Le plaidoyer méditerranéen des paysagistes

Les 7es Assises européennes du paysage ont rassemblé, les 6 et 7 avril à Nice, près de 350 professionnels autour du thème « Le paysage peut-il sauver la ville ? ». 

Les paysagistes répondent oui. Mais la construction de ce rêve partagé repose sur leur présence constante, de l’amont à l’aval des projets.

© Marie-Evelyne Colonna - Jean-Marc Bouillon (debout), président de la fédération française
du paysage, accueille les assises, le 6 avril à Nice
La Méditerranée fonctionne comme une loupe grossissante des problèmes qui se posent à la planète, selon les professionnels réunis début avril à Nice pour les septièmes assises européenne du paysage. Deux tables rondes ont approfondi l’analyse : « Le paysage constitutif d’une culture et d’une identité ? » et « Environnement et climat sous le prisme du paysage ». En toile de fond, les professionnels invités par Jean-Marc Bouillon, président de la fédération française du paysage, et Benoît Ganem, président de l’interprofession du végétal Val’hor, s’accordent sur la nécessité d’agir pour éviter une crise écologique doublée d’une crise sociale.

Perte de culture

« Les savoirs se multiplient mais on ne regarde plus » : ce constat dressé par Véronique Mure, ethnobotaniste, résume le sentiment d’une perte de culture qui a traversé la première table ronde. Le constat s’applique aux domaines des plantes comme aux cultures urbaine ou rurale. D’où la nécessité de retrouver des liens avec le site, de s’intéresser à son histoire, à sa géographie, à sa population. À travers l’évocation d’exemples réussis de participation – à Tunis et Barcelone – est apparue la double nécessité d’une part d’intégrer la volonté de la société de se saisir des problèmes de territoires, et d’autre part de réinventer des modèles de gouvernance associant la population, les professions de l’aménagement et les élus. Et Michel Audouy, rapporteur, de conclure : »Il faut tourner la page de la modernité dans ce qu’elle a eu de destructeur, en se gardant d’un régionalisme de façade dénué de sens « .

Rêve partagé

La seconde table ronde approfondit encore cette piste, notamment au travers du témoignage de Miguel Georgieff (Coloco), évoquant son travail d’élaboration du Plan de paysage des calanques – qu’il avait présenté le matin même à Marseille. « Il a fallu constituer une vision commune de l’évolution de ces paysages en fonction d’une multiplicité d’acteurs aux intérêts différents et représentant 2 millions d’habitants. » Pour établir le diagnostic préalable, il avait « déplacé les gens sur le terrain pour moins d’idéologie ». Rapporteur de cette table ronde, Michel Pena rappela la nécessité d’une vision partagée et donc enrichie : » Si le paysagiste veut être acteur et pas décorateur, il faut qu’il se situe en amont et en aval. Il va alors amasser une somme de contraintes, d’informations, de complexités inenvisageables au départ, et qui seront les éléments qui feront prendre la mayonnaise de son projet. L’écologie est l’un de ces éléments. Avec la politique, la gouvernance, la charge foncière, etc. Et, pour que ça marche, il faut avoir une vision partagée, un désir de paysage. Le paysage est un art populaire. Et c’est ce rêve partagé qui permet au processus de se mettre en place. Et seulement après, on choisit des plantes merveilleuses. »

Source de l'article Le Moniteur

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