L’innovation, socle d’un nouveau contrat social en Méditerranée

Les 9e Rendez-vous économiques de la Méditerranée ont clôturé la semaine économique à Marseille. Autour du thème « Pour une Méditerranée de la créativité et de l’innovation : une ambition pour la jeunesse », les tables rondes ont défendu les vertus de l’innovation, stimulée par l’établissement de la démocratie et la progression des libertés pour la jeunesse.

La seconde table ronde de la journée dressait un état des lieux des politiques
de l'innovation engagées en Méditerranée. (photo: C. Garcia)
La culture de l’innovation, indissociable de l’avenir économique et sociétal méditerranéen : c’est en substance le message délivré par les intervenants des 9e Rendez-vous de la Méditerranée, organisés à Marseille, samedi 12 novembre 2013, par le Cercle des économistes et l’Institut de la Méditerranée, dans le cadre de la semaine économique. « Il faut recréer une dynamique affective autour de l’innovation et engager des investissements de fonds dans l’éducation », a posé Jean-Eric Aubert, l’auteur du rapport « Transformer les économies arabes : la voie de la connaissance et de l’innovation », publié en mai 2013 par le Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI) avec la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture (ISESCO). 

Jean-Éric Aubert propose de travailler autour de quatre secteurs d’activité : l’économie traditionnelle (agroalimentaire, textile, chimie), la croissance verte, les industries créatives et l’économie sociale et solidaire. Mais l’expert international ne voit point de salut « en dehors d’un espace euroméditerranéen intégré. » 

Place aux jeunes
Les tables rondes organisées tout au long de cette journée de clôture de la Semaine économique de la Méditerranée renouaient avec les discours d’avant 2011 : déjà alors, les intervenants préconisaient de laisser plus de place aux jeunes, en leur proposant des formations de qualité, des emplois stimulants dans des secteurs prometteurs et de meilleures conditions d’épanouissement aussi bien en ce qui concerne leur créativité professionnelle que leur cadre de vie. Des révolutions plus tard, les observateurs demeurent toujours unanimes sur ces bases du développement des États méditerranéens. Et comptent sur la démocratie pour appuyer ces changements. « La réponse aux défis de l’innovation réside dans la démocratie et la modernité, soutient Habib El-Malki, ancien ministre de l’Éducation du Maroc (2002-2007), député et président du centre marocain de conjoncture. Il est urgent de repenser ce qui a sous-tendu nos modèles de développement : l’appropriation de ce qui a été créé par l’autre. Aujourd’hui, notre capacité d’impliquer les jeunes demeure encore très faible. » 

Pour Hamid Temmar, ancien ministre algérien de l’Industrie (1999-2012), il faut flécher les investissements directs étrangers vers l’innovation et la transformation des processus industriels. « La Corée du Sud et la Chine n’ont pu procéder au renversement de leur économie qu’en s’appuyant sur les IDE, affirme Hamid Temmar. Nos Universités n’ont pas suffisamment de moyens et nos entreprises, de taille modeste, n’ont pas vraiment de potentiel innovant… » 

Jean-Louis Reiffers, président des conseils scientifiques de l’Institut de la Méditerranée et du Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise) souhaite donner un sens plus profond à l’innovation : « Il faut proposer une vision à la jeunesse, un nouveau contrat social, en abandonnant celui de l’accumulation du capital pour aller vers l’innovation et la productivité ». Un nouvel état d’esprit qu’il préconise de déployer dès la petite école, en modifiant radicalement les modes d’apprentissage et d’évaluation : « il faut réconcilier humanisme et entreprise ». 

Un statut d’auto-entrepreneur en Méditerranée
« Et pourquoi pas un statut d’autoentrepreneur en Méditerranée ? », suggère Philippe de Fontaine-Vive, le vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI). Une piste, par exemple, pour proposer « aux 70 000 jeunes diplômés chaque année en Tunisie autre chose que des emplois dans des centres d’appels », comme le regrette Mourad Ezzine, le responsable de l’éducation au sein du département du développement humain pour la région MENA de la Banque mondiale, également manager du CMI. La qualité de l’éducation proposée aux jeunes doit être identique au nord et au sud de la Méditerranée. Or, nous en sommes très loin aujourd’hui. Il faut modifier la gouvernance pour améliorer cette situation et aller vers une société de l’innovation.» 

Autant de recommandations que synthétise la déclaration finale de ces 9e Rendez-vous économiques de la Méditerranée qui « souligne en tout premier lieu l’affirmation que les seules possibilités de sortir de la crise pour les deux rives de la Méditerranée reposent sur la mise en œuvre d’une nouvelle croissance fondée sur la créativité et sur l’innovation. Celles-là mêmes qui furent à l’origine de tout développement scientifique et technique vont permettre à cette région du monde de retrouver un rôle central dans l’évolution pour les nouvelles décennies.» 
Par Caroline Garcia - Source de l'article Econostruminfo

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