Côte à côte sur la bande littorale

On se bouscule férocement pour être au balcon de la Méditerranée avec vue sur la mer. 20% des Algériens – un peu plus de 6 millions – vivent sur la bande littorale large tout au plus de 30 km et qui ne représente que 4% du territoire national.

Sur les 1622 km du linéaire côtier, 437 km, soit 27%, sont complètement urbanisés. 51% des industries y sont également implantées, dont les plus redoutables pour l’environnement, les industries chimiques et sidérurgiques. L’érosion des côtes prend de l’ampleur et les apports de sédiments par les cours d’eau sont quasi nuls en raison de l’extraction des matériaux et des grands ouvrages hydrauliques qui les retiennent. Les cordons dunaires disparaissent sous les constructions «pieds dans l’eau».

En dépit des textes qui cherchent à la freiner, cette tendance, spécialement forte en Algérie ne lui est cependant pas particulière. Tout autour de la Méditerranée et dans le monde, les populations concentrent leurs activités sur les régions littorales. En Méditerranée, les côtes souffrent de la dégradation sévère de l’environnement qui a conduit à des tendances non durables avec une incidence sur les activités économiques et le bien-être des personnes. Pour résoudre ces problèmes, de nombreux efforts ont été déployés pour développer la Gestion intégrée des zones côtières (GIZC) de la région. Issu de la convention de Barcelone en 2008, le protocole gouvernemental GIZC est entré en vigueur en 2010. Il a donné naissance au projet Pegaso (People for Ecosystem Based Governance in Assessing Sustainable Development of Ocean and Coast) auquel sont fixés trois buts : créer une plateforme de gouvernance entre les scientifiques et l’utilisateur final, développer des outils d’évaluation de la viabilité des zones côtières – comme les indicateurs dont il sera question dans l’atelier qui s’ouvre aujourd’hui – et mettre en place une infrastructure pour normaliser, organiser et partager les données spatiales de la GIZC.

Le projet, d’une durée de 4 ans (2010-2013), regroupe un consortium de 25 partenaires dans 16 pays méditerranéens, dirigé par l’Université autonome de Barcelone (UAB) en Espagne ; il est cofinancé par la Commission européenne. L’Association de réflexion, d’échanges et d’action sur l’environnement et le développement (Area-Ed), une ONG algérienne qui se distingue dans le paysage associatif national et régional par la qualité de ses membres, organise du 13 au 15 novembre à l’hôtel Riadh de Sidi Fredj (Alger), en collaboration avec le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, un atelier maghrébin du projet Pegaso avec comme partenaires l’Université autonome de Barcelone, le Plan bleu, la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco, le Centre d’action régional du programme d’action prioritaire et le projet Medina. Cet atelier sous-régional, où l’on attend une cinquantaine de participants du Maghreb et de Méditerranée, est destiné en priorité aux utilisateurs des espaces côtiers en Algérie, au Maroc et en Tunisie.

C’est une opportunité pour montrer l’usage d’un certain nombre d’indicateurs et leur utilité auprès des décideurs, des scientifiques, des acteurs économiques et de la société civile.
L’appropriation de ces instruments de gestion est primordiale pour assurer une bonne gestion des zones côtières. Ce sera également l’occasion de présenter la stratégie nationale de la GIZC et de tirer les enseignements des méthodologies employées ainsi que d’échanger entre acteurs de ces zones en Algérie, au Maroc et en Tunisie.
Par Slim Sadki - Source de l'article El Watan

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