Économie : La Méditerranée, un partenaire fragile

Depuis mercredi, la ville française de Marseille accueille la 9e Semaine économique de la Méditerranée, l’occasion de débattre des enjeux économiques de la zone et des partenariats possibles. Si l’intégration de l’économie algérienne dans cette zone est marginale, certains projets sont des réussites.

 
«On peut concurrencer les marchés asiatiques». Saïd Benmerad, ancien responsable de P3A, le programme d’appui de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, est catégorique : «L’espace économique méditerranéen a un immense potentiel et l’Algérie doit s’en servir». S’il affirme que la volonté politique de «créer une force économique méditerranéenne est partagée», il admet que cela «met du temps à se mettre en place».

«Ce qui pourrait booster les partenariats méditerranéens, c’est la perspective d’aller plus loin ensemble, d’exporter les produits méditerranéens dans d’autres régions du monde». Aujourd’hui, les deux secteurs algériens les plus concernés sont la pêche et l’agroalimentaire. Les 50 millions d’euros d’aide de l’Union européenne sont versés aux organismes publics et ne touchent pas directement les entreprises. Les premiers partenaires commerciaux sont les Français, suivi par les Syriens, mais cela est lié aux facteurs historiques plus qu’à un intérêt spécifique pour la Méditerranée.

Les Espagnols et les Portugais ont beaucoup investi dans la construction et le bâtiment, les Turcs ont de gros projets de partenariats avec des entreprises privées de textile par exemple ; cependant ces initiatives ont surtout une vocation commerciale et ne tendent pas à développer un secteur. Au mois de septembre, dans une salle de la Safex, une trentaine de personnes étaient réunies pour lancer les premières bases d’un partenariat avec l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier, dans le cadre du programme étatique de renforcement des capacités du secteur.

Terrain

Ce jour-là, un cadre du ministère du Commerce reconnaissait un échec : «Nous avons essayé de rendre les activités industrielles agroalimentaires attractives, mais ça n’a pas marché. On ne s’est adressé qu’aux opérateurs économiques, on s’est peut-être trompé de cible. Il faudrait peut-être s’adresser aux agriculteurs».

Parmi les participants, des experts soulignent que toute tentative de développer le secteur devrait partir du terrain : «Il existe des initiatives locales intéressantes, il faut les coordonner pour aider à créer de la valeur dans les filières. Jusqu’à aujourd’hui, les partenariats ont été faits au profit des directeurs, il faut s’adresser aux chambres de commerce locales». Au micro, on évoque le potentiel, à long terme, d’exportation vers le marché africain.

Mais l’expérience algérienne de partenariat la plus aboutie, le développement des appellations d’origine contrôlée pour les figues, les dattes ou l’huile d’olive, laisse certains experts sceptiques. «Le marché algérien absorbe beaucoup de produits chers de mauvaise qualité qu’il serait impossible d’exporter. Malgré un label, ce ne sont pas ces produits qui aideront au développement de l’agroalimentaire», regrette un spécialiste.

Quels secteurs l’aire méditerranéenne pourrait-elle favoriser ? «Le tourisme, répond Saïd Benmerad. Le Sud pourrait s’inspirer de la façon dont le Nord a valorisé son patrimoine». L’industrie alimentaire reste un atout. L’expert ajoute : «Pour assurer la sécurité alimentaire de la zone, on pourrait promouvoir la diète méditerranéenne. Sur les produits comme la tomate ou l’huile d’olive, la Méditerranée peut concurrencer les marchés asiatiques, à condition de travailler ensemble».

Par Leila Beratto - Source de l'article El Watan

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