« La région Afrique du Nord - Moyen-Orient à l'horizon 2050 : une dépendance alimentaire à maîtriser » : tel était le thème du colloque organisé par l'Inra et Pluriagri le 28 octobre à Paris.
Durant cette conférence, une première approche scientifique a été présentée sur le travail de recherche mené par l'Inra pour le compte de Pluriagri. Puis, une discussion autour des principales problématiques économiques et culturelles s'est tenue avec la participation notamment de Gamal Zaza, ancien vice-ministre de l'Agriculture en Egypte et Xavier Beulin, en tant que président du Groupe Avril (anciennement Sofiprotéol).
Les importations des 21 « pays » analysés (de la Mauritanie à la Turquie en passant par la péninsule arabique) couvrent 40 % des besoins alimentaires de ces populations. Une situation qui place ces Etats dans une dépendance alimentaire parmi les plus fortes du monde. De nombreux facteurs sont en cause. Tout d'abord, l'accroissement démographique : la population est passée de 339 millions d'habitants en 1960 à 500 millions en 2011. La demande alimentaire a augmenté en conséquence.
Cette transition démographique s'accompagne d'une concentration massive des populations dans les villes côtières, qui conduit à l'autre facteur majeur de dépendance alimentaire : l'évolution des comportements alimentaires avec la diffusion du modèle occidental dans les espaces urbains. La consommation de sucre et d'huiles végétales est en pleine expansion. Les importations de produits oléagineux et de plantes sucrières ont ainsi explosé. La consommation quotidienne d'un habitant est passée de 2000 à 3000 Kcal en cinq décennies. Le modèle alimentaire traditionnel de la diète méditerranéenne (régime à base de céréales, poissons, fruits et légumes et peu de viande) a vécu. Aujourd'hui, ces populations consomment de plus en plus de viande.
En 50 ans, les importations céréalières ont été multipliées par quinze
Pour répondre à cette demande, ces pays importent des aliments pour le bétail (essentiellement du soja et du maïs). En 50 ans, les importations céréalières ont été multipliées par quinze. Pauline Marty, l'une des chercheuses de l'étude réalisée par l'Inra, a fait remarquer que « les factures céréalières coûtent chères pour ces pays surtout avec la fluctuation ». Sébastien Abis, chercheur au Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM), estime que l'Europe a un rôle à jouer pour favoriser l'autonomie alimentaire dans ces pays. Elle doit exporter ses techniques et ses savoir-faire et ne pas se limiter à répondre à la demande de ces marchés.
Un troisième facteur devra être pris en compte dans les politiques agricoles à venir de ces pyas, le problème du réchauffement climatique, se sont accordés les observateurs. Le Sud et l'Est de la Méditerranée sont les régions du monde qui seront parmi les plus impactées (+2°C d'ici 2050).
Par Claire Dufrène - Source de l'article La France Agricole
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