Medays: Mezouar présente sa feuille de route

C’est une nouvelle vision de la diplomatie que Salaheddine Mezouar, le nouveau ministre des Affaires étrangères, a présentée lors de la cérémonie de clôture de la 6e édition des Medays, organisée par l’Institut Amadeus. 

Pour l’ex-ministre des Finances, la transition est vite faite. «L’économique prend un rôle important dans la diplomatie. Plus on est capable de construire autour d’intérêts économiques partagés, plus les relations sont solides», explique Mezouar à son auditoire composé d’officiels, de ministres et d’hommes d’affaires venus des cinq continents. 
«En arrivant à la tête du ministère, mon message était clair. Il y a naturellement une continuité sur les choix en matière de relations internationales du Maroc, ses fondements, ses principes, mais également l’ambition d’enrichir cette démarche déjà très riche par la dimension de la diplomatie économique», continue Mezouar.
Cette diplomatie se traduira par divers aspects. Parmi les plus importants, figure en première position le renforcement des liens avec différents espaces géographiques. Le Maroc a signé divers partenariats dont ceux avec l’Union européenne et les Etats-Unis, mais il se doit d’intégrer d’autres, insiste le chef de la diplomatie marocaine.
C’est le cas du Mercosur (Amérique latine), du Canada, mais aussi de l’Afrique. «Nous pensons faire aboutir l’accord avec l’Uemoa (l’Union économique et monétaire ouest-africaine) et avec le centre de l’Afrique», un continent stratégique, selon Mezouar, et sur lequel il faut continuer à travailler. Le Maroc est actuellement le deuxième investisseur sur le continent noir avec plus de deux milliards de dollars sur les cinq dernières années dans des secteurs proches de la population: banque, telecoms, logement social, etc. 
Mais il y a aussi la Chine qui est un acteur fondamental et avec lequel il faut construire des partenariats économiques ambitieux. «Connaissant le rôle que joue ce pays sur le continent africain et la rapidité avec laquelle il est en train de se renforcer, c’est un acteur que l’on ne peut plus ignorer aujourd’hui», avertit Mezouar. 
Mais les questions sécuritaires ne manquent pas. Au Sahel, il est urgent de sécuriser les frontières. «Le Maroc avait déjà alerté des risques d’instabilité de cette région, il y a quelques années, la communauté internationale s’est finalement rendu compte du sérieux de cette question», note le ministre. Les Etats de cette zone sont incapables de sécuriser leurs frontières à cause de leur étendue. 
Tout le monde s’est rendu compte qu’il fallait agir face à la prolifération des groupes armés et des trafics en tout genre. Actuellement, un engagement a été pris pour la sécurisation des frontières avec un échange d’informations et de la formation des militaires dans une affaire qui constitue une chance pour le Maroc et sa diplomatie de reprendre les devants dans cette zone.
Sans citer directement l’Algérie, pays avec lequel les relation du Royaume ne sont pas au beau fixe, Mezouar s’est montré intéressé par la situation dans l’autre voisin maghrébin, la Tunisie. Comparée à d’autres pays de la région, cette dernière «a la possibilité de s’en sortir».
Concernant la Syrie, le ministre des Affaires étrangères marocain dit avoir beaucoup d’espoir dans le deuxième round de négociations entre les différentes parties qui devra démarrer à Genève. Le fait de se mettre à table et d’entamer des négociations est un début, précise celui qui porte aussi la casquette d’un des principaux acteurs de la politique nationale, le RNI. «C’est une voie que j’ai testée moi-même, je viens de rentrer dans un gouvernement que j’ai combattu», déclare Mezouar dans un clin d’œil à la difficile gestation de l’actuel gouvernement de Benkirane II.

Immigration: Le Maroc solidaire
Le Maroc n’est plus un pays de transit, c’est devenu un pays d’immigration, précise Mezouar. La mesure qui a été décidée de régulariser entre 25 et 30.000 immigrants sur le territoire national porte deux messages fondamentaux: solidarité et humanité. Le Maroc doit s’organiser pour intégrer le flux d’immigrants tout en continuant à assumer sa responsabilité par rapport à l’immigration clandestine.
L’opération de régularisation va se faire durant l’année 2014. «Nous avons mis en place les meilleurs standards et pratiques», souligne Mezouar, qui assure qu’il n’y aura pas de dispositions qui puissent inquiéter. Par exemple, les candidats à la régularisation ne s’adresseront pas à un commissariat. Des structures dédiées seront mises à contribution pour assurer cette tâche. La mesure devra concerner toutes les nationalités: Africains essentiellement, mais aussi Irakiens, Syriens, et même des Européens. Le Maroc disposera de l’appui de spécialistes en la matière. En effet, l’Espagne mais aussi la France se sont proposées pour nous accompagner dans cette démarche que «nous voulons réussir», assure le ministre.

Par Ali ABJIOU - Source de l'article l’Économiste


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