La révolution du 14 janvier 2011 a jeté les bases pour
le développement d’une véritable démocratie, fondée sur l’Etat de droit et le
respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Des valeurs qui
sont, désormais, partagées avec l’Union européenne (UE), qui motivent
l’aspiration des deux parties à hisser leurs relations à un niveau supérieur et
stratégique, à savoir le partenariat privilégié.
Grâce aussi à cette révolution, des perspectives
radicalement différentes s’ouvrent aujourd’hui dans les relations entre la
Tunisie et l’UE, qui est déterminée à s’engager sur le long terme à côté de la
transition démocratique tunisienne, consciente que sa réussite aura des répercussions
positives à la fois pour la prospérité de la Tunisie, mais également pour
l’ensemble de la région.
L’appui à la transition tunisienne constitue, en effet,
une opportunité historique pour l’UE afin de répondre de manière substantielle,
efficace et positive aux défis posés tant à la Tunisie que par le «Printemps
arabe», conformément au partenariat privilégié.
Dans ce contexte, les conditions sont réunies pour que la
Tunisie et l’UE passent à un niveau supérieur et plus stratégique d’approfondissement
de leurs relations et d’intégration, compte tenu d’ambitions réciproques plus
élevées.
Le rapprochement avec l’UE constitue une constante et un
choix fondamental de la politique extérieure de la Tunisie, en parallèle à la
promotion de l’intégration maghrébine et à la consolidation des relations avec
les pays arabes, méditerranéens et africains.
La Tunisie et l’UE partagent, également, la vision que le
renforcement de la libéralisation économique et de l’intégration économique et
sociale constituent une source de croissance et d’emplois et une opportunité de
promouvoir le développement solidaire et la prospérité partagée.
Une volonté de
s’inscrire dans une dynamique de rapprochement
Dans le cadre du partenariat privilégié, la Tunisie
souhaite accéder à un nouveau palier d’intégration avec l’UE qui soit le plus
élevé possible.
Ce nouveau statut traduit la volonté des deux parties de
s’inscrire dans une dynamique de rapprochement qui dépasse les frontières du
libre-échange et qui inclut une mobilité effective des personnes mutuellement
bénéfique et un meilleur partage du savoir.
La Tunisie et l’UE ont signé un premier accord de
coopération en 1969, suivi de la conclusion d’un accord d’association en 1995.
C’est dans ce cadre et dans le contexte plus général de la politique européenne
de voisinage qu’un premier plan d’action a été adopté en 2005.
La prise en compte de la dimension humaine et scientifique
dans ce partenariat est essentielle pour favoriser le rapprochement entre les
acteurs de la société civile, les opérateurs privés, les chercheurs et
étudiants et les autorités locales et régionales, et constituera un signal
politique fort à l’intention des citoyens et de la communauté des affaires des
deux parties.
Ce plan d’action établi constitue le cadre de référence
appelé à définir les axes prioritaires qui permettront de renforcer les
relations entre les deux parties, à tous les niveaux, à savoir politique,
économique, scientifique, social, culturel et humain.
Afin de mettre en œuvre un partenariat privilégié
(2013/2017), conformément aux aspirations de l’UE et de la Tunisie,
d’approfondir leurs relations, les parties conviennent d’entamer la réflexion
sur la possibilité de parvenir à un nouvel accord régissant les relations
réciproques.
Principaux axes du partenariat privilégié
Le renforcement des relations entre l’Union européenne et
la Tunisie dans le cadre d’un partenariat privilégié suivra les trois axes
suivants:
1/ Une coopération politique approfondie : les deux
parties aspirent à donner un nouvel élan au dialogue et à la coopération
politiques. En particulier, sont prévus le renforcement du dialogue politique
de haut niveau, la coopération parlementaire, la coopération sur des questions
de sécurité, la coopération en matière de démocratie et d’Etat de droit, ainsi
qu’en matière d’égalité des genres, de droits de l’Homme et libertés
fondamentales, le renforcement de la coopération avec le Conseil de l’Europe et
les autres organisations internationales. Cette dimension comprend, également,
une coopération accrue en ce qui concerne la sécurité, la justice, la gestion
des frontières et la lutte contre le crime organisé.
2/ Une intégration économique et sociale élargie avec
l’UE permettant d’édifier un «espace économique commun»: le partenariat
privilégié vise une intégration plus profonde des partenaires, dans ses aspects
économiques, sociaux et humains. Il tient compte des défis à relever par la
Tunisie dans cette phase de transition démocratique y compris la relance de
l’économie et les impératifs d’un développement solidaire et durable.
Dans la perspective du développement des liens commerciaux
et économiques, est prévue la conclusion d’un accord de libre-échange complet
et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’UE qui contribuera à l’intégration
progressive de la Tunisie au marché intérieur de l’UE en vue de parvenir à
terme à l’édification d’un «espace économique commun».
3/ Un partenariat plus étroit entre les peuples :
un partenariat privilégié ne saurait s’envisager sans le renforcement des liens
entre les peuples à travers un rapprochement et des coopérations directes entre
individus et organisations.
Dans ce contexte, les coopérations et échanges dans les domaines
de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’emploi, de la
recherche-innovation, de la santé, de
la culture et de la jeunesse joueront un rôle déterminant.
Le dialogue se développera également en matière de
migration, mobilité et sécurité avec l’objectif de conclure un partenariat pour
la mobilité établissant un cadre de coopération équilibré et responsable en
matière de circulation des personnes, gestion de la migration légale, les liens
entre migration et développement, la protection des droits des migrants et la
lutte contre la migration irrégulière, la criminalité organisée liée à
l’immigration, ainsi que de la réadmission.
Pour donner à ces principaux axes ou plan d’action un
caractère à la fois stratégique et opérationnel, la Tunisie et l’UE conviennent
de centrer leur coopération sur un nombre limité de domaines.
De plus, la réalisation des objectifs du plan d’action
nécessite un renforcement du dialogue sur les réformes socioéconomiques,
notamment la politique d’emploi et l’inclusion sociale et les stratégies de
relance pour l’édification d’une croissance durable basée sur le savoir, ainsi
que d’une coopération sectorielle étendue couvrant des domaines clés tels que
l’énergie, les transports, l’industrie, l’agriculture, le tourisme, le
développement des compétences, l’environnement ou les changements climatiques.
Vu l’importance de cet accord de partenariat
privilégié à court, moyen et long
termes, la Tunisie se prépare à la signature avec l’Union européenne. Il est à
signaler qu’à ce jour, aucune négociation ne s’est engagée avec la partie
européenne, alors que l’accord de principe a été signé depuis mars 2012.
Pour cette raison, plusieurs experts ont exprimé leur
méfiance et leurs craintes vis-à-vis de cet accord. Ils ont, même, insisté sur
la nécessité de définir ensemble les priorités de la Tunisie, mettre en place
une feuille de route claire et négocier les grandes lignes de cet accord pour
qu’il ne soit pas imposé à la Tunisie.
Par Imen Zine - Source de l'article l’Économiste Maghrébin
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