Célèbre pour ses mosaïques, l'établissement tunisien pris d'assaut ce 18 mars par deux terroristes avait récemment doublé sa surface afin de faire revenir les touristes. François Hollande l'avait visité lors de sa visite officielle en Tunisie, le 5 juillet 2013.
L'entrée de l'ancien palais du XVIe siècle a été condamnée. Les visiteurs pénètrent dans le Bardo, à Tunis, par une plaza aux allures d'établissement californien. Un immense hall blanc et des salles modernes ont été inaugurés il y a un peu plus de deux ans, doublant la surface de l'ancien musée.
En prologue, le Triomphe de Neptune, une mosaïque romaine posée à la verticale et plongeant sur deux étages. Il ouvre sur le seul musée du Sud méditerranéen qui accepte de mettre à l'honneur, dans un même lieu, cultures arabe, islamique, chrétienne, