Les travaux de la 15e conférence des
ministres de l’Intérieur des pays de la Méditerranée occidentale (5+5) ont
débuté hier mardi à Alger, avec à l'ordre du jour des questions liées à la
lutte contre le terrorisme, le crime organisé transnational, la cybercriminalité,
qui prend des proportions de plus en plus préoccupantes, la circulation des
personnes et la migration clandestine, la coopération dans les domaines de la
protection civile et des collectivités locales.
Dans
une allocution d’ouverture des travaux,
le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia a d’abord
indiqué que le ministre de l’Intérieur français, M. Manuel Valls, n’a pas pu
prendre part à la conférence en raison de motifs impérieux qui l’ont retenu à
Paris, mais qu’il souscrit à la déclaration d’Alger. Ce ministre a été
représenté par M. André Parant, ambassadeur de France à Alger.
M.
Daho Ould Kablia a indiqué que cette 15e
conférence se tient dans des circonstances qui imposent de relever des défis
majeurs et multiples, en particulier sur
le plan sécuritaire, la lutte contre le
terrorisme dont les sources
doivent être taries, le refus de payer une rançon aux groupes terroristes, qui, au travers des
coups qui leur sont portés grâce aux mesures prises sur le plan international,
se sont rabattus sur le rapt des personnes, exigeant le versement de rançons
pour leur libération.
Il
a affirmé que l’Algérie refuse le
paiement de tributs financiers et se mobilise par des démarches sur le
plan politique, juridique afin d’entraîner dans son sillage la communauté internationale. A ce titre,
Daho Ould Kablia a déclaré que l’Algérie a déposé dans ce sens, une résolution
auprès du Conseil de sécurité de l’ONU à l’effet de criminaliser la pratique du versement de
la rançon. Il a considéré que la lutte contre l’extrémisme et le fanatisme, se
doit d’être menée à travers une
affirmation de l’Etat de droit, de la démocratie en tant que panacée.
La
criminalité transfrontières organisée et
le terrorisme ont tissé des liens rapprochés,
auxquels doivent riposter les pays de la région avec vigilance, que ce soit
à titre bilatéral ou à l’échelle de l’espace sous-régional.
Le
ministre de l’Intérieur et des
Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, a plaidé pour une coordination des efforts et la mise en place
d’opportunités de coopération adéquates
pour combattre le terrorisme, dont la
dangerosité qui pèse sur la paix et la
stabilité des pays, n’a jamais échappé à l’Algérie. C’est pour cela qu’elle
renouvelle son appel pour une
convergence des efforts afin de l’éliminer.
Il
a plaidé également pour un effort interne massif et conséquent pour la
réduction des réseaux activistes, la
sécurisation des frontières. Cela «devra empêcher le passage des groupes
criminels et la circulation des armes et
munitions qui ont pris, ces derniers temps, des
proportions inquiétantes».
Le ministre a mis l’accent, par la même occasion, sur le phénomène de
la cybercriminalité qui représente, désormais, une réelle menace,
car elle déborde les limites géographiques. «Les instruments juridiques
traditionnels ne sont plus aptes à la juguler. Face à ce nouveau danger,
l'Algérie a dû renforcer son cadre juridique par la promulgation de lois visant
la prévention et la lutte contre les infractions liées aux TIC.»
Droit des personnes à circuler et souci
de sécuriser les territoires
Evoquant la circulation des personnes entre
les deux rives de la Méditerranée, Daho Ould Kablia a préconisé un juste
équilibre entre la responsabilité des
Etats de la région en matière de respect des
principes du droit des personnes
à circuler librement et le souci de
sécuriser les territoires et les sociétés. L’Algérie, est convaincue de la prise en charge de la
question de l’émigration clandestine et le renforcement des droits fondamentaux des migrants légaux dont l’intégration est un
facteur de stabilité, de coexistence des cultures et civilisations, dans un monde plongé dans la mondialisation.
A ce titre, il prône la simplification des formalités et des procédures de
délivrance de visas. Cette démarche
constitue un facteur judicieux dans la
lutte contre l’immigration illégale.
Les travaux de cette 15e conférence se sont
poursuivis à huis clos. Une déclaration
finale a été rendue publique dans laquelle, il est affirmé la satisfaction des
ministres de l’Intérieur participants, quant à la qualité de son cadre de dialogue et d’échange qui demeure un
modèle de coopération visant la consolidation de la solidarité et de la
complémentarité entre les pays membres. Les ministres ont convenu, entre autres
résolutions finales, de persévérer dans la lutte contre le terrorisme, de renforcer davantage l’échange d’informations,
de renseignements, de sécuriser les frontières, de consolider la coopération
dans le domaine de la lutte contre le financement et le soutien
logistique aux organisations terroristes,
de s’interdire, autant que possible et en ce qui concerne les compétences
des ministres de l’Intérieur, le paiement des rançons aux groupes terroristes,
lors des prises d’otages.
«L’extrémisme repose sur des
interprétations de prédicateurs fanatiques»
Lors
de la conférence de presse, M. Ould Kablia a déclaré que cette 15e conférence
revêt une grande importance et que toutes les questions de coopération
politique, économique et humaine, ne peuvent connaître un essor qu’à la
condition de voir tous les obstacles soient écartés.
