L'incubateur Berytech a lancé hier un programme permettant la création d'un centre d'innovation pour l'agro-alimentaire high-tech, appelé Agrytech, à l'hôtel Four Season de Beyrouth.
Ce programme, conjointement financé par l'ambassade des Pays-Bas et Berytech – à hauteur d'environ 3,3 millions de dollars –, vise à créer un accélérateur pour les start-up dans le secteur de l'agro-alimentaire, avec pour slogan « Catalysons les innovations de la ferme jusqu'à la fourchette ». « Le programme a pour but d'aider les start-up aux » innovations perturbatrices « dans le secteur agro-alimentaire et de leur fournir un appui pour qu'elles puissent se transformer en entreprise à succès, ainsi que les outils techniques et commerciaux adéquats afin qu'elles puissent accéder aux marchés internationaux », explique le PDG de Berytech, Maroun Chammas.
Les start-up et entrepreneurs sont appelés à postuler en ligne jusqu'au 9 mars. « Les candidatures sont ouvertes à toutes les start-up et PME, qui en sont à l'étape de l'idée, avec des solutions techniques dans les domaines de l'agro-alimentaire, notamment au niveau de la robotique, la télédétection, l'automation, l'automatisation, le commerce en ligne, la traçabilité, les paiements, le Big Data, l'intelligence artificielle, les capteurs, l'IOT, l'internet, le paiement via mobile, les drones, la logistique, entre autres », explique Ramy Boujawdeh, directeur général adjoint de Berytech.
Quelque trente start-up seront sélectionnées et obtiendront un fonds de 3 300 dollars, ainsi qu'un support technique et commercial pour développer leur idée, l'évaluer, déterminer sa faisabilité et sa pénétration sur le marché, pendant deux mois. Ensuite, quinze start-up seront sélectionnées pour la phase d'accélération et financées à hauteur de 16 000 dollars, qui permettra de développer leurs idées avec un support technique et un mentorat. Enfin, huit start-up continueront le programme en entrant dans la phase d'incubation et de croissance, avec un financement de 22 000 dollars, sur six mois, qui a pour but de faire passer la start-up dans sa phase d'investissement et d'accès au marché. Le programme Agrytech inclut également une plate-forme en ligne, qui a pour objectif de sensibiliser à la nécessité d'intégrer des technologies innovantes dans le secteur de l'agro-alimentaire.
Productivité
Selon les interlocuteurs, l'enjeu principal de l'intégration des nouvelles technologies dans le secteur de l'agro-alimentaire reste l'augmentation de la productivité, pour répondre au défi de la sécurité alimentaire, dans un contexte de raréfaction des terres et des ressources et d'augmentation de la demande. Car la production alimentaire devrait augmenter de 70 % pour nourrir 2,3 milliards de personnes de plus d'ici à 2050, note un rapport publié en 2009 par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. S'il n'existe pas de projection similaire pour le Liban, le pays est toujours confronté à une réduction de son espace agricole disponible.
« Au Liban, la terre est limitée et difficile à cultiver, donc les rendements peuvent être beaucoup plus importants qu'ils ne le sont aujourd'hui si l'on y introduit des nouvelles technologies », explique Maroun Chammas à L'Orient-Le Jour. « Nous espérons que ces innovations technologiques seront utilisées par les producteurs libanais, ce qui va permettre à terme d'améliorer la compétitivité de la production libanaise », confirme Ramy Boujawdeh. « Pour étendre la production agricole du Liban, il est nécessaire d'innover, d'implémenter de nouvelles technologies et d'embrasser les dernières avancées scientifiques et meilleures pratiques », souligne Han-Maurits Schaapveld, chargé d'affaires de l'ambassade des Pays-Bas au Liban. Il rappelle que les Pays-Bas sont le deuxième plus grand exportateur de produits agricoles et de produits alimentaires et ont intégré de nombreuses nouvelles technologies dans leur chaîne de production pour plus de productivité.
Création d'emploi
L'autre objectif de ce programme est de développer le tissu entrepreneurial libanais dans ce secteur, présenté comme ayant un fort potentiel d'emploi. « Agrytech a pour but d'accélérer la création d'emploi, alors que le Liban subit une fuite de ses cerveaux, de développer les capacités des petites et moyennes entreprises (PME) libanaises et des start-up, de fournir un support pour un secteur agro-alimentaire plus innovateur dans la région », souligne Maroun Chammas. « Les PME représentent plus de 90 % des sociétés au Liban et emploient la moitié de la population. Toutefois, leur contribution s'élève approximativement à un tiers du revenu total, nombre disproportionné au regard du nombre de PME ; cela implique une importante marge à accroître. Et la même logique s'applique au secteur agroalimentaire », soulève Rafif Berro, directeur du programme du PNUD au ministère de l'Économie et du Commerce, représentant le ministre Raëd el-Khoury.
Troisième aspect, renforcer le potentiel d'exportation non seulement des produits agro-alimentaires libanais, mais aussi des innovations technologies du secteur. « Au départ, le Liban est notre marché test, mais l'objectif est d'atteindre les marchés de la zone Mena et d'Europe », indique Ramy Boujawdeh à L'OLJ. « Ce programme permettra de supporter les exportations dans la région et en Europe, en utilisant les liens avec des sociétés leaders sur le marché aux Pays-Bas », confirme Maroun Chammas.
Et plus concrètement, un cluster, qui regroupera plusieurs compagnies du secteur de l'agro-alimentaire, sera mis en place dans deux ans afin de les aider à innover et à accéder à de nouveaux marchés, grâce aux experts de Food Valley, l'une des premières communautés mondiales soutenant l'innovation dans les secteurs agricoles et alimentaires basée aux Pays-Bas et partenaire du programme.
Par Céline Haddad - Source de l'article l'Orient le Jour
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