Le processus de transformation de la Société nationale d'investissement (SNI), holding de la famille royale du Maroc se poursuit avec son désengagement quasi total du sucrier marocain Cosumar. La SNI dit viser désormais des prises de participations financières dans des sociétés aussi bien marocaines que subsahariennes.
1,35% du capital. C'est la part résiduelle de capital du sucrier Cosumar détenu désormais par la Société nationale d’investissement (SNI), la holding de la famille royale du Maroc. Le 5 mars, la holding a en effet cédé 9,1% du capital soit 3 817 190 actions Cosumar. Cette opération clôture presque totalement le désengagement de la SNI de son ex-fiiliale Cosumar entamé à la Bourse de Casablanca "entre le 13 février et 5 mars 2015 au profit d’une trentaine d’investisseurs, aussi bien nationaux qu’internationaux, composés principalement d’Organismes de placements collectifs en valeurs mobilières", précise un communiqué de la SNI.
En avril 2013, la SNI avait déjà vendu 27,5% de Cosumar pour 2,3 milliards de dirhams (1000 dirhams = 92 euros) au groupe singapourien Wilmar, un des leaders mondiaux du négoce de sucre. Puis, en janvier 2014, la holding, actionnaire alors de Cosumar à ce moment, à hauteur encore de 36,7%, en cédait 24,5% à des investisseurs institutionnels (Axa Assurances, CNIA Saada, RMA Watanya, SCR, Wafa Assurances, MAMDA, MCMA, CDG, CMR, RCAR, Wafa Gestion, CFG ainsi qu’un gestionnaire de fonds sud-africain). Prix de la cession : 1,9 milliard de dirhams.
Transformation en Fond d'investissement
Dans l'agro-alimentaire, outre le sucre (Cosumar), les dégagements de la SNI ces dernières années concernent les huiles Lesieur Cristal cédées à Avril, les biscuits Bimo repris par Mondelez ou encore Centrale laitière, leader marocain des produits laitiers passé dans le giron de Danone. L'occasion d'une sorte de normalisation : ces participations détenues dans un secteur majeur de l'économie, et longtemps subventionné, laissent porter le flanc aux critiques de favoritisme.
Cette stratégie s'inscrit dans le cadre de la "transformation de la SNI en fonds d’investissement à long terme prenant des participations dans des projets structurants aussi bien au Maroc qu’en Afrique subsaharienne", selon le communiqué de la SNI.
Ce processus de transformation de la holding royale en "family office" et non plus actionnaire actif a été entamé fin 2010, après la fusion-absorption par SNI d'Omnium Nord-Africain (ONA), autre holding détenue par le roi et ses proches (cf la liste des cessions)
Il devrait s'accélerer avec le nouveau patron de la SNI, Hassan Ouriagli, un X Ponts passé notamment par Cap Gemini, nommé en septembre 2014. Ce dernier a d'ailleurs récemment procédé au remaniement managérial de plusieurs sociétés de la holding comme Marjane (distribution), Sotherma (maintenance industrielle), Optorg (commerce international) ou encore Wafa Assurance. Prélude peut être à d'autres changements.
Reste que la SNI demeure un acteur important de l'économie marocaine par certaines de ses filiales. C'est le cas de Wana / Inwi, troisième opérateur télécom du Maroc détenu en majorité par la SNI aux côtés du koweitien Zain. Ou encore de Nareva Holding, société créée il y a dix ans et qui mène, notamment avec Gdf-Suez, d'importants projets dans l'éolien (parc de Tarfaya...) ou l'électricité à base de charbon (future centrale de Safi). A cela s'ajoute le groupe minier Managem détenu à 81% par la SNI ou encore les supermarchés Marjane..
Mais, la participation la plus en vue de la SNI reste celle de 47,8% dans Attijariwafa Bank, première banque du royaume. La presse marocaine spécule fréquement sur la cession d'une part importante du capital d'Attijariwafa. Avec un souci : celui de trouver un ou même plusieurs actionnaires aux poches suffisamment profondes pour cette banque qui pèse la bagatelle de 7 milliards d'euros en bourse, soit la deuxième capitalisation du pays ou encore l'équivalent d'environ 7% du PIB marocain.
Pour le reste, au vu d'un trésor de guerre qui se chiffre en milliards d'euros, on attendra avec intérêt les prochains investissements "de portefeuiile" de la SNI.
Nasser Djama et Pierre-Olivier Rouaud - Source de l'article L'Usine Nouvelle
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire