates-formes impliquant start-up et investisseurs" confie Laetitia Manach du BC.

Une invitation qu'entendra certainement Salim Tannous, directeur du "Beyrouth Creative Cluster". Il a réussi, en un an, à réunir quarante membres, à renforcer leur expertise et à promouvoir leurs savoir-faire dans des événements, des salons à l'étranger. Samer Yamani de "Creative Dialogue Association" n'y est pas insensible non plus pour pallier les carences qu'il recense en matière d'information, d'organisation, de réglementation, et accélérer l'évolution des mentalités dès la cellule familiale : "Nos sociétés ont du mal à considérer que développer des talents créatifs, c'est mener une carrière honorable" affirme-t-il. Charles-Henri Gros de l'Institut Français de Jordanie, suite à une étude d'opinion réalisée dans le pays, l'a également constaté. Mais il faut, selon lui, favoriser, au vu des potentiels, la mise en relation des artistes avec les grands opérateurs occidentaux (galeries, festivals...) pour qu'ils puissent ensuite gagner leur légitimité chez eux. Même des multinationales sont prêtes à apporter leur appui face aux enjeux : "180 millions de visiteurs viendront d'ici 2030 développer les PIB du bassin méditerranéen. Culture et économie sont étroitement liées" affirme José Munoz de Suez Environnement.

Par Jean-Christophe Barla - Source de l'article Econostruminfo

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