Pour sa 19e édition, ce festival international du documentaire et du reportage méditerranéen offre un programme éclectique et se tiendra du 5 au 12 décembre.
« Nous voulons adresser un message de fraternité aux participants. Cette année, plus que d’autres, le Primed a une portée symbolique qui transcende tout ce qu’il a pu revêtir jusqu’à présent », annonce, en cette période post attentats, Bernard Valero, président de la Villa Méditerranée, qui accueillera la majorité des projections pendant le festival.
350 films provenant de 35 pays différents ont été reçus par le festival. Seuls 24 ont été conservés et seront présentés dans six catégories lors du Primed, qui se déroulera du 5 au 12 décembre à l’Alcazar ainsi qu’au Mucem, outre le gros du festival qui se tiendra dans le plongeoir du J4.
« L’héritage du silence »
Déléguée générale du Centre méditerranéen de la communication audiovisuelle, qui organise le Primed, Valérie Gerbault explique : « L’objectif est aussi de montrer les oeuvres de réalisateurs qui ne sont pas forcément connus. On veut donner la parole à tout le monde ». Une catégorie courts métrages donnera notamment à voir Rebelle de Raqqa, qui embarquera les spectateurs dans le quotidien d’une activiste syrienne anti-régime, ayant vu l’organisation de l’Etat islamique s’emparer de cette ville. La section « enjeux Méditerranéens » proposera, quant à elle, Voyage en barbarie. Le commerce d’êtres humains dans la péninsule égyptienne du Sinaï y est abordé. La catégorie « Mémoire de la Méditerranée » mettra aux prises 4 documentaires qui devraient sortir des sentiers battus au vu des sujets dont ils traitent. Au menu, un film grec rapportant les travaux d’archéologues français en Phocée d’Asie mineure en 1914, sur les traces de l’ancêtre de la ville de Marseille, avec la première guerre mondiale en toile de fond. Primed évoquera aussi la place des femmes dans les révolutions arabes. Le peuple de Nejmeh parlera quant à lui du club de foot éponyme basé à Beyrouth. Un porte-étendard de la communauté nationale libanaise alors que la majorité des autres équipes sont plutôt confessionnelles. Enfin, L’héritage du silence portera à l’écran un aspect méconnu du grand public du génocide arménien. Le film retrace en effet le parcours de quatre turcs se rendant compte à 50 ans qu’ils sont en réalité d’origine arménienne. Le phénomène, majoritairement tabou dans la société turque, rappelle le génocide arménien de 1915 lors duquel les survivants ont du masquer leur identité réelle et s’assimiler à la population ottomane, notamment en se convertissant à l’Islam. Au regard de la projection de ce film lors du Primed, l’un des membres du jury intrigue. Présidente adjointe du département télévision de la TRT (ensemble radio et télévision en Turquie) Nilgün Aydogan en fait partie. Un groupe médiatique nationaliste et négationiste qui, comme beaucoup d’organes de presse ou de partis politiques en Turquie, sanctifient le père de la république turque Mustafa Kemal, parallèlement sanguinaire leader ayant enterré le sujet du génocide, recyclé les bourreaux dans le pouvoir en place et interdit aux rescapés de revenir sur leurs terres.
Par Philippe Amsellem - Source de l'article La Marseillaise
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