- Désaccord autour de l’offre financière
européenne
- Rabat exige aussi une réduction des droits de pêches
- Prochaine Round à Bruxelles
«Les négociations prennent davantage de
temps que prévu. Il n’y a pas beaucoup de visibilité pour le moment. Nous
attendons que les choses s’éclaircissent». C’est le message laconique que
L’Economiste a reçu du porte-parole de Maria Damanaki, la commissaire
européenne à la pêche, en réponse à une question sur la tenue du 6e round de
négociations sur la pêche qui devrait se tenir cette fois-ci à Bruxelles.
En
ce qui la concerne, la commissaire grecque se dit toutefois confiante que les
deux parties vont «bientôt» trouver une date pour poursuivre leurs
négociations. Damanaki a assuré aux ministres européens de l’Agriculture et de
la Pêche ainsi qu’aux eurodéputés que dans ces négociations avec les Marocains,
elle «restera dans le mandat qui lui a été confié tant en ce qui concerne la
durabilité du futur accord de pêche (ne pêcher que les stocks excédentaires de
poissons) qu’en ce qui concerne le respect du droit international et les
retombées socioéconomiques du futur accord dont devraient bénéficier toutes les
populations marocaines, y compris celle des provinces du sud.
Dans
l’entourage de la commissaire à la pêche,
on considère en privé que les négociations qui ont bien progressé sur le
volet technique ne pourraient reprendre que «lorsque des indications claires
seront apportées par la partie marocaine sur les volets politique et financier
du futur accord».
Le
partenaire marocain considère «qu’il n’y
a pas d’accord tant qu’il n’ y aura pas un accord sur tout», notamment en ce
qui concerne la compensation financière. Le Maroc a demandé une compensation
financière de 36 millions d’euros par an (identique à l’ancien protocole) tout
en exigeant une réduction des droits de pêche à accorder au partenaire européen
pour des raisons essentiellement de protection des ressources.
«Pas
d’accord», ont dit les négociateurs européens qui ont une autre lecture sur
l’état des ressources halieutiques nationales: «puisque vous réduisez nos
capacités de captures, on ne peut vous offrir que 26 millions, une somme que
l’on pourrait revoir à la hausse -à la rigueur jusqu’à 36 millions d’euros- si
de votre côté vous élargissez considérablement les droits de pêche de nos
bateaux». De son côté, Rabat considère que «si l’offre financière européenne ne
bouge pas vers le haut et reste bloquée à 26 millions d’euros, il se verrait
dans l’obligation de diminuer son offre en termes d’accès à ses ressources
halieutiques». On en est là à ce jour.
La
position de la commissaire européenne Maria Damanaki n’est pas très confortable
dans la mesure où elle doit naviguer entre deux bandes jaunes: celles du
Conseil des ministres de l’Agriculture et de la Pêche qui se divisent grosso
modo en deux grands camps: ceux qui sont effectivement très intéressés, non
seulement sur le plan économique mais également politique, par un nouvel accord
de pêche avec le Maroc (notamment et surtout l’Espagne, la France, la Pologne,
le Portugal, la Lettonie ou encore la Lituanie) et ceux qui -moins concernés-
mettent davantage l’accent sur les aspects politiques et la durabilité du futur
accord de pêche (comme la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni ou encore les
Pays-Bas).
L’Espagne,
comme on le comprend bien, reste le principal avocat d’un accord rapide avec le
Maroc tandis que la Pologne a déjà averti ses partenaires que si les Européens
continuent à tergiverser dans les négociations avec le Maroc, d’autres pays
tiers -comme par exemple les Russes- n’ont pas ces mêmes états d’âme et ont
déjà signé un accord de pêche avec Rabat.
Rapport coût-bénéfice
Du côté des
eurodéputés, la commissaire Damanaki doit également faire preuve de beaucoup de
tact et de diplomatie. Elle reste consciente que Strasbourg a rejeté en février
2011 le renouvellement du protocole à l’accord de pêche avec le Maroc au motif
qu’il était inacceptable dans les conditions proposées par la Commission
européenne, en raison du faible rapport coût-bénéfice pour l’Union européenne,
de l’exploitation excessive des espèces démersales, de la contribution très
limitée des fonds européens au développement de la politique de pêche locale,
et du manque de preuves en termes d’avantages, tirés des fonds européens, pour
les populations locales au large du Sahara. Raison pour laquelle à chaque
apparition devant l’hémicycle de Strasbourg,
elle se sent obligée de répéter qu’elle respectera fidèlement les
résolutions du Parlement européen et qu’elle fera tout pour rester dans les
clous fixés».
Par Aziz Ben Marzouk - Source
de l’article l’Economiste
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