Le MuCEM, rêve bleu des civilisations de la Méditerranée

Le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerannée (MuCem), vu de nuit.Inauguré le 4 juin par François Hollande, le MuCEM ouvre ses portes au public le 7 juin. Le premier musée national français installé en région est une véritable cité culturelle doublée d’une prouesse architecturale.

C’est une figure insolite qui ouvre l’exposition permanente du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) : un pingouin. « Quand ce monsieur s’en va, la Méditerranée commence », s’amuse Zeev Gourarier, directeur scientifique et des collections, en référence à la glaciation qui, il y a 20 000 ans, frappa l’immense région qui s’étend de l’Espagne à la Palestine, à cheval sur trois continents. À l’instar de la référence à l’animal polaire, le bâtiment en déconcertera plus d’un. En premier lieu, François Hollande qui inaugure le mardi 4 juin le tout nouveau Musée.
« C’est le premier musée consacré aux civilisations de la Méditerranée et à leurs relations avec l’Europe », a souligné Bruno Suzzarelli, président du MuCEM, au cours d’une conférence de presse qui a réuni, lundi 3 juin, plusieurs centaines de journalistes venus du monde entier. Hérité du Musée des Arts et Traditions Populaires, autrefois à Paris, ce premier musée national français installé en région regroupe plusieurs dizaines d’œuvres diverses, surtout ethnologiques, évoquant les singularités méditerranéennes : l’agriculture, les religions monothéistes, la citoyenneté et, enfin, la découverte de son statut de mer intérieure. Mais c’est aussi un bâtiment unique conçu par deux architectes, Rudy Ricciotti et Roland Carta.

Un carré de 52 mètres de côté, faisant face à la mer (Méditerranée...), et recouvert d’une enveloppe de béton en résille inspirée des moucharabieh traditionnels de l’architecture arabe. Un pont de 135 mètres, « muscle tendu » comme le dit Rudy Ricciotti, vers le Fort St Jean, complexe militaire du 17e siècle rénové pour l’occasion et transformé en jardins méditerranéens qui constituent un espace de détente et de contemplation face au musée. « D’un côté, la mer avec son bleu cobalt, son bleu outre-mer, rouge, argenté sous l’effet du mistral, s’enthousiasme Rudy Ricciotti. De l’autre, la puissance du fort et en face, la masse portuaire industrielle. »
 Un budget de 200 millions d’euro
Partie intégrante du périmètre Euroméditerranée, la plus grande opération de rénovation urbaine en Europe, le nouveau musée se situe à deux pas du Vieux Port de Marseille, où commence le port industriel construit au 19e siècle et qui connut son apogée au temps des colonies. Un musée ? « Non, un territoire », explique Rudy Ricciotti, qui voit ici se réaliser un projet qu’il avait conçu il y a dix ans. Pour l’architecte né à Alger, le MuCEM est en effet bien plus qu’un lieu où s’exposent des œuvres artistiques.

Véritable cité culturelle, le MuCEM comprend en réalité trois sites sur 44 000 m2, un restaurant et une brasserie tenue par le seul chef marseillais ayant obtenu trois étoiles au Michelin (Gérald Passedat), deux librairies, une école de cuisine. Le tout développé pour un peu moins de 200 millions d’euros. Un espace ouvert est également aménagé pour des débats, des expositions, des concerts, et même des séances de cinéma en plein air. Avec toujours le regard tourné vers la Méditerranée.


Partenariats avec le Maroc et l’Algérie
Le MuCEM a d’ores et déjà évoqué l’organisation d’expositions avec le Maroc ainsi qu’avec l’Algérie. « Notre idée est bien de nouer des partenariats avec des institutions pour produire, coproduire, accueillir, faire circuler des expositions, mettre en œuvre des projets, participer ou monter des programmes de formation et de recherche », souligne Bruno Suzzarelli. Avec une approche des civilisations en totale opposition avec la pensée sarkozyste : loin de tout européocentrisme et avec un rejet de l’idée de hiérarchie.
Le MuCEM accueille ainsi l’exposition Le Noir et le Bleu, en français et en arabe, qui offre un regard renversé sur les conquêtes européennes. Celle de l’Égypte par Bonaparte vue par le chroniqueur égyptien Al Gabarti. Celle de l’Algérie via le regard de l’émir Abdelkader, symbole de la résistance algérienne contre le colonialisme français.

Par Frédéric Maury, à Marseille – Source de l’article Jeuneafrique

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