Dialogue Euromed : Après le Printemps arabe, la société civile devenue incontournable

Après le mouvement de révolte dans plusieurs pays arabes qui avait pris au dépourvu les pays de l'Union Européenne, cette dernière tente d'être plus à l'écoute des populations du pourtour méditerranéen. 

Mais cette fois, l'UE souhaite associer les sociétés civiles de ces pays pour ne pas reproduire les erreurs du passé. 



Les 11 et 12 novembre 2013, l'Union européenne et l'Union pour la Méditerranée (UPM) ont organisé le Sommet Euromed avec les Conseils économiques et sociaux (et assimilés) (CES) des pays du pourtour méditerranéen. L'objectif est de jeter les bases d'un dialogue entre les institutions européennes, notamment le Conseil économique et sociale européen ainsi que l'UPM et les sociétés civiles des pays du sud représentées par les CES mais aussi par certaines organisations syndicales, patronales, et autres ONG.

L'Union européenne semble avoir compris que la relation institutionnelle classique avec les Etats ne suffisait pas. La société civile, beaucoup plus en phase avec les besoins des populations, devient un acteur incontournable dans la relation nord-sud post-Printemps arabe. Peter Gebert, attaché politique du Service européen pour l’action extérieure, déclarera à ce titre que l'UE « donne plus d'importance a la société civile et l'intégration régionale, surtout depuis le Printemps arabe qui a été un grand chamboulement ». L'UE souhaite donc désormais promouvoir la place de la société civile dans la gouvernance locale des pays du sud. Une attention particulière a donc été donnée aux CES et assemblées des différentes composantes de la société civile. 

L'UPM en première ligne

L'UPM semble occuper une place de premier rang dans cette nouvelle dialectique. Ainsi Fathallah Sijilmassi, Secrétaire général de l'UPM a ouvert le sommet avec enthousiasme : « C'est une opportunité extraordinaire d'avoir toutes les composantes des sociétés des pays méditerranéens représentées par les CES et assimilés ». Il a ensuite ajouté qu'on entre dans « une nouvelle phase pour les synergies et complémentarités ». Une phrase qui sonne comme l'annonce d'une nouvelle stratégie pour l'UPM qui après les blocages du mandat 2008-2012, tente de se relancer avec la vision projet et aujourd'hui avec une meilleure coordination avec les sociétés civiles. Ce nouveau virage de l'UPM s'appuie sur trois piliers : action inclusive, coordination et synergie, et intégration régionale.

Mais ces déclarations volontaristes devront être vérifiées sur le terrain et de nombreux points restent à améliorer. Fathallah Sijilmassi en est conscient et souligne qu'il y a « beaucoup d'institutions dans le processus Euromed, mais il faut coordonner tout ça en gardant en tête le bien être des populations ». Ziad Abdel Samad, president Euromed NGO Platform, sera encore plus directe en pointant du doigt « l'absence de feuille de route et de vision globale pour le développement de la Méditerranée par l'UE ». 

Les critiques de la société civile

Kacem Afaya, secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) évoquera la « timidité du partenariat UE / pays du sud de la Méditerranée » et surtout « l'absence de dialogue sur la mobilité avec la société civile ». En effet, l'UE souhaite négocier des accords de mobilité avec les pays du sud, sans avoir pris le soin d'impliquer la société civile, très critique sur le volet réadmission des migrants irréguliers de ces accords. Sur le même sujet, M. Alaoui, représentant le syndicat marocain UGTM et membre du Conseil économique et social et environnemental marocain, évoquera la mobilité des étudiants. « Nous sommes en train de construire une nouvelle discrimination basée sur la situation financière des familles » argumentera-t-il, tout en regrettant que les restrictions de l’UE en matière de mobilité estudiantine pousse à la « reproduction des même élites ». 

Peter Gebert entend les critiques des responsables associatifs ou syndicaux. Il souhaite pour sa part « plus de consultation de la société civile » mais nuance en rappelant que « ce n'est pas facile. Il faut créer des espaces pour que cette consultation puisse opérer dans un cadre indépendant ». Il ajoutera que « nous avons besoin d'une patience stratégique. Plusieurs mois, plusieurs années seront nécessaire pour atteindre ces objectifs ».
Par Mohamed Ezzouak - Source de l'article Yabiladi

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