Le 1er rapport sur l’impact de l’Aleca sur l’économie tunisienne confirme toutes les appréhensions négatives des experts et de la société civile.
Pour évaluer les éventuelles retombées du futur Accord de libre échange complet et approfondi (Aleca) entre la Tunisie et l’Union européenne (UE), il a été attribué au cabinet européen Ecorys la tâche de procéder à une étude de l’impact d’un tel accord sur le développement à long terme du commerce international et de l’emploi des diplômés du supérieur dans notre pays.
Il s’agit d’une première mission financée par l’UE, qui sera suivie par des études d’impact et des évaluations sectorielles, sur les effets de l’accord dans différents domaines, notamment sur les services, les marchés publics, la compétitivité des PME, l’emploi, l’agriculture, l’environnement ou tout autre secteur prioritaire.
L’équipe d’Ecorys vient de remettre son livrable à Bruxelles, avec une copie à Tunis. L’approche a été sectorielle, dans laquelle l’économie tunisienne a été déclinée sur 37 secteurs, dont 10 pèsent 75% du PIB et emploient 89% des diplômés du supérieur.
Les retombées de l’Aleca sur la balance commerciale seront «catastrophiques», dans la mesure où les importations connaîtront un emballement pour l’ensemble des secteurs, à l’exclusion de celui des produits forestiers, résiduels.
En outre, 18 secteurs, parmi les 37, verront leurs exportations baisser. Ceci aggraverait considérablement le «déficit commercial», d’autant plus que 35 secteurs sur les 37 verront leur taux de couverture se détériorer.
Sur le plan de l’emploi des diplômés du supérieur, 26 secteurs verront leur contribution à l’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur diminuer, d’où une augmentation vraisemblable du «chômage des diplômés».
Ces résultats ne nous surprennent pas, et confirment nos appréhensions initiales. Ils confirment également les évaluations critiques du bilan de 20 ans de libre-échange avec l’UE dans le cadre de l’accord scellé en 1995.
Malgré tout cela, le gouvernement continue à faire l’autruche!
Alors, pourquoi vouloir gaspiller du temps et de l’énergie dans le traitement de ce dossier infécond, voire toxique, et ce, au détriment d’une multitude de réformes vitales et de chantiers urgents?
Si nos Princes venaient à poursuivre l’instruction du projet d’Aleca sans effectuer objectivement le bilan de 20 de libre-échange avec l’UE, en dépit de toutes les vérités fracassantes qui émergent de jour en jour, nous serions en droit de les taxer de «corruption» et de «haute trahison».
Par Mohamed Chawki Abid (Ingénieur économiste) - Source de l'article Kapitalis
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