Méditerranée : l’indispensable ouverture aux sociétés civiles par Philippe de Fontaine Vive

Philippe de Fontaine Vive, coprésident de l’Ocemo tire les leçons de la dernière Semaine économique de la Méditerranée en exclusivité pour Gomet’.

PFVLa Semaine économique de la Méditerranée (SEM) a été marquée cette année par les événements tragiques qui frappent la région. L’édition 2015 a d’abord rassemblé des militants de la cause méditerranéenne, mais encore trop insuffisamment, hélas, le grand-public et la jeunesse. 

Quelles conclusions en tirer ? L’opinion publique aujourd’hui juge la question méditerranéenne uniquement à travers l’actualité des réfugiés. Et ces derniers, souvent stigmatisés, lui font peur. Or le thème même de la manifestation de cette année « Villes et territoires, leviers de développement économique » était justement de voir comment nous pouvons construire une vie heureuse, sans vouloir partir ailleurs. Mais cela reste insuffisant pour attirer des citoyens méditerranéens. Ces derniers aspirent à plus de dignité, de sécurité et d’emploi, comme on l’a vu en Tunisie.



Aujourd’hui, on préfère détourner les yeux et regarder ailleurs.

Si la SEM a montré une nouvelle fois que Marseille pouvait jouer un rôle central dans les échanges, avec notamment la présence de plusieurs ministres étrangers et du Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, nous sommes obligés de constater le décalage entre la présence des autorités et celle des citoyens. Aujourd’hui, on préfère détourner les yeux et regarder ailleurs. Ce n’est bien sûr pas satisfaisant et ce n’est pas dans cet objectif que la Villa Méditerranée ou la SEM ont été créées. 


Je souhaite donc que nous répondions à un appel à projets européen pour accueillir ici une grande manifestation de Conseils économiques et sociaux rénovés, issus des pays concernés par la Méditerranée. « Rénové », cela veut dire ouvert à la jeunesse en imposant, pourquoi pas, des quotas comme on l’a fait ailleurs pour développer la présence des femmes. Il faut absolument que nous parvenions à capter l’énergie et la volonté des sociétés civiles qui veulent le changement et qui, aujourd’hui, l’expriment hors des partis, hors des institutions, hors de nos événements. A défaut, nous sommes condamnés à vivre une succession de révolutions et contre-révolutions qui sera marquée par le repli sur les Etats et les nations.



Nous avons eu le tort d’attendre trop des gouvernements

Il nous faut donc réinventer une Semaine Economique de la Méditerranée qui ne se limite pas aux seuls militants de la Méditerranée. A défaut, elle sera fragilisée, voire menacée, dans son essence propre. Nous avons eu le tort d’attendre trop des gouvernements qui sont eux-mêmes prisonniers de l’actualité internationale, des conflits… 

Que reste-t-il des promesses de la place Tahrir du Caire, où nous sommes nombreux à être allés pour parler de l’avenir ?


Notre responsabilité est d’organiser la prise de parole méditerranéenne, en étant l’écho de la démocratie participative qui s’exprime ici ou là. C’est ce en quoi nous nous engageons si nous gagnons cet appel à projets européen avec, pour objectif, d’accueillir ces sociétés civiles rajeunies et porteuses de nouvelles ambitions. Faute de quoi, nous devrons reconnaître que notre objectif initial n’est plus atteint. Et en tirer les conclusions… 

Source de l'article Gomet

Philippe de Fontaine Vive
* Philippe de Fontaine Vive est également président de l’association Massilia Mundi qui regroupe plus d’un millier de marseillais à travers le monde.

** Ocemo : Office de coopération économique pour la Méditerranée et l’Orient.

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