MENA : la crise de l'eau en chiffres

Alors qu’elle abrite 6 % de la population mondiale, elle ne totalise que moins de 2 % des réserves d’eau renouvelables de la planète. Elle constitue ainsi la région la plus aride du monde en comptant 12 des pays ayant les ressources en eau les plus limitées au monde : Algérie, Bahreïn, Koweït, Jordanie, Libye, Oman, Territoires palestiniens, Qatar, Arabie saoudite, Tunisie, Émirats arabes unis et Yémen.

En moyenne, la quantité d’eau disponible n’y est que de 1 200 mètres cubes, soit approximativement six fois moins que la moyenne mondiale de 7 000 mètres cubes.

À l’heure actuelle, la plupart des pays de cette région ne sont pas en mesure de répondre à leurs besoins en eau de manière durable. De plus, du fait de l’accroissement de la population et de l’augmentation des besoins qui s’ensuit, la quantité d’eau disponible par habitant devrait être divisée par deux d’ici 2050.

Une étude menée sur sept ans et achevée en 2009 a montré que la perte d’eau douce dans cette région, la plus forte enregistrée dans le monde pendant cette période, correspond quasiment au volume de la mer Morte toute entière.

Cependant, certains pays de la région, à savoir les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), plus prospères, présentent des volumes d’eau consommée par habitant parmi les plus élevés au monde. Les pays du CCG sont également ceux chez lesquels on constate les plus grands écarts entre l’offre et la demande : le Bahreïn utilise 220 % de ses réserves d’eau douce renouvelables, l’Arabie saoudite 943 % et le Koweït 2 465 %.

Au cours des 30 dernières années, le niveau de la nappe phréatique a chuté d’environ un mètre par an (a) aux Émirats arabes unis : au rythme actuel, selon les prévisions, ce pays aura épuisé ses réserves d’eau douce naturelle dans environ 50 ans.

Nombre de pays de la région dépendent d’usines de désalinisation pour répondre à leurs besoins en eau. Ainsi, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord représentent plus de 75 % du volume mondial d’eau dessalée, dont 70 % pour les pays du CCG (Arabie Saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn et Émirats Arabes Unis) et 6 % pour la Libye et l’Algérie.

Dans une grande partie des pays de cette région, 85 % de l’eau est consommée par l’agriculture. Des pratiques agricoles plus efficaces permettraient de réaliser d’importantes économies d’eau et de satisfaire ainsi d’autres besoins, ce qui montre que la bonne gestion de cette ressource dépend largement de l’efficacité des politiques d’irrigation.

En Arabie saoudite, par exemple, les politiques de développement agricole et les pratiques d’irrigation adoptées depuis les années 1980 ont été pensées en prenant en considération un épuisement des deux tiers des réserves d’eau « fossile » du pays.

Par ailleurs, on estime que le changement climatique devrait entraîner une réduction des précipitations de 20 % et des taux d’évaporation plus importants, ce qui fera de l’eau une ressource encore plus rare. En Syrie, par exemple, la hausse des températures, le manque de précipitations et les aléas climatiques pourraient conduire à une désertification de 60 % de la superficie du pays.
Du fait de la conjonction de la forte croissance démographique que connaît la région et des effets anticipés du changement climatique, la situation va devenir encore plus critique en matière d’eau : les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord doivent donc impérativement trouver des solutions plus respectueuses de l’environnement, tant sur le plan de la demande que de l’offre.
Dans le secteur agricole, des pratiques climato-intelligentes et des méthodes d’irrigation plus efficaces contribueraient grandement à la préservation des ressources en eau de la région. De plus, la population doit être impliquée dans ces démarches par des campagnes de sensibilisation. Enfin, comme Malte l’a montré, optimiser l’utilisation de l’eau en minimisant les gaspillages et accroître l’efficacité énergétique des usines de désalinisation permettrait de faire baisser encore plus le coût environnemental de la production d’eau.

Par Ghanimah AL-OTAIBI - Source de l’article Blog Banque Mondiale

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