Concernant
la lutte contre le fanatisme et l’extrémisme, Ould Kablia a déclaré qu’ils sont
un ferment qui domine une idéologie de caractère islamiste. Le terrorisme
trouve son origine dans des interprétations de certaines fatwas développées par
des prédicateurs fanatiques. Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités
locales algérien s’est inscrit en faux contre une prétendue insuffisance
de telles conférences à agir avec
efficacité, soutenant au contraire que ces conférences depuis leur émergence
ont permis de prendre des dizaines de résolutions, d’arrangements bilatéraux et
d’assistance entre les pays, les résultats sont obtenus grâce à cette
coopération. S’exprimant au sujet de l’attaque terroriste contre le site gazier
de Tiguentourine, il a indiqué que la réponse de l’Algérie a été faite dans le
but de dissuader toute tentative future et similaire, de faire comprendre que
tout compromis avec les terroristes est exclu. Les groupes terroristes, en cas
d’attaque, n’auront d’autre choix que de se rendre ou de périr. Par ailleurs,
concernant le conflit qui prévaut
actuellement dans la région du Sahel, et qui a occasionné des déplacements de
populations, M. Ould Kablia a déclaré que 30.000 refugiés se trouvent sur nos frontières. «Des
réfugiés qui posent un problème temporaire. Dès lors que la stabilité reviendra
dans leurs territoires d’origine, ils retourneront chez eux», dira-t-il.
Pour
sa part, le ministre marocain de l’Intérieur n’a pas nié que les relations
algéro-marocaines font face à des difficultés, mais il a indiqué qu’il existe
une réelle volonté de renforcer ces relations bilatérales dans la mesure où
elles sont nécessaires et incontournables.
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Ould Kablia : “La
Déclaration d'Alger comprend des éléments concrets et éminemment positifs”
La Déclaration d'Alger, approuvée hier par la 15e
conférence des ministres de l'Intérieur des pays de la Méditerranée
occidentale (CIMO, 5+5), comprend des
éléments «concrets et éminemment positifs», a indiqué le ministre de l'Intérieur et des
Collectivités locales, Daho Ould Kablia. La Déclaration d'Alger, approuvée par
l'ensemble des ministres, contient des
éléments concrets éminemment positifs et je me réjouis de pouvoir
féliciter mes collègues», a indiqué Ould
Kablia, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec les ministres
des pays participants au CIMO ou leurs représentants. Il a ainsi appelé à
accorder «toute l'importance» à la réunion d'Alger, la 15e du genre, dans la mesure où «toutes
les stratégies de coopération sur les
plans politique, économique ou humain ne peuvent connaître l'essor et la finalité attendus que si les obstacles et les
périls qui touchent à la sécurité et à
la stabilité de nos pays sont écartés», a-t-il expliqué. Le ministre a indiqué
que les contacts directs permettent d'évaluer
ces «périls» et aident à trouver des solutions appropriées sous l'éclairage des résolutions prises dans le cadre du CIMO.
«A ce titre, le bilan global de ces réunions nous permet de dire que pratiquement tous les pays membres ont établi
entre eux des arrangements, des accords
et des conventions dans un cadre bilatéral», a-t-il dit. Le ministre de
l'Intérieur a ajouté que ces accords et conventions seront «corrigés» et «régulièrement confortés» dans
le domaine de l'établissement, de la
circulation des personnes, de l'assistance judiciaire, des échanges d'information opérationnelle par les services
de police et de sécurité sur les auteurs d'activités subversives ou auteurs
d'infractions et délits liés au trafic en tous genres.
Mme Cancellieri plaide en faveur de nouveaux rapports entre les pays des deux
rives
La ministre italienne de l’Intérieur, Anna Maria
Cancellieri, a plaidé hier mardi à Alger pour de nouveaux rapports entre les
pays des rives nord et sud de la Méditerranée, fondés sur le partage des
valeurs culturelles, sociales et économiques.
«Ces nouveaux rapports devront également être fondés sur le
respect des identités nationales et des
différences ethniques et religieuses», a indiqué Mme Cancellieri, lors de la
15e conférence des ministres de l’Intérieur des pays de la Méditerranée
occidentale (CIMO). Les pays de la CIMO doivent «travailler à construire un
espace commun euro-méditerranéen, à
travers la relance des politiques et stratégies de l’Union européenne en faveur des pays de la rive sud
de la Méditerranée», a-t-elle dit. «Cet objectif pourra être atteint à travers
la CIMO, qui a toutes les
caractéristiques pour devenir un extraordinaire facteur de relance des
politiques et stratégies européennes pour les pays du Sud», a-t-elle ajouté.
Elle a, ainsi, considéré la CIMO comme «le pont idéal, à travers lequel, nous pouvons construire un dialogue entre les
pays des deux rives de la Méditerranée».
L’Italie est le pays organisateur de la 14e CIMO. Le groupe des 5+5 est composé des cinq pays
de la rive sud de la Méditerranée
(Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie, Libye) et ceux de la rive nord
(France, Italie, Malte, Espagne, Portugal).
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