Maghreb - Machrek : Moody's juge les perspectives économiques stables

L'agence de notation passe au crible les économies du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Résultat : l'Égypte, le Maroc et la Tunisie sont en "perspective stable".

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Sur fond de baisse des prix de l'énergie et des réformes dans l'ensemble de la région, l'agence de notation Moody's a maintenu une perspective stable pour la solvabilité souveraine de la Tunisie, la Jordanie, le Liban, le Maroc et l'Égypte, dans son rapport « Les perspectives souveraines – Proche-Orient et Afrique du Nord : perspectives 2017 », publié le 15 janvier dernier.

Réduction de l'endettement extérieur

Selon le rapport qui représente une mise à jour des marchés et ne constitue pas une action de notation, « l'amélioration de l'élan de croissance et l'accès aux sources de financement externe dans les programmes du Fonds monétaire international (FMI) dans quatre des cinq pays du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord confirment nos perspectives de crédit stables pour la région », a déclaré Elisa Parisi-Capone, vice-présidente chez Moody's. En effet, à l'exception de la Tunisie, tous les pays bénéficient de bases de financement interne qui réduisent leur dépendance à l'égard de l'endettement extérieur, même avec des niveaux d'endettement élevés et des besoins financiers bruts qui passent de 55,6 % du PIB en Égypte à 30,8 %, 21,5 % en Jordanie, 12,2 % au Maroc et 9,4 % en Tunisie.

L'Égypte conserve la plus haute appréciation de la région

La décision de la banque centrale s'inscrit dans le cadre d'un ensemble de 
réformes liées à l'obtention d'un prêt de 12 milliards de dollars du FMI. © AFP

L'économie égyptienne connaîtra une croissance de 4,0 % en 2017 et de 4,5 % en 2018. Le ratio d'endettement atteindra 105,9 % du PIB en 2017 avant de redescendre à 105,5 % en 2018. Des bons résultats qui contrastent avec la série de chocs extérieurs que connaît le pays. Cette croissance sera soutenue en grande partie par la consommation privée, ainsi que par l'augmentation des investissements publics et privés. « Nous nous attendons à ce que les incitations à l'investissement découlant de la récente dévaluation de la livre égyptienne l'emportent sur les défis à court terme liés à l'augmentation de l'inflation et à la réduction du pouvoir d'achat des consommateurs nationaux », a déclaré Moody's.

L'Égypte a mis en place en novembre 2016 un certain nombre de réformes favorables au crédit dans le cadre de son programme de prêts de 12 milliards de dollars sur trois ans avec le Fonds monétaire international (FMI), notamment l'introduction en août d'une taxe sur la valeur ajoutée et le passage à un système de taux de change flexible, en plus de nouvelles réformes des subventions aux carburants en novembre. Les subventions et les transferts représentent 35 % des dépenses, tandis que les dépenses d'intérêts représentent 22 %.

D'autres aspects clés du programme du FMI incluent une réforme complète des subventions énergétiques pour libérer des ressources pour la santé, l'éducation et la protection sociale, ainsi que des efforts pour contenir la masse salariale du secteur public. Cela dit, « les considérations de stabilité sociale face aux réformes impopulaires des subventions pourraient ralentir l'élan des réformes du gouvernement », a affirmé Moody's.

Le Maroc préserve sa note Ba1 stable auprès de Moody's

Banque centrale du Maroc. © DR

L'agence souligne le rôle important des réformes économiques dans la croissance du royaume. Moody's parie sur une augmentation de la croissance à 3,5 % en 2017 et à 4 % en 2018. Des chiffres sur lesquels les autres institutions (FMI, BMI Research, Bank Al-Maghrib) s'accordent en se basant sur les performances futures de l'économie marocaine. Selon l'agence de notation, il faut s'attendre à une meilleure productivité globale et à une activité moins volatile dans le secteur agricole qui dépend des précipitations. Les réformes entreprises par le gouvernement, conformément aux plans du Fonds monétaire international, garantissent au Maroc l'appui de la ligne de liquidité de 3,47 milliards de dollars.

Tunisie, des défis et des opportunités...

Devant la banque centrale de Tunisie. © DR

L'exercice a été moins aisé pour Moody's en Tunisie, tant la situation du pays est engluée. Et les perspectives négatives attribuées reflètent un resserrement des conditions de financement externe lié à l'endettement en devises et à la structure de financement, souligne Moody's qui prévoit un déficit de la balance des opérations courantes de la Tunisie à hauteur de 7,5 % en 2017 et de 7,3 % en 2018.

Le budget 2017 voté à la mi-décembre 2016 prévoit une réduction du déficit public de la Tunisie, à 5,4 % du PIB contre 6,5 % cette année. Il table parallèlement sur un rebond de la croissance (2,5 %). Son adoption intervient alors que l'actuel budget 2016 a, lui, connu un net dérapage, avec un déficit à la fin octobre estimé par la Banque centrale (BCT) à 1,5 milliard d'euros. Engluée dans la morosité économique depuis sa révolution de 2011, la Tunisie a dû conclure en mai un nouveau plan d'aide du FMI, d'un montant de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans. En raison de la détérioration des finances publiques, l'agence de notation Moody's avait initialement prévenu que la note accordée à la dette souveraine du pays (« Ba3 ») pourrait être abaissée. Cela n'a finalement pas été le cas.

En conclusion, la baisse des prix de l'énergie a contribué davantage au rééquilibrage externe graduel de la région et à compenser le recul du secteur touristique, de l'investissement étranger direct et la réduction des transferts financiers des pays du Conseil de coopération du Golfe. Moody's note que les risques domestiques et géopolitiques restent parmi les principaux moteurs du risque d'événement dans les profils régionaux de crédit souverain, en particulier en Égypte, au Liban et en Tunisie.

Par Joyce Edimo - Source de l'article Le Point Afrique

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