Les ambassadeurs des Vingt-Huit se réunissent, lundi
19 août, avant les ministres des affaires étrangères, mercredi, pour tenter d'esquisser
une réponse commune à la crise politique en Egypte, et surtout déterminer quels
moyens de pression sont à leur disposition.
Parmi les options envisagées figure le gel des aides
promises à l'Egypte avant la destitution du président Mohamed Morsi par la
force, début juillet.
En novembre 2012, les Européens avaient accordé une
enveloppe de 5 milliards d'euros (6,67 milliards de dollars), dont 2 milliards
d'euros à la charge de la Banque européenne d'investissement et 2 milliards à
celle de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Une
somme qui venait s'ajouter à un programme d'aide de 450 millions d'euros pour
la période 2011-2013. Cette somme fait de l'UE l'une des principales entités
aidant financièrement Le Caire. Seul le Qatar fait mieux.
Les Qataris, qui ont hébergé, encouragé et financé
les différentes branches des Frères musulmans, dont celle d'Egypte, avaient
augmenté leur aide après l'élection de Mohamed Morsi. Aux 3,7 milliards d'euros
(5 milliards de dollars) déjà promis sont venus s'ajouter des achats
d'obligations égyptiennes pour 2,25 milliards d'euros (3 milliards de dollars).
Lire l'analyse (édition abonnés) : "La crise
égyptienne rebat les cartes diplomatiques dans la région"
Le renversement de Morsi et la répression contre les
Frères musulmans n'ont pas remis en cause cette aide. De passage à Paris,
dimanche, le ministre des affaires étrangères qatari, Khaled Ben Mohammed
Al-Attiya, a souligné que son pays "n'a jamais aidé une partie égyptienne ou
un parti politique égyptien. L'aide a toujours été fournie à l'Egypte".
Les autres principaux donateurs – le Koweit, les
Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite – avaient promis une enveloppe totale
de 9 milliards d'euros (12 milliards de dollars) peu de temps après la
destitution forcée de Mohamed Morsi.
Lundi 19 août, le chef de la diplomatie saoudienne,
le prince Saoud Al-Fayçal, a annoncé que son pays était prêt à renouveler cette
aide pour compenser tout gel des fonds européens. "Ceux qui ont annoncé
l'arrêt de leur aide à l'Egypte ou menacent de le faire doivent réaliser que la
nation arabe et islamique, avec les ressources dont elle dispose, n'hésitera
pas à apporter son aide", a-t-il déclaré.
Un poids relatifs, et des aides déjà bloquées
Une déclaration qui réduit largement les moyens de
pression que pourrait exercer l'UE. D'autant que la majeure partie de l'aide
promise est déjà bloquée, en raison de réformes démocratiques jugées
inadéquates par les bailleurs.
En outre les Vingt-Huit ne parlent pas d'une même
voix dans ce dossier. Alors que le Danemark a déjà suspendu son aide
bilatérale, équivalente à 4 millions d'euros, et appelé ses partenaires à faire
de même, l'Allemagne préfère un arrêt des livraisons d'armes.
Mais sur le versant militaire, l'UE, dont l'aide
s'est élevée à 140 millions d'euros entre 2009 et 2011, ne pèse pas beaucoup
face aux 973 millions d'euros (1,3 milliard de dollars) annuels alloués par les
Etats-Unis. Washington a demandé la levée de l'état d'urgence et n'a pour le
moment annoncé que l'annulation de manœuvres militaires communes.
Les militaires égyptiens verraient d'un plus mauvais
œil la remise en cause de l'enveloppe américaine que celle des Européens.
Celle-ci couvre près de 80 % des dépenses d'équipement de l'armée égyptienne,
selon le Service de recherche du Congrès américain (CRS). L'enjeu est également
de taille pour Israël. La poursuite de l'aide militaire américaine à l'Egypte
garantit la stabilité des accords israélo-égyptiens signés en 1979. Depuis
cette date, l'Egypte, est, après Israël, la principale bénéficiaire de l'aide
bilatérale américaine, pour un total de 50,94 milliards d'euros (68 milliards
de dollars), selon le CRS.
Source de l'article Le Monde
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