Miser sur la jeunesse tunisienne : une approche juste et de bon sens


Les points marquants
  • Devant la persistance d’un taux de chômage élevé, en particulier dans les zones rurales, l’emploi demeure l’une des principales préoccupations des Tunisiens.
  • La possibilité d’entrer dans le monde du travail et d’y acquérir des compétences et une expérience précieuses peut améliorer considérablement les perspectives d’emploi des jeunes.
  • Dans le cadre d’un projet mené par la Banque mondiale, 3 000 jeunes chômeurs issus des zones rurales tunisiennes bénéficient d’une formation et d’un emploi à court terme afin de les préparer au marché du travail
« Je veux travailler, je suis prête à apprendre et à travailler dur pour vivre correctement. Il faut qu’on trouve un emploi, peu importe lequel, c’est urgent. » Tels sont les mots de Monia Ghodbane, une jeune femme de 22 ans originaire du village de Bouabdallah, dans la région de Siliana, située au nord-ouest de la Tunisie.
Monia vit au sein d’une famille de huit personnes. Comme tant d’autres jeunes Tunisiens qui ont quitté l’école avant la fin du secondaire, elle cherche un travail pour s’extirper de la pauvreté.
La frustration économique et le chômage de masse ont joué un rôle moteur dans les soulèvements populaires qui ont ouvert la voie aux réformes dans les pays arabes. Selon les chiffres avancés par l’Institut national de statistiques, le taux de chômage en Tunisie a atteint 16,7 % au dernier trimestre 2012. Par ailleurs, le chômage touche davantage les femmes, avec un taux de 28,2 % contre 15,4 % chez les hommes, et ces chiffres sont encore plus élevés en zone rurale.
Pour les jeunes chômeurs, la première étape, essentielle, est de réussir à mettre un pied dans le monde du travail pour y acquérir une expérience, qui leur ouvrira d’autres perspectives. Toute démarche susceptible de les aider à franchir cet obstacle peut avoir des retombées considérables : permettre aux jeunes ruraux issus des régions défavorisées de la Tunisie d’acquérir des compétences tout en percevant un revenu peut améliorer considérablement leur chance de décrocher un futur emploi et, à terme, réduire la pauvreté. Deux objectifs que poursuit ce programme pilote mené par la Banque mondiale.
Validé en 2011, un don d'urgence destiné à soutenir les jeunes Tunisiens commence à porter ces fruits. Les premiers résultats indiquent qu’il pourrait être reconduit ailleurs dans le pays, en particulier dans les régions qui accusent un retard économique et affichent des taux de chômage record chez les jeunes.
Le programme, entièrement financé par le Fonds japonais pour le développement social, entend favoriser l’accès des jeunes au marché du travail en apportant un soutien financier et des emplois à court terme. Il concerne près de 3 000 jeunes âgés de 18  à 34 ans, au chômage et ne poursuivant pas d’études.
Il a pour ambition de les impliquer dans des sous-projets de développement et des prestations de service rémunérés et de leur faire bénéficier d’opportunités de formation, d’apprentissage et de travail indépendant dans les communautés rurales des gouvernorats de Kasserine et de Siliana. Le projet doit se dérouler sur une période de 3 ans à compter de 2012. Il a reçu le soutien de l’Observatoire national de la jeunesse, placé sous la tutelle du ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports.
Le projet comporte trois volets : i) renforcer le rôle de la société civile au moyen de subventions ; ii) offrir une formation et des stages à quelque 600 jeunes dans le but d’améliorer leurs compétences et de faciliter leur intégration sur le marché du travail ; et iii) former à la gestion environ 400 jeunes entrepreneurs ou ayant des idées de projets. Ce programme de formation couvre les domaines suivants : gestion financière, ressources humaines, suivi et évaluation de projets. Les stagiaires qui se seront distingués seront éligibles à une bourse de 1 000 dollars qui les aidera à pérenniser leur activité ou à en lancer une nouvelle.
Depuis février, dix sous-projets confiés à des organisations non gouvernementales (ONG) locales qui se consacrent à la jeunesse ont mobilisé 451 jeunes gens. Le plus important, c'est l’accent mis sur la participation directe des jeunes dans l’accomplissement des activités. Cette approche fournit une base saine pour le déploiement du projet à grande échelle, afin de toucher, à terme, un nombre beaucoup plus important de jeunes Tunisiens.
Monia, ainsi que 40 autres jeunes femmes, apprend à tisser des margoum (un tapis traditionnel en Tunisie) et à trouver des débouchés afin de vendre le produit final. Ces jeunes femmes travaillent sous l’égide de la Fondation tunisienne pour le développement communautaire (FTDC, une ONG de développement local) à laquelle le projet apporte son soutien.
Même si les aléas de la situation politique en Tunisie suscitent des inquiétudes, la question de l'emploi demeure la préoccupation principale du pays, si l’on en croit de récents sondages. L’apprentissage de compétences ciblées qui peuvent aboutir à une embauche incite à l’optimisme.
« Je suis pleine d’espoir pour l’avenir, s’enthousiasme Rajaa Ben Othman, âgée de 26 ans. Ce projet est une chance pour nous et je sais qu'il appellera d’autres bonnes choses. »
Le chômage demeure le principal défi d’une Tunisie en pleine transition politique. Les jeunes des zones rurales ou défavorisées ont été les plus durement touchés et leur soif de réforme est grande. L’avenir de leur pays passe par le changement. Miser sur la jeunesse tunisienne, ce n'est pas simplement une approche juste, c'est également une approche de bon sens.
Source de l'article la Banque Mondiale

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