C'est à travers un projet baptisé Sleidse que les deux entités vont intervenir pour aider la Libye à se remettre sur une orbite économique viable.
Les informations concernant la réduction de la poche de Daech à Syrte ont fait plus de bruit et, pourtant, l'initiative de la France et de l'Union européenne pour aider la Libye à repartir vaut qu'on s'y arrête.
En effet, alors que la situation politique, économique et sécuritaire en Libye est toujours instable, l'Union européenne et la France ont lancé, le 28 novembre, le premier projet d'appui à la reprise économique dans ce pays. Dénommé Sleidse pour Support to Libya for Economic Integration, Diversification and Sustainable Employment, ce projet de 7,6 millions d'euros piloté, depuis Tunis, par l'agence de coopération technique internationale Expertise France. Il vise à diversifier l'économie libyenne et à favoriser l'entrepreneuriat des jeunes.
Regarder l'avenir en appuyant la jeunesse
« Ce projet est un signal fort pour la Libye, pour la jeune génération, en vue de tourner une page », a souligné l'ambassadrice de l'Union européenne à Tripoli, Bettina Muscheidt, lors du lancement du projet. Un geste de soutien au peuple libyen salué par le vice-président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale, Moussa Al-Koni. « C'est la situation de la jeunesse qui nourrit aujourd'hui l'insécurité dans le pays. C'est cette même jeunesse qui construira la stabilité », a-t-il relevé. Une jeunesse privée d'emploi. « La situation économique libyenne est dramatique », a d'ailleurs reconnu Essam Garbaa, directeur de la coopération technique internationale au ministère libyen de la Planification. La chute drastique de la production et des exportations de pétrole, en raison du conflit, a mené au désastre économique. L'or noir constitue en effet plus de 80 % des revenus du pays. Conséquences : l'État libyen n'a plus guère de ressources, ses réserves en devises s'épuisent, il est incapable de financer sa reconstruction. Dans le pays, l'inflation tourne autour de 25 %. L'argent ne circule pas.
Anticiper pour éviter que l'économie s'effondre
Dans un rapport le mois dernier, la Banque mondiale s'est ainsi alarmée du risque d'effondrement de l'économie libyenne. Le directeur au ministère de la Planification a toutefois voulu voir une éclaircie, tablant sur une reprise de la production et des exportations de pétrole dans les prochains mois, pour atteindre un million de barils d'ici à la fin de l'année. Surtout, « il y a un réel mouvement économique venant du secteur privé, qui investit à l'intérieur du pays, dans le secteur immobilier notamment. [...] Les jeunes brûlent de créer leur entreprise, ils ont de l'énergie, de l'ambition. Des opportunités existent dans l'artisanat, le tourisme, les technologies de l'information. Leur manquent les financements et d'être soutenus, formés », a souligné Essam Garbaa. En Libye, la culture de l'entrepreneuriat est quasi absente. Près de 80 % de la population active travaille en effet dans le secteur étatique. « L'objectif sur quatre ans du projet Sleidse est d'accompagner 500 nouvelles entreprises, sur tout le territoire, pour la création ou le financement », a indiqué Alexandre Chatillon-Mounier, directeur de projet Appui au secteur privé chez Expertise France. Concrètement, des relais et structures d'accompagnement seront mis en place auprès des chambres de commerce, en partenariat avec les universités, les municipalités. En attendant, près d'un millier de jeunes Libyens se sont inscrits sur la plateforme de formation en ligne du projet Sleidse. Plus de 3 000 sur la page Facebook.
Favoriser l'employabilité et le financement en faveur des jeunes Libyens
Selon une étude commanditée auprès du cabinet Altai Consulting, 50 % des jeunes Libyens ont un diplôme universitaire, niveau licence, master ou doctorat. Les jeunes Libyens sont bien éduqués, mais manquent d'employabilité. Une forte proportion, 36 %, est prête à créer son entreprise, tandis que 21 % souhaitent travailler dans le secteur privé. Mais l'accès aux financements reste un problème majeur pour près de 60 % des 15 000 jeunes sondés. Pour y remédier, la Banque centrale libyenne s'active à mettre en place un fonds de garantie. « Les banques commerciales répugnent à prêter leurs fonds en dépôts, en l'absence d'institutions garantissant le risque », explique Ezzeddine Ashur, responsable à la Banque centrale de Libye.
Dans le pays, les effets tragiques du conflit se font aussi sentir au niveau des infrastructures de base. Tout est à refaire : adduction d'eau, gestion des eaux usées, réparation des centrales électriques, remise sur pied de l'éducation… Les besoins sont vastes. « Pour redémarrer, cela nécessitera des milliards de dinars », précise Essam Garbaa. Et dans ce domaine, les entreprises françaises sont sur le qui-vive. « Elles sont prêtes à revenir en Libye, sitôt que la sécurité le permettra », indique Brigitte Curmi, ambassadrice de France à Tripoli.
Par Christelle Marot - Source de l'article Le Point Afrique
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