La Méditerranée a été pendant plusieurs siècles de son histoire un espace de confrontations : Hellènes contre Perses, Rome contre Carthage, Croisés contre Musulmans, Rois catholiques contre Ottomans, colonialisme contre nationalisme. Il faut attendre la deuxième moitié du 20e siècle et l’avancée de la construction européenne pour que l’on assiste au lancement d’un processus multilatéral de dialogue instaurant le cadre d’une coopération aux ambitions multisectorielles entre l’Union européenne et les pays de l’autre rive de la Méditerranée : le partenariat Euromed ou processus de Barcelone.
L’initiative est née d’une volonté de la France et l’Espagne, auxquelles s’est vite associée l’Italie, sur les besoins de stabilisation, de promouvoir des réformes démocratiques et institutionnelles au sein des pays du sud de la Méditerranée. A noter notamment l’indispensable soutien du pouvoir socialiste espagnol, avec le premier ministre José Luis Zapatero, et le diplomate et futur ministre des affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, véritables maîtres d’œuvre du partenariat Euromed. Ce dernier se concrétisa donc par son lancement lors de la Conférence de Barcelone des 27 et 28 novembre 1995, qui réunit les 15 Etats membre de l’Union européenne d’alors, ainsi que l’Algérie, Chypre, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie et la Turquie. Aujourd’hui, ce partenariat est élargi aux 28 États membres de l'UE et à douze États du sud de la Méditerranée.
L’objectif de l’UE était d’établir un partenariat global pour faire de toute la Méditerranée un espace commun de paix et de prospérité par le renforcement du dialogue politique et de sécurité, et par le biais de partenariats économique, financier et social, culturel et humain, autour de valeurs universelles :
- respect des droits humains politiques, économiques, culturels et sociaux,
- État de droit, pluralisme, libre alternance politique,
- égalité entre hommes et femmes,
- respect des minorités et refus des discriminations,
- règlement des conflits par le droit.
L’échec du partenariat s’explique par différents éléments.
Du côté européen, l’approche a sans douté été trop modeste et trop bureaucratique, au regard des ambitions politiques initiales portées par les trois États membres susmentionnés. En outre, les clivages persistants entre États et l’absence de vision globale ont pesé lourd.
Du côté Sud, l’impasse de la résolution du conflit au Proche-Orient et la présence de régimes dictatoriaux (Tunisie, Libye, Égypte) ont également été des obstacles de taille. Le processus d’Oslo, le 4 mai 1994, suivi de plusieurs autres accords entre Israël et la Palestine soutenus par la communauté internationale, avait créé un espoir de paix et de stabilité dans la région et encouragé le lancement du processus. Néanmoins, l’assassinat de Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995 a pesé lourdement.
Enfin, le projet a pâti d’incompréhensions voire de reproches mutuels : tandis que la rive nord reprochait à la rive sud son faible désir d’intégration, celle-ci soupçonnait ses partenaires au Nord de mener ce partenariat avec pour seuls buts de limiter le terrorisme et l’immigration plutôt que de viser un véritable développement économique. Dans ce contexte, les accords de libre-échange n’ont pas abouti, les pays du Sud estimant que ceux-ci mettaient à mal leurs entreprises et les positionnaient dans un rapport inégal face à celles du Nord.
Le bilan se révèle donc plus que mitigé. Sur les trois volets du partenariat euroméditerranéen (politique et sécurité ; économique ; social, culturel et humain), seul le volet sécuritaire semble avoir eu quelque succès. Mais ce succès a eu un coût, poussant l’Europe à entretenir de bonne relations avec des régimes autoritaires tels que celui de Ben Ali, de Mouammar Kadhafi, de Hosni Moubarak, etc, tout en se contentant de dénoncer ici et là par des communiqués les violations aux principes démocratiques et aux droits humains.
Lors du Sommet de Paris pour la Méditerranée en juillet 2008, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, prétend relancer le processus et annonce l’avènement de l’Union pour la Méditerranée (UpM). Perçue comme une tentative par la France d’appropriation d’un projet commun, l’UpM s’est pourtant construite sur ces mêmes bases instables et ambiguës. Au jour d’aujourd’hui, alors que les révolutions arabes n'ont pas toutes atteint leurs objectifs démocratiques voire ont transformé le paysage avec le conflit en Syrie et en Libye, l’Europe refonde son approche. La Politique européenne de voisinage, lancée par la Commission européenne, serait révisée selon plusieurs axes : adoption d’une approche plus équilibrée en terme de conditionnalités et de réciprocités afin de permettre à l’UE d’être plus efficace quand il s’agit d’aider des transitions pacifiques vers le renforcement de la démocratie ; promotion de la mobilité ; révision de la politique européenne de commerce en faisant évoluer les Accords de libre-échange (FTA).
Source - Communiqué de Presse PS français
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire