Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté un document avant-gardiste : la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Les 48 pays qui l'ont avalisé dès le départ se sont engagés à honorer et préserver les droits inhérents à tous les êtres humains, indépendamment de leur nationalité, âge, sexe, orientation sexuelle, allégeance religieuse ou background socio-économique. Les signataires étaient conscients du fait que les violations des droits de l'homme se répandaient au-delà des frontières nationales et menaçaient la paix, la sécurité et la stabilité. Parmi ces 48 pays figurait le Liban.
Le Liban et les autres signataires de la Déclaration reconnaissaient, judicieusement, que les droits de l'homme ne sont pas un concept abstrait. Au contraire : l'histoire a prouvé que les États et les sociétés sont forts et résilients uniquement lorsque les droits de l'homme sont respectés, lorsque le débat est libre et ouvert et lorsque la participation est active et bienvenue. L'Union européenne est attachée à une telle ligne de conduite dont l'ambition est de promouvoir et protéger les droits de l'homme, la démocratie et le règne de la loi.
Alors que les droits de l'homme sont violés quotidiennement, que les conflits autour de nous augmentent, que les inégalités ne font que s'accroître, il est devenu plus nécessaire que jamais d'œuvrer en faveur des droits de l'homme. De ce fait, les droits de l'homme sont un élément essentiel de notre politique au sein de l'Union européenne, mais aussi au niveau de notre coopération avec les pays un peu partout dans le monde.
Au Liban, plusieurs développements positifs et encourageants dans le domaine des droits de l'homme ont été enregistrés au cours des deux dernières années, notamment l'adoption de la loi établissant l'Institut national des droits de l'homme, la création d'un mécanisme national de prévention pour enquêter sur l'usage de la torture et des mauvais traitements et, plus récemment, la loi – tant attendue – contre la torture. Dans un contexte marqué par des risques sécuritaires et par un recul de la protection des droits de l'homme dans plusieurs pays de la région, l'adoption de cette législation constitue un acquis important et montre que le Liban reconnaît un fait essentiel, à savoir que la torture et les autres violations des droits de l'homme ne sauraient rendre un pays stable.
La mise en application de ces lois devra être la prochaine étape importante. Dans ce cadre, il sera vital de rendre totalement opérationnels l'Institut national des droits de l'homme et le mécanisme national de prévention contre la torture. Rendre ces deux instances opérationnelles offrira au Liban l'opportunité de se positionner en champion des droits de l'homme et de la démocratie dans la région. Nous espérons que le gouvernement libanais finalisera au plus vite l'établissement de ces institutions. Aussitôt que cela sera réalisé, l'Union européenne sera prête à accorder un soutien supplémentaire, une assistance technique et une expertise.
Cela complétera le travail que nous effectuons déjà ensemble pour la promotion des droits de l'homme. L'un des projets en cours est de soutenir le gouvernement libanais pour mettre en place un mécanisme national de coordination. Cela assurera un suivi de haute qualité et une interaction en rapport avec les mécanismes de droits de l'homme. Un premier séminaire regroupant les responsables du dossier des droits de l'homme dans tous les ministères se tiendra lundi sous le patronage du ministre d'État pour les Droits de l'homme Ayman Choucair, qui est fortement engagé dans ce processus. Ensemble, le mécanisme national de coordination, l'Institut national des droits de l'homme et le mécanisme national de prévention offrent la possibilité non seulement d'améliorer les conditions des droits de l'homme mais également le développement durable au Liban, d'une manière générale.
Un autre exemple d'une coopération réussie entre l'Union européenne et le Liban est la mise en place d'une unité d'examen psychologique et médico-légal au Palais de justice de Tripoli, la première du genre. L'UE a également financé un projet à la prison de Kobbé, à Tripoli, pour améliorer les conditions de détention et l'accès aux services de base grâce à la réfection d'une partie des installations de la prison et la création d'un centre médical et de réhabilitation.
Nous aspirons à l'application de nouveaux projets prévus en étroite coopération avec le gouvernement libanais. L'un de nos principaux objectifs est de soutenir l'établissement d'une structure judiciaire juvénile accueillante au sein de laquelle la détention d'enfants serait le dernier recours. Compte tenu du fait que la lutte contre le terrorisme figure en tête des préoccupations des autorités libanaises, l'Union européenne aidera également le Liban à intégrer dans son système judiciaire pénal une approche fondée sur les droits de l'homme, y compris pour les crimes liés au terrorisme.
Près de 70 ans plus tard, le monde est encore loin du respect total des engagements prévus dans la Déclaration des droits de l'homme, et nous reconnaissons que nous devons tous faire davantage sur ce plan. L'Union européenne continuera à préserver et promouvoir le caractère universel des droits de l'hmme là où ils sont violés ou remis en question, à l'intérieur ou en dehors de nos frontières. Nous demeurons engagés à soutenir le Liban, aussi bien au niveau du gouvernement que des citoyens libanais, pour mener à bien conjointement cette mission.
Par Christina Lassen (Chef de la Délégation de l'Union européenne au Liban) - Source de l'article l'Orient le Jour
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