Le Salon international de l’agriculture se déroule à Meknès du
24 au 28 avril. L’agriculture et l’agroalimentaire représentent déjà 19 % du
PIB. Ce chiffre pourrait doubler à l’horizon 2 020.
« Allez mon ami. Trois melons pour deux euros. » Une
affaire ! Et c’est vrai qu’ils sont bons. Gorgés de sucre et de soleil, en
provenance directe de Tiznit. Un avant-goût de printemps pour oublier le crachin
breton qui enveloppe, début avril, la place des Lices de Rennes.
Après avoir lancé son plan Maroc vert il y a quatre ans, ce pays
d’Afrique du Nord veut récolter les fruits d’une stratégie ambitieuse pour son
agriculture. Ce secteur clé représente aujourd’hui 19 % du PIB et devrait
doubler à l’horizon 2 020. L’objectif est de faire coexister deux types
d’agriculture : l’une plus orientée vers l’agrobusiness et l’exportation ; des
terres appartenant à l’Etat sont ainsi mises en location avec des baux de longue
durée et un projet de développement intégré.
Développement rural
L’autre axe porte sur le développement rural. L’an dernier, le
ministère de l’Agriculture a initié une stratégie d’agrégation. « Plutôt que
de procéder à un remembrement, nous cherchons à regrouper les petits exploitants
qui n’ont pas les moyens de s’équiper », a expliqué Aziz Akhannouche lors du
Salon de l’agriculture à Paris, au mois de février.
« À Souss, 12 000 producteurs de lait sont regroupés autour
d’une même coopérative. Certains ont deux, trois vaches. Pour le sucre, les
80 000 producteurs de betterave se retrouvent autour d’une même unité
industrielle qui fournit semences, traitements phytosanitaires, conseils et
logistique », ajoute le ministre de l’Agriculture marocain. « D’autres
systèmes peuvent concerner uniquement le conditionnement. »
Si le prix d’achat n’est pas garanti par l’Etat, ce dernier
veille à l’encadrement des contrats. Cette réorganisation doit permettre
l’autosuffisance alimentaire du pays, déjà acquise selon lui pour « la viande
rouge et blanche (volailles), le lait, les œufs. En revanche, nous incitons les
producteurs à abandonner les céréales dont les rendements sont médiocres
compte-tenu des conditions. L’objectif est de réduire les surfaces d’un million
d’hectares, à 4,4 millions d’hectares, pour stabiliser la production à
7 millions de tonnes par an. »
Goutte-à-goutte
Pour Sébastien Abis, du Centre international des hautes
études agronomiques méditerranéennes : « Les pays riverains de la
Méditerranée sont aujourd’hui le miroir grossissant des tensions alimentaires et
agricoles internationales. » Le Maroc n’y échappe pas et va devoir assurer
l’alimentation d’une population qui va continuer à croître dans un contexte
marqué par les incertitudes liées au réchauffement climatique. Les agriculteurs
marocains qui très tôt ont su développer des systèmes économes en eau seront
demain en première ligne. « Plus de 1,4 million d’hectares bénéficient déjà
d’un système de goutte-à-goutte », explique Abderrahim Benyassime, directeur
de l’Agrégation. Autre projet ambitieux autour de l’eau : celui programmé à
Agadir avec une usine de dessalement d’eau qui permettra d’irriguer près de
14000 hectares.
Source de l'article Ouest-France
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