Forum de Marseille - Michel
Vauzelle, président de la région PACA, Samir Dilou, ministre tunisien et
Dimitris Kourkoulas secrétaire d’Etat grec aux Affaires étrangères se sont
assis autour de la table pour discuter de l'espace méditerranéen, qui les
rassemble et les divise.
Le secrétaire d'Etat grec aux Affaires étrangères Dimitris Kourkoulos, la modératrice Alexandra Schwartzbrod, le ministre tunisien des Droits de l'homme Samir Dilou et Michel Vauzelle, Président de la région PACA, le 19 avril à Marseille. (Photo Laure Broulard) |
«Nous sommes des voisins de palier» lance
d’entrée de jeu Samir Dilou, ministre tunisien des Droits de l’homme et de la
Justice transitionnelle. Des voisins avec des défis communs mais des situations
individuelles différentes.
Tunisie, en quête de stabilité
politique
Samir
Dilou remarque que «la Tunisie n’est qu’à quelques encablures de la France». En
dépit de sa proximité géographique avec l’Europe, la Tunisie évolue dans un
contexte politique bien différent. La transition démocratique doit se
consolider, le chômage est au plus haut. Dans un appel à la compréhension
mutuelle, le ministre tunisien explique que «la dictature avait des avantages,
la stabilité politique établissait un climat favorable au tourisme, mais sans
liberté pour le peuple. Aujourd’hui nous avons la liberté malgré les problèmes
sécuritaires et de chômage, cela prendra du temps pour arriver à la maturité».
Le
tableau n’est pourtant pas si sombre. Le FMI estime la croissance tunisienne à
4% en 2013, Samir Dilou peut se prendre à rêver d’un «printemps économique
arabe» qui serait également une aubaine pour l’Europe dont la plupart des pays
espèrent simplement ne pas tomber en récession.
La
séance de questions suivant à l’exposé du Ministre a mis en exergue une
interrogation forte de la société tunisienne : quels droits pour les femmes ?
Interrogé sur le fait que les Tunisiennes n’auraient plus le droit de quitter
le territoire sans l’accord de leur mari, Samir Dilou rétorque que cela n’a
jamais été le cas en ajoutant que «les Tunisiennes votaient avant les femmes
suisses».
Une Europe grecque en 2014
La
Grèce prendra la présidence de l’Union européenne en 2014. Dans un pays où 60%
des jeunes sont au chômage, rien d’étonnant dans cette déclaration du
secrétaire d’Etat grec Dimitris Kourkoulas : «la priorité politique sera la
croissance et l’emploi». Le second axe de la politique européenne souhaitée par
la Grèce est à l’image de la complexité des relations Nord/Sud en Méditerranée
«La mer [Méditerranée] est assez grande pour accueillir plusieurs peuples et
assez petite pour faciliter les conflits» estime-t-il.
Le
responsable grec poursuit : «il n’y a pas pour l’instant de politique cohérente
et efficace en matière de flux humains» avant d’indiquer qu’un million de
clandestins sont rentrés illégalement sur son territoire en quatre ans.
Pourtant, les Européens ont conscience que leurs voisins du Sud ne sont pas
nécessairement synonyme d’immigration massive et d’islam radical. L’expansion
économique du Maghreb pourrait devenir la «bouée de sauvetage» du vieux
continent en crise. Un élément qui n’a pas échappé au secrétaire d’Etat qui
estime que les taux de croissance entre 3 et 4% que réaliseront les pays du Sud
méditerranéen «bénéficieront à nos économies».
La France reste discrète
En
plus d’être le président de la région Provence-Alpes-Côté d'Azur, Michel
Vauzelle est chargé de mission sur la Méditerranée par François Hollande à qui
il remettra un rapport fin juin. Le spectre de l’UPM (Union pour la
Méditerranée) voulu par Nicolas Sarkozy plane sur les projets de politique
commune en Méditerranée et incite à la prudence.
Le
parlementaire veut éviter «les grands projets qui ne pourront pas voir le jour
à cause de blocages régionaux» en faisant référence à la fermeture de la
frontière entre l’Algérie et le Maroc. L’élu veut mettre l’accent sur des
projets «plus centrés sur l’humain» et se prend à espérer : «ce qui serait un
symbole, ce serait de voir les jeunes franco-maghrébins au cœur de ce système
méditerranéen».
Par
Olivier Le HÉNAFF, étudiant en journalisme à l'EFJ
Source
de l’article Libération
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