Marché méditerranéen du pétrole - l’Algérie et le Nigeria remplacent la Libye

Les pétroles algérien et nigérian concurrencent le pétrole libyen en Méditerranée. C’est ce qu’a déclaré le ministre libyen du Pétrole et du Gaz, Abdelbari Al Aroussi, le week-end dernier, à la chaîne de télévision satellitaire Al Naba, selon une information rapportée par l’agence Reuters. 

 
 La Libye va se rabattre sur le marché asiatique pour compenser les parts perdues sur celui de la Méditerranée. 
«Nous sommes confrontés à un gros problème parce que le pétrole de l’Algérie et du Nigeria est entré dans le marché méditerranéen», a indiqué le ministre, en ajoutant : «Nous avons commencé à chercher de nouveaux marchés en Asie de l’Est pour compenser la perte.» Abordant la question du blocage des terminaux pétroliers, il a espéré que «les ports d’exportation commenceront bientôt» sans confirmer des informations pour leur réouverture ce mardi.

Revenant sur la crise qui affecte le secteur de la production du pétrole, le ministre a déclaré que la Libye a perdu 9 milliards de dinars libyens (l’équivalent de 7,29 milliards de dollars) en recettes pétrolières après que la production ait chuté de 1,4 million de barils par jour en juillet à environ 250 000 barils/jour actuellement. Cette situation gêne le gouvernement libyen dans la préparation du budget pour 2014. «Nous avons un problème maintenant. Comment sommes-nous censés préparer le budget ?» a-t-il affirmé, en précisant que «la planification initiale avait tablé sur une production d’environ 1,3 million de barils par jour».

Abdelbari Al Aroussi a révélé que des installations avaient été endommagées à cause de l’arrêt brutal de la production et que le moral des employés n’était pas au beau fixe à cause des grèves. Des pipelines et des installations de production auraient été endommagées. Ces derniers mois, les grèves dans le secteur, le blocage des terminaux pétroliers et les actions de sabotage dirigées contre les installations ont créé une grave crise dans le pays et le gouvernement devrait faire face, en cette fin d’année, à des difficultés pour assurer le fonctionnement des institutions.

De plus, il apparaît clairement que le gouvernement n’arrive pas à surmonter la crise et que les groupes armés refusent son autorité. Les partenaires occidentaux de la Libye, notamment ceux qui sont présents dans le secteur du pétrole et du gaz, sont inquiets mais semblent désarmés devant la tournure que les événements ont pris depuis la chute d’El Gueddafi. De plus, le gouvernement libyen n’arrive pas à mettre en place des forces de sécurité capables de faire face aux groupes armés. Les assassinats de militaires et de membres des forces de l’ordre sont régulièrement menés par les groupes djihadistes. Plusieurs experts avisés restent sceptiques sur l’hypothèse d’une évolution positive de la situation vers plus de stabilité.

L’absence du pétrole libyen, s’il n’a pas créé une situation de pénurie au niveau international vu l’offre sur le marché mondial, a une incidence directe sur le prix du pétrole de qualité brent, qui évolue actuellement à plus de 110 dollars le baril. La situation actuelle favorise les pétroles algérien et nigérian, qui se vendent bien en Méditerranée suite aux pertes de marché qu’ils ont subies aux Etats-Unis après l’augmentation de la production américaine, notamment celle du pétrole de schiste et des réservoirs compacts (tight). Au vu des données actuelles, on voit mal comment la situation pourrait évoluer vers la normale à court terme.
Par Liès Sahar - Source de l'article El Watan

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