La Tunisie a organisé avec son Tunisia Investment Forum
les 13 et 14 juin 2013 une opération de séduction en direction des
investisseurs internationaux. Avec comme principal message aux plus de 1 500
hommes d'affaires présents un quasi-retour à la normale du pays et une sortie
prochaine de la « période de transition ».
Présent au Tunisia Investment Forum organisé les 13 et 14
juin 2013 à Gammarth (Tunisie), le chef du gouvernement tunisien, Ali Larayed,
considère que son pays « a réalisé des progrès économiques, politiques et
sociaux » et que son équipe a enregistré de bons résultats en 2012 avec « une
croissance de 3,6%, un chômage qui passe de 18 à 16% et un déficit budgétaire
lui aussi en baisse. »
« 2012 a été une année record en terme d'investissements
étrangers. Les IDE (investissements directs étrangers) devraient représenter 3
000 millions de dinars tunisiens en 2013, ce qui nous aidera à atteindre les 4%
de croissance espérés et à continuer de faire baisser le taux de chômage » se
félicite le ministre du Développement et de la Coopération internationale
Lamine Doghri, qui reconnaissent pourtant que « des efforts restent nécessaires
en matière d'inflation et d'équilibre financier. »
Dans les faits, la Tunisie peine à redémarrer.
L'avant-révolution constitue le seul repère réellement valable. Et là les
chiffres sont cruels. Si le taux de croissance a presque atteint les 3,8% de
2010, les investissements directs étrangers passent de 2,4 milliards de dinars
(6,5 milliards en 2005) en 2010 à 1,7 milliard en 2011 puis 1,9 milliard en
2012. « La Tunisie n'a pas retrouvé les flux d'avant la révolution » se désole
Pekto Draganov, secrétaire général de la Cnuced (Conférence des Nations Unies
sur le Commerce et le Développement).
La chute s'avère encore plus brutale dans le secteur du
tourisme, essentiel pour la Tunisie. Le pays accueillait 7 millions de
touristes étrangers en 2010 contre moins de 6 millions en 2012 (+24% par
rapport à 2011, année catastrophique).
Un vaste chantier de réformes
De multiples facteurs expliquent le manque d'élan de la
Tunisie. Tout d'abord une révolution ne se digère pas en deux ans. Surtout
quand le régime précédent a pris soin d'empêcher l'émergence de cadres
d'opposition. Hors micro, la plupart des experts et autres financeurs
internationaux regrettent le manque d'interlocuteurs compétents en Tunisie.
C'est toute une classe politique qui se forme actuellement avec comme
conséquence des réformes économiques et une nouvelle constitution qui tardent à
venir.
Seconde explication, tout aussi importante, la Tunisie a
changé de système politique en pleine crise mondiale. Les 3,6 % de croissance
ne suffisent pas compte tenu de la natalité tunisienne.... mais rendraient
heureux la plupart des pays européens.
Enfin, l'élection d'un gouvernement islamique, l'agitation
sociale et politique encore vive n'encouragent ni les investisseurs, ni les
touristes à revenir.
« Nous menons un vaste chantier de réformes », se défend
Lamine Doghri. « Elles permettront de faire passer la proportion
d'investissements privés par rapport aux publics de 50 à 60%, puis nous
l'espérons à 80% ». Simplification des démarches administratives, lutte contre
la corruption, mise en place d'un réel droit des affaires réamorceront la
pompe. Oui, mais quand ? « Les investisseurs doivent bénéficier de réformes le
plus tôt possible », souligne Mark Bowman, Haut Représentant du G8 à la
Présidence du Partenariat de Deauville. « Il s'agit notamment de combattre la
corruption et de réduire tous les obstacles qui freinent les investissements
directs étrangers. »
Ali Larayed affirme que le projet de constitution est
terminé et que son gouvernement « le présentera à l'assemblée constituante
avant la fin de l'année.» La haute instance indépendante chargée d'organiser
les élections « libres et transparentes » pour fin 2013 devrait être présentée
à l'assemblée constituante « très bientôt. » Le chef du gouvernement annonce «
la présentation dans les prochaines semaines au conseil des ministres d'un code
d'investissements. Nous travaillons également à la mise en place d'une
décentralisation administrative et à la création d'une haute instance de
l'investissement ». Ce guichet unique est destiné à faciliter l'installation de
sociétés étrangères.
Par Gérard Tur – source de l’article Econostruminfo
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