Athènes
accueillait la semaine dernière la 12ème conférence de la FEMIP sur la
coopération marine et maritime, sous le haut patronage de la Banque européenne
d'investissement mais également de la Commission européenne et de
l'Organisation maritime internationale. Une "troïka européenne en faveur
de la croissance et l'emploi" qui a posé les bases d'un travail en faveur
d'une économie bleue durable en Méditerranée, basée sur la coopération entre
les Etats riverains.
Après une ouverture par le Premier ministre grec,
ministres et experts internationaux se sont succédé à la tribune, dont le
ministre français des Transports, Frédéric Cuvillier, et le vice-président de
la BEI, Philippe de Fontaine-Vive.
"La
Grèce est la porte de l'Europe vers les voies maritimes importantes. L'Europe
n'a pas encore suffisamment valorisé les avantages de la Grèce et de la zone
économique exclusive dont elle bénéficie avec ses voisins Chypre et Malte. La
Méditerranée n'est pas seulement un bien précieux pour nous les Grecs, les
Méditerranéens, mais pour l'ensemble des Européens". C'est par ces mots
que le Premier ministre grec, Antonis Samaras, a ouvert jeudi 18 avril la 12ème
conférence de la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de
partenariat organisée à Athènes sur le thème "Une économie bleue en
Méditerranée : renforcement de la coopération marine et maritime".
La
BEI, la Commission européenne et l'OMI avait uni leurs forces pour rassembler
un panel de prestige autour des enjeux économiques et techniques liés à la
croissance bleue. Le choix d'Athènes comme ville d'accueil de cette conférence
était "une évidence" pour Philippe de Fontaine-Vive, vice-président
de la BEI en charge de la FEMIP, pour qui "il faut redonner de l'espoir
aux Grecs" (voir interview en encart). C'est pourquoi il a souhaité
profiter de cette occasion pour initier, avec ses partenaires Maria Damanaki,
commissaire européen aux Affaires maritimes et à la Pêche, et Andrew Winbow, secrétaire
général adjoint de l'OMI, une "troïka européenne en faveur de la
croissance et de l'emploi", pendant positif à la troïka BCE-UE-FMI bien
connue des Grecs et, désormais, des Européens.
M.
de Fontaine-Vive a ainsi rappelé que, même en période de crise, ces dernières
décennies ont été témoin d'une croissance importante des parts de marché en
Méditerranée, avec une capacité d'augmentation de plus de 6% dans les années à
venir. "Il faut investir dans les domaines du transport, de la pêche mais
aussi du tourisme, notamment les croisières et le tourisme de loisir",
a-t-il ainsi précisé lors de son allocution d'ouverture. "Mais il faut
surtout investir dans les ports pour accueillir de plus grands vaisseaux, et
mieux les connecter aux territoires intérieurs. (...) Notre objectif actuel est
de déterminer les activités favorables au développement des compétences, à la
création d’emplois, à la sécurité et à la sûreté, à la protection de
l’environnement et à la "croissance bleue" dans la région, et de démarrer
de telles activités", a-t-il poursuivi.
Une première présentation sur le thème
des perspectives ministérielles en Méditerranée dans le cadre de la coopération
marine et maritime, en présence notamment du ministre chypriote des
Communications et des Travaux publics, du ministre palestinien des Transports,
ou encore du ministre bulgare des Transports, a permis d'identifier les
priorités dans le domaine.
Pour
Kostis Moussouroulis, ministre grec chargé de la Marine marchande et de la mer
Egée, les liens qui unissent la Grèce et les autres pays du pourtour
méditerranéen ont une garantie pour un développement durable d'avenir.
"La
Grèce vit avec la mer, mais aussi grâce à la mer", a-t-il expliqué.
Comment cette industrie peut-elle apporter plus de bénéfices à la Grèce ? M.
Moussouroulis identifie trois priorités : "le transport maritime, les
infrastructures nouvelles, la formation et l'attractivité du secteur pour les
jeunes". "Les peuples méditerranéens peuvent se retrouver derrière
ces priorités. Nous croyons à une approche intégrée en Méditerranée",
a-t-il conclu.
