Une étude scientifique conclut à un réchauffement de 2° C à 4° C de la mer d'ici 2100, perturbant la faune et la flore.
En Méditerranée, le réchauffement climatique fait froid dans le dos. On sait déjà que le climat va changer. Une équipe de chercheurs annonce un scénario-catastrophe (*).
"Les résultats de nos six simulations sont inquiétants, affirme Samuel Somot, chercheur à Météo France à Toulouse. Nous avons mis en évidence un réchauffement des eaux de + 2°C pour le plus optimiste des scénarios à + 4° C d'ici 2100. Tout dépendra des futurs accords mondiaux limitant ou pas les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, principale cause de ce réchauffement. Cela peut paraître peu mais ce sont des températures moyennes sur toute la Méditerranée et sur plusieurs années. Sans intégrer les possibles canicules sous-marines sur lesquelles on n'a pas d'information."
Un "hot spot" climatique
La Méditerranée figure parmi les “hot spots” du changement climatique : les effets attendus y sont particulièrement importants, et les impacts environnementaux et socio-économiques risquent d'y être très prononcés. "Les effets locaux y étaient jusqu'à présent imparfaitement décrits, notamment en raison d'un manque de simulations océaniques à échelle fine", dit-on du côté de Météo France. C'est chose faite. "Les contrastes régionaux sont importants et certains courants marins pourront changer de direction et/ou d'intensité. Les courants de surface sont pilotés par la température mais aussi la salinité. La Méditerranée va se saler davantage (+ 1 gramme de sel par litre au maximum en plus des 38 grammes/litre en moyenne)", prévoit Samuel Somot.
Le principe est simple. Le climat va s'assécher , l'eau davantage s'évaporer et les pluies en mer diminuer. Le sel se concentrera donc davantage et ce, surtout aux embouchures des fleuves côtiers (le Rhône, le Pô, l'Èbre, et, cas particulier, à l'arrivée des eaux de la mer Noire en mer Égée). "Ce sera un peu moins vrai vers l'Atlantique", précise le scientifique. L'une des conséquences sera probablement l'inversion de certains courants marins. "Il n'est pas impossible que le courant au large des Baléares s'inverse du sud vers le nord, par exemple", note Samuel Somot.
Cet ensemble de simulations est l'exploration la plus complète de l'évolution physique de la Méditerranée dont la communauté scientifique pourra s'emparer pour s'intéresser aux impacts du changement climatique sur les écosystèmes marins, la pêche ou encore le tourisme, notamment dans le cadre du programme HyMeX (expérience sur le cycle hydrologique méditerranéen).
400 scientifiques mobilisés
"Indéniablement, souligne Samuel Somot, il y aura des conséquences sur les écosystèmes. Nous allons travailler avec des laboratoires, notamment à Montpellier, pour connaître les conséquences de tous ces changements. On sait que les gorgones, sorte de corail, sont très sensibles à la hausse des températures et pourraient mourir, comme ce fut déjà le cas au large de Marseille ; les poissons balistes pourraient être aussi menacés. Il faut que l'on ait des études précises sur les espèces invasives comme les barracudas, les méduses. Certains poissons vont migrer vers le nord de la Méditerranée et, dans nos scénarios les plus pessimistes, disparaîtront, ne pouvant aller plus haut pour fuir la chaleur."
En 2012, une campagne de mesures sans précédent, baptisée HyMex, a mobilisé 400 scientifiques, 30 M€ et 200 moyens d'observation pour "mieux prévoir le climat méditerranéen". Des études ont été réalisées dans des conditions parfois extrêmes, de l'épisode cévenol à la crue meurtrière. Une seconde campagne d'observations a eu lieu début 2013 dans le Golfe du Lion, Dans un contexte de changement climatique global, déluges et sécheresses seront plus marqués et fréquents. En parallèle, une importante population se concentre sur le littoral et dans des mégalopoles où 60 millions de riverains vivent avec moins de 500 m3 d'eau par an et par habitant.
Par olivier Schlama - Source de l'article Midi Libre
(*) CNRM-GAME (Météo-France/CNRS), du LEGOS (IRD/CNRS/Université de Toulouse) et de deux laboratoires espagnols (IMEDEA et Puertos del Estado).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire