L’Etoile Culturelle d’Akbou vient, encore une fois, de se distinguer par la haute qualité de ses activités en organisant, la semaine dernière, une formation assez exceptionnelle qui consiste en l’initiation des animateurs culturels à l’entrepreneuriat.
Cette formation a eu lieu durant une semaine à Akbou, en partenariat avec la Fondation euro-méditerranéenne ANNA Lindh pour le dialogue des cultures, au travers de son réseau algérien, à savoir son chef de file qui est l’Etoile Culturelle d’Akbou elle-même. A également pris place dans ce programme, l’organisation «In Place of War» (IPOW) de l’Université de Manchester qui active dans les zones de conflits, pour instaurer un dialogue entre différentes parties pour éviter d’en arriver à se faire la guerre. Cette formation s’est déroulée à l’hôtel Majestic d’Akbou et a réuni une dizaine de personnes, artistes, concepteurs de projets culturels et artistiques, animateurs de mouvements associatifs venus de plusieurs régions du pays, telles Biskra, Sétif, Alger, Béjaïa,… etc.
Il s’agit, pour les initiateurs de cette formation, d’aider ces personnes à «pouvoir entreprendre et concrétiser des projets créatifs qui auront un impact économique, social et culturel sur la société», selon un communiqué transmis par Mouloud Salhi, président de l’Etoile Culturelle d’Akbou. «Ces 10 jeunes sont encadrés par deux formateurs qui ont reçu la même formation à Alexandrie, en Egypte, le mois dernier. Il s’agit de M. Salim Aili, animateur de jeunes, formateur et vice-président de l’association (ECA), avec Fouzia Barsouli, formatrice et enseignante à l’université de Batna», a-t-il ajouté. C’est une première en Algérie, puisque cette formation a été conçue en partenariat avec l’ensemble des réseaux de la fondation Anna Lindh de la région MENA (Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte, Jordanie et Liban).
Elle a été initiée pour «renforcer les capacités des promoteurs de l’art par des programmes entrepreneuriaux innovants et créateurs d’alternatives», a ajouté le communiqué. Et de poursuivre : «Elle a été aussi conçue de manière à développer l’esprit critique, à générer des idées créatives et à mettre en place une méthodologie pour assimiler l’ensemble des outils d’entreprenariat». Pour cela, plusieurs unités thématiques ont été programmées en liaison avec les fondamentaux de l’industrie créative, des outils et challenges de l’entrepreneuriat, des modèles alternatifs à l'organisation de festivals, d’événements et de conférences, et des réseaux de travail collaboratif ainsi que des médias sociaux et digitaux.
Selon Mouloud Salhi, «au bout de 6 jours de formation, les jeunes formés ont engrangé un important background de compétence qui leurs permettront d’entreprendre des projets innovants générateurs de richesse et d’emploi». C’est un peu aller vite en besogne, puisque cette formation devra être complétée par une expérience de terrain lui permettant d’atteindre pleinement ses objectifs et de concrétiser ce qui a été appris durant les sessions de formation. La compétence, à notre avis, s’acquiert sur le terrain en apprenant à faire face aux impératifs et nombreux obstacles rencontrés, qui suscitent généralement le découragement de nombre d’organisateurs de projets culturels.
Mais toujours aussi optimiste et encourageant, le président de l’Etoile Culturelle d’Akbou, initiateur de cet ambitieux programme de formation, ajoute dans son communiqué : «Cet espace de facilitation a aussi permis à ces promoteurs culturels d’exprimer leurs potentiels, de libérer leurs énergies artistiques et leur a permis de s’approprier une vision nouvelle pour une meilleure concrétisation de leurs projets». Il est certain que la formation peut, en effet, libérer les énergies et encourager les initiatives, si toutefois les apprenants décident de se jeter à l’eau. Car, il ne suffit pas de prendre d’excellents cours pour acquérir des compétences.
Il faut aussi savoir mettre en pratique les règles et techniques apprises, en ayant suffisamment d’intelligence pour savoir les adapter à la réalité de l’environnement dans lequel ces projets devront être mis en place. Rappelons que IPOW soutient les artistes et les communautés créatives vivant dans les zones de conflits afin de construire un réseau solide, créer un changement social grâce à la créativité et démontrer l’importance de l’art dans l’espace public, dans la vie sociale et le débat dans la société. Cinq domaines principaux sont à relever : les réseaux numériques, la recherche universitaire, l'entrepreneuriat créatif, des espaces de création et de production artistique.
Si cette initiative est hautement louable, il n’en demeure pas moins vrai que les animateurs culturels de notre pays ont grandement besoin de multiples formations qui les aideraient à passer du stade du bricolage et de l’improvisation à celui de la programmation et de l’organisation professionnelle des événements envisagés. Il y a aussi un grand besoin de changer l’environnement.
C’est pourquoi il faut s’organiser en réseaux solidaires qui auront assez de poids et d’influence pour peser dans les rapports de force continuel entre la vie artistique et celle dirigée par les pouvoirs publics, régie par une organisation administrative rigide, lourde et handicapante. Le combat risque d’être long et la multiplication de ce genre d’initiatives est une nécessité absolue.
Par N. Si Yani - Source de l'article Depechedekabylie
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