Une année habituelle : sous la chaleur
étouffante de l’été méditerranéen, badauds et touristes assistent avec
indifférence au ballet des forces d’intervention chargées de stopper l’avancée
de feux de forêt ordinaires. La même scène se déroule tous les ans.
Une
année noire : 2000 et 2007 figurent parmi les pires dates que les habitants du
pourtour méditerranéen gardent en souvenir. Pendant que des millions de
touristes se prélassent sur les plages de la grande bleue, des régions entières
sont happées par les flammes. Des incendies gigantesques se répandent en
France, Grèce, Croatie, Italie, Espagne, Turquie et Algérie. Ils emportent ou
endommagent des centaines de maisons, viennent tutoyer les faubourgs des
grandes capitales. L’attaque est violente. Le danger n’est plus circonscrit à
des espaces éloignés. Les télévisions du monde entier découvrent le visage
effrayé des riverains, tandis que des dizaines de victimes humaines sont à
déplorer. La catastrophe n’est plus un concept, elle est devenue réalité.
L’anarchie
des constructions, l’inaction des autorités politiques, la mauvaise gestion des
ressources forestières et un aménagement déficient sont immédiatement dénoncés.
Le discours géographique et les questions environnementales font irruption dans
les conversations courantes et le public découvre leurs applications concrètes.
Ces événements sont-ils exceptionnels ? Les épisodes tout aussi sombres de 2009
et 2010 tendent à démontrer le contraire. Les grands incendies deviennent des
phénomènes réguliers, toujours plus menaçants, qui questionnent directement nos
modes d’occupation de l’espace et notre rapport à l’environnement « naturel »
immédiat.
Le
vol.1/2014 de Méditerranée est consacré aux incendies catastrophiques qui ont
jalonné l’histoire du bassin méditerranéen au cours de la dernière décennie,
avec une attention particulière portée à l’interface ville-forêt. Au-delà du
nécessaire diagnostic territorial et de la mesure des dégâts occasionnés, les
contributeurs sont invités à s’interroger à l’amont sur les conditions
d’apparition de ces incendies (les « désordres » préalables) et, à l’aval, sur
les effets spatiaux et sociaux induits par ces événements.
La
vulnérabilité des installations humaines sera observée sous l’angle des
politiques d’aménagement du territoire et/ou de l’absence de telles politiques.
Derrière l’opposition consacrée entre associations de protection de
l’environnement et autorités politico-économiques, les auteurs s’interrogeront
sur les luttes de pouvoir sous-jacentes et décortiqueront les différents
conflits d’usage du sol.
Ce
volume ne porte pas sur l’étude des changements climatiques qui permettent
l’apparition et la propagation à grande échelle des incendies. La vulnérabilité
de l’environnement méditerranéen sera également considérée comme un phénomène
connu qu’il n’est pas besoin de démontrer.
Une
question générale sera mise au centre de la réflexion: les « grandes
catastrophes » sont-elles indispensables pour rendre obligatoire la révision
des politiques d’aménagement et susciter des réformes législatives d’ampleur ?
Autrement dit, les désastres sont-ils le seul moyen de remettre en cause des «
ordonnancements » territoriaux, à l’instar des crises dans le domaine
économique ? Les administrations et les acteurs territoriaux sont-ils condamnés
à l’échec permanent ? De toute évidence, de nombreux plans de prévention
doivent être revus. Comment seront-ils modifiés ?
Comme
toujours, Méditerranée accepte les contributions d’auteurs issus de disciplines
scientifiques diverses : géographie, foresterie, sciences politiques,
aménagement urbain et rural, économie. De l’étude localisée aux travaux
couvrant l’ensemble du domaine méditerranéen, toutes les échelles d’analyse
sont acceptées. Une attention particulière sera accordée à la production
cartographique.
Afin
de compléter le thème par une approche comparée, nous sollicitons également la
soumission de textes qui traitent des grands incendies survenus en Russie en
2010, en Australie en 2009 et en Californie en 2007.
Pour toute information et
soumission, merci de contacter:
Régis Darques, CNRS-Université Montpellier III, France (regis.darques@univ-montp3.fr )
Georges Sidiropoulos, Université de l’Egée, Grèce (geos@aegean.gr)
Cristina Montiel, Université Complutense de Madrid, Espagne (crismont@ghis.ucm.es)
Modalités de soumission
Et/ou
de visiter le site http://mediterranee.revues.org
Date
limite de soumission: Juin 2013
English version : Mediterranean
Great Wildfires Which reply to environmental disasters ?
Fichiers attachés
Source de l'information Calenda
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