Cevital déploie sa logistique de part et d’autre de la Méditerranée

Numilog en Algérie et au Maroc, CTLOG International en France… Le groupe d'Issad Rebrab multiplie camions et entrepôts et encourage les synergies entre ses filiales. Résultat : une croissance éclair.


En septembre 2012, Numilog Algérie, la filiale de transport et de logistique du géant agro-industriel Cevital (dirigé par Issad Rebrab), se résumait à une poignée de salariés et à quelques remorques. Trois ans et demi plus tard, la société compte 1 200 employés, 800 camions, trois grandes plateformes (représentant une capacité de stockage de 100 000 m2) et 35 centres logistiques régionaux à travers le pays. Et elle affiche « une croissance annuelle de plus de 40 % du chiffre d’affaires », affirme, sans en dévoiler le montant, Hamid Chader, ancien directeur général de Numilog et artisan de cette croissance éclair.

« J’ai été recruté en soumettant une proposition très précise de stratégie de développement de la chaîne logistique, en parallèle de l’activité transport », rappelle, en guise d’introduction, ce cadre de 51 ans devenu en novembre 2014 directeur général de la division services et logistique de Cevital, qui rassemble, en plus de Numilog Algérie, quatre autres filiales : Numilog Maroc, CTLOG International (en France), Nolis (transport maritime) et Atlas Pneus Michelin.

Numilog, futur numéro un du secteur ?

L’objectif de cet ancien directeur régional de Dia, filiale du groupe français Carrefour, est clair : Numilog doit devenir une référence dans le métier. Car, depuis sa création en 2007, la société vivote. Avec l’arrivée de Hamid Chader, en 2012, Numilog a entamé sa mue : modernisation des équipements, informatisation de toute la chaîne logistique (de la commande à la livraison), mise en place d’une hotline, formation des équipes… Les grands moyens sont déployés afin de permettre à la société de se développer.

Numilog s’appuie sur la solidité financière de Cevital, premier groupe privé algérien avec un chiffre d’affaires évalué à 2,9 milliards de dollars en 2014 (environ 2,4 milliards d’euros), mais surtout sur les filiales du conglomérat (Numidis dans la distribution, Cevital Agro-industrie, Samha dans l’industrie), qui deviennent ses premiers clients.

    La filiale logistique a étendu ses services à des clients extérieurs et compte, depuis deux ans, une dizaine de marques

« Numilog est un partenaire incontournable », atteste le directeur général de Numidis, Karim Nabi, qui veille depuis un an au développement des supermarchés et des hypermarchés Uno à travers l’Algérie. « Grâce aux plateformes et aux camions Numilog, les six magasins Uno fonctionnent sur du J+1, c’est-à-dire qu’entre la commande et la livraison il ne s’écoule pas plus de vingt-quatre heures », précise-til. Forte de cette expérience, la filiale logistique a étendu ses services à des clients extérieurs et compte, depuis deux ans, une dizaine de marques, principalement agroalimentaires, dans son portefeuille : Candia (lait), Saïda (boissons), Hayat (couches pour bébé)…

Tandis que Numilog assoit sa croissance en Algérie, devenant rapidement compétitif sur un marché de la logistique encore peu concurrentiel, Issad Rebrab rachète en avril 2014 l’entreprise française d’électroménager FagorBrandt. C’est le début d’une nouvelle ère pour la branche industrie de Cevital, qui annonce dans la foulée la construction d’une seconde usine à Sétif avec une capacité annuelle de 10 millions d’unités de produits électroménagers destinés au marché algérien et à l’export… mais aussi pour Numilog, qui doit se préparer à l’intensification des échanges commerciaux avec l’Europe et ses voisins maghrébins.

Les nouvelles filiales de Cevital

Pour ce faire, Cevital a mis en place de nouvelles filiales de transport et de logistique dévolues à l’international. Dans le royaume chérifien, Numilog Maroc se construit rapidement, depuis juin 2015, avec la location d’un entrepôt de 5 000 m2 près de Casablanca et l’installation d’une équipe d’une dizaine de salariés chargés, pour l’instant, d’accompagner le déploiement de la filiale d’électroménager Brandt Maroc.

En France, CTLOG International a été créée en décembre 2014 avec un capital social de 100 000 euros. De droit français, la nouvelle société est présidée par Hamid Chader – qui a entre-temps été remplacé par Safi Lazreg à la tête de Numilog.

En juin, CTLOG International a acquis à Saint-Martin-de-Crau (sud de la France) un terrain de 76 000 m2. « Un entrepôt moderne de 46 600 m2 et de 11,60 mètres de hauteur y est en construction, détaille Hamid Chader. Les travaux, débutés l’été dernier, seront bientôt terminés, pour une mise en exploitation de la plateforme prévue mi-mai. »

Coût de l’opération : plus de 25 millions d’euros, concède le responsable sans fournir plus de détails. Situé à la fois à proximité des ports de Marseille et de Fos-sur-Mer et sur l’axe autoroutier Paris-Espagne-Italie, ce nouveau hangar constitue une pièce maîtresse de la commercialisation en Europe des produits sortis des usines de Cevital. Mais « dans un premier temps, CTLOG International sous-traitera la distribution aux meilleurs transporteurs opérant en France », précise Hamid Chader.

En Algérie, l'informel domine

Difficile d’obtenir des données sur le secteur transport et logistique en Algérie, tant le marché demeure éclaté entre une multitude d’opérateurs évoluant souvent dans l’informel. Les professionnels estiment ainsi que près de 70 % du parc de transport de marchandises est détenu par des artisans propriétaires d’un ou deux camions, tandis que les 30 % restants sont l’affaire de quelques grandes entreprises.

Parmi celles-ci, la Flèche bleue algérienne et Anderson Logistique, dotées d’une flotte de plus de 400 camions chacune, se positionnent comme les leaders du secteur privé, lequel capte plus de 80 % du marché. Les 20 % restants correspondent aux parts de la Société nationale des transports routiers (SNTR) : l’opérateur public s’est associé depuis mars 2015 avec le groupe français APRC pour constituer un réseau national de plateformes logistiques et de distribution.

Par Chloé Rondeleux - Source de l'article Jeune Afrique

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