Les
trois tables rondes qui se sont ensuite déroulées pendant deux jours ont permis
de développer plusieurs pistes, prioritaires selon la BEI et son représentant,
Philippe de Fontaine-Vive : la création d'emplois par le développement des
ports, avec comme exemple remarquable le port de Tanger-Med au Maroc, qui a
reçu le soutien de la BEI ; l'éducation et la formation aux métiers marins et
maritimes afin d'attirer plus de jeunes dans ces secteurs ; la constitution de
clusters et de réseaux pour échanger au niveau européen mais aussi
méditerranéen.
Andrew
Winbow, de l’OMI, a tenu à rappeler lors de cette rencontre que "le
renforcement de la qualité et de la viabilité de l’environnement est un sujet
essentiel. Cela exige non seulement la bonne gestion de ressources limitées
mais aussi la prise en compte des impératifs antagonistes des divers
utilisateurs de la mer. Deux principaux domaines d’action sont à considérer :
d'une part, l'éducation, la formation et la diffusion d'informations et,
d'autre part, le suivi et le contrôle, sous une forme ou sous une autre, afin
de veiller à ce que les politiques et les pratiques requises soient respectées
et mises en œuvre de manière efficace".
La
commissaire européen Maria Damanaki a de son côté soutenu la constitution de
clusters et de réseaux. "Commençons par soutenir le développement de pôles
d’activités maritimes en tant que plateformes permettant la participation
d’acteurs multiples. Favorisons également la constitution d’un réseau
d’établissements de formation maritime, en nous inspirant par exemple du projet
phare dans la mer Baltique dont le but est de créer des pôles européens
d’excellence pour l’éducation maritime. Dans une région comme la Méditerranée, c'est
en travaillant dans un contexte transfrontalier et transsectoriel que nous
pourrons agir plus efficacement et atteindre la masse critique
indispensable", a-t-elle déclaré dans un communiqué officiel.
Enfin,
présent à Athènes pour cette conférence, le ministre français des Transports,
Frédéric Cuvillier, est intervenu en clôture des débats. Il a souligné l’importance du transport maritime dans
l’édification de la politique maritime intégrée, mettant en avant les objectifs
essentiels de bonne gouvernance, d’innovation, à la fois financière et
technologique, et de fédération des acteurs du public et du privé. Il a
notamment présenté la démarche française des Assises de la mer et du littoral
pour aboutir à la croissance bleue, dans la droite ligne de la déclaration dite
de Limassol, prononcée par le président de la Commission européenne le 8
octobre dernier à Chypre, et dont la France a été, par la voix de Frédéric
Cuvillier, un des principaux soutiens.
En
marge de la conférence, le ministre a échangé avec Maria Damanaki au cours de plusieurs entretiens, notamment en
vue de la préparation du Conseil des ministres européens de la pêche du lundi
22 avril, qui traite de la réforme de la politique commune de la pêche (PCP)
afin de préparer les négociations avec le Parlement européen.
Pour
Philippe de Fontaine Vive, ces deux jours d'échanges auront permis d'identifier
un certain nombre d'objectifs et de priorités. Reste maintenant aux Etats,
notamment membre de l'Union pour la Méditerranée, de donner l'impulsion
politique. "Nous ne sommes que la banque européenne, nous soutenons
financièrement des projets décidés au niveau politique", nous a-t-il
expliqué, précisant qu'il attendait beaucoup de la prochaine réunion
ministérielle Transports de l'UpM. "En travaillant ensemble, ainsi qu’avec
l’Union pour la Méditerranée, d’autres organisations régionales et tous les
pays concernés, nous pouvons apporter une contribution à la démocratie, à la
prospérité à long terme, à une croissance inclusive et au travail décent dans
la région", a indiqué dans cette même perspective Maria Damanaki.
Source
de l’article Toute l’Europe
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