Séminaire à Hambourg : Cycle 2017 des hautes études urbaines et territoriales en Méditerranée


Suite aux deux riches séminaires à Aix-Marseille-Provence et dans le Grand Tunis, les auditeurs du cycle 2017 des hautes études urbaines et territoriales en Méditerranée s’immergent dans la région métropolitaine de Hambourg du 3 au 8 décembre. 

Pour commencer la semaine, Meinolf Spiekermann, directeur du programme GIZ Comun, nous décrit le principe de subsidiarité entre le Bund, les Länder, les arrondissements et les communes : « la décentralisation se décrète, la culture de la décentralisation se construit, une culture administrative et surtout, de négociation. »

Accueillis à l’Hôtel de ville de Hambourg, les auditeurs ont pu lundi 4 décembre aborder la Région Métropolitaine de Hambourg à partir de quatre perspectives : historique, géographique, stratégique et institutionnelle. Uwe Ram, directeur du département « coopération internationale » auprès de la Chancellerie du Sénat de Hambourg a donné un aperçu du développement de ce territoire dans le temps long, dominé par la puissance de la ville hanséatique de Hambourg qui s’est construite historiquement dans des réseaux de coopération économique et culturelle.

De manière contemporaine, les autorités de la ville de Hambourg présentent la puissance de la ville comme une synthèse entre une économie puissante (nombreux clusters internationaux, moins de 6% de chômage), des relations internationales, une promotion de la culture, des investissements dans la recherche scientifique et jusqu’à une politique sociale intégrée. Les processus de métropolisation ont conduit 1000 communes à organiser une coopération dans une nouvelle organisation : la Région Métropolitaine de Hambourg. L’idée est de définir ses intérêts communs, y compris financiers, avec une équité dans la négociation, une commune, un maire, une voix. L’adhésion est volontaire. Les principales missions de la Région Métropolitaine sont de créer le débat entre les acteurs de l’institutionnel et de la société civile (entreprises et syndicats) et d’accompagner les projets, notamment par l’expertise, la mise en visibilité et le marketing commun.

Carte d’identité de la région métropolitaine :
  • à la croisée de cinq Länder (depuis 2017)
  • 5,3 millions d’habitants
  • superficie de moins de 30 000 km²
  • 3.5% du PIB de l’Allemagne (50ème sur les 180 pays dans le monde)
  • 5,6% chômage
  • Part de la population issue de l’immigration : 32,7%
  • Une métropole portuaire : 3ème grand port d’Europe après Rotterdam et Anvers
  • 400 000 navetteurs par jour

Après avoir eu le privilège de visiter l’Hôtel de ville, véritable bijou architectural et historique, Michael Pollman, conseiller d’état pour l’environnement, a témoigné des objectifs de la cité-Etat de Hambourg pour répondre aux enjeux de croissance économique. Le Land de Hambourg choisit un développement orienté vers la lutte contre les changements climatiques et le développement durable. Quelques perspectives majeures sont posées : des déplacements moins polluants, des limites à l’urbanisation et la transition énergétique, connectée à une qualité de service aux habitants qui passe par une remunicipalisation des entreprises et des réseaux. Cet engagement se traduit dans la volonté de créer et de travailler à la grande échelle dans la Région Métropolitaine.

Denis Louche, responsable de la formation à l’AVITEM, souligna la culture très ancienne de la coopération à Hambourg par la Hanse, y compris au niveau international entre la Hanse et la Méditerranée : une coopération économique, mais aussi culturelle, née de la proximité entre la peinture italienne et d’Europe du Nord. 

Dans l’après-midi, Dr. Rolf-Barnim Foth, directeur du département en charge de la coopération en Allemagne du nord, du marketing et du tourisme, à l’Agence de l’économie, des transports et de l’innovation et Jakob Richter, directeur général de la Région métropolitaine, ont décrit la genèse et le fonctionnement de la Région Métropolitaine de Hambourg. Guidés par un besoin de coopérer afin d’être plus compétitifs et d’avoir plus de visibilité dans une économie mondialisée, M. Foth énonce « on grandit virtuellement dans la coopération ». Afin de mieux gérer les dynamiques internes, cette coopération s’opère dans une démarche de volontariat et de confiance, et s’engage dans des projets aux périmètres à géométrie variable. Doté d’un budget de 3 millions d’euros, elle se traduit par des projets, qui maillent et qui structurent le territoire, qui créent des systèmes d’action multi-acteurs – 35 projets les deux dernières années : politique de clusters, marketing commun, développement du tourisme, mobilité électrique… Comme le souligne M. Richter, « la coopération se construit dans la confiance qu’apportent les réussites des projets ». Une puissance de projets qui permet à la Région Métropolitaine de Hambourg de proposer des alliances méta-régionales avec des partenaires de l’Euro-zone. 

Guido Sempell, de l’Agence d’urbanisme et d’environnement, a partagé de ses visions de la planification et de l’aménagement du territoire de cette région. Il a rappelé les différents niveaux de gouvernance sur la question de l’aménagement du territoire, ses différents cadres de coordination entre les Etats fédérés, les Länder, la république fédérale le Bund, et les communes. Grâce à des outils non-formels et formels, cette coopération s’articule autour de projets, dans des partenariats public-privé.

Enfin, pour clore cette riche journée en beauté, les auditeurs ont été accueillis par le Consul Général de France, Monsieur Laurent Toulouse, à Hambourg à l’Institut Français. Il a montré tout l’intérêt qu’il porte cette coopération franco-allemande en Méditerranée et a partagé son goût pour cette ville de Hambourg, qui dispose d’un éventail de possibilités et de potentiels économiques, urbains, politiques.

Journée à la découverte de deux grands projets, moteurs et laboratoires de développement urbains

Les auditeurs du cycle de Hautes Etudes Urbaines et Territoriales continuent leur visite de Hambourg. Le mardi 5 décembre a été consacré aux projets structurants et au développement stratégique de la région métropolitaine.

Karen Pein, directrice de l’IBA Hamburg SARL, a partagé son expérience très inspirante de l’IBA « exposition internationale urbanistique », articulée à un projet paysager, qui en quelques années, relève le défi de la transformation. L’IBA est un processus participatif stratégique de mutation urbaine, initié par la cité-Etat de Hambourg, d’une durée de 7 ans à partir d’une grande attention à l’existant et aux capacités d’initiatives des acteurs et des populations. Elle construit une pyramide magique entre un lieu, un sujet, un procédé et des projets. Le lieu et le sujet de Wilhemsburg sont complexes. Un territoire portuaire, en désindustrialisation, traversé par des grandes infrastructures et à grand risque d’innovation qui doit retrouver sa dynamique économique. Un territoire pauvre, accueillant plus de 100 origines différentes qui doit conserver cette capacité d’intégration et de mixité sociale. In fine, un territoire majeur de la région de Hambourg, marqueté « Spring über die Elbe » (« Saut au-dessus de l’Elbe ») pour signifier l’ambition du lien avec le centre-ville de Hambourg. Avec un budget de 90 millions d’euros, et un volume d’investissements total de 1 milliard d’euros, l’IBA a mené pas moins de 70 projets, grâce à une forte capacité de négociation et de coordination avec les investisseurs.

Deux grands types de projets sont déployés. Certains ambitionnent un caractère international, démonstrateurs d’une innovation, à l’instar des projets en architecture et construction pour une transition énergétique : la « colline énergétique » située sur une ancienne décharge, le « bunker énergétique » produisant de l’énergie pour 3000 foyers, des « maisons intelligentes » aux matériaux innovants et passives en énergie. D’autres relèvent d’une approche de grande proximité, à l’écoute des habitants, comme la réhabilitation des logements sociaux, la création de jardin, la gestion des espaces verts, les équipements éducatifs. On découvre un territoire au potentiel révélé et où les loyers sont les moins chers de Hambourg. 

Face à son succès, la démarche a été reconduite sous forme de société privée SARL, à capitaux 100% publics, afin de développer d’autres projets urbains à Hambourg. La dynamique est créée : 400 à 500 investisseurs suivent désormais le projet de Wilhemsburg. Cette journée fut marquée par des temps forts, par des visites de terrain : après Wilhemsburg découvert à travers Johannes Robert, urbaniste à IBA SARL et habitant du quartier, les auditeurs ont fait une traversée sur l’Elbe, à la découverte de la puissance du port (10% du territoire hambourgeois) et du nouveau quartier Hafen City, grand projet structurant.


Hafen City est une opération urbaine de grande envergure, située sur une friche industrielle, aux ambitions internationales. Elle est gérée par une Hafen City Hamburg SARL, à capitaux 100% communaux, dont la gouvernance s’organise entre un conseil d’administration politique, des espaces consultatifs et un comité de coordination culturelle. Cette opération augmente la superficie du centre-ville de 40% sur 157 hectares, prévoit 70000 logements et 47000 emplois, intègre différentes fonctions (quartier d’affaires, pôle universitaire, sièges d’entreprises et d’organisations non gouvernementales, tourisme de croisière, quartier résidentiel). L’adaptation au changement climatique et la résilience sont au cœur du projet à travers des innovations transférables, nous rappelle Philipp Preuner, assistant de direction à la HafenCity Hamburg SARL. Un système d’adaptation aux crues est mis en place via une organisation des rues, d’escaliers, de portes, d’élévation des rez-de-chaussée, qui permet non plus d’empêcher cette montée des eaux, mais de l’accepter et de l’intégrer au plan d’urbanisme. A partir d’un master plan, un plan d’affectation des quartiers est défini avec appel à investisseurs. Le prix ne constituant que 30% des critères de choix au profit des critères de durabilité et de qualité urbaine.

Pour tout projet d’architecture, un jury est constitué associant un réseau d’acteurs assez large, dont les représentants des habitants. Le budget est équilibré sauf pour les grands équipements. L’architecture y est pensée pour faire écho au patrimoine existant, des lignes de perspective vers les quartiers sont visibles de chaque place. Enfin, attirant tous les regards, la Philharmonie sur l’Elbe est désormais le nouveau visage de la skyline de Hambourg et c’est par la visite de sa terrasse que s’est clôturée cette journée de travail.

Source de l'article AVITEM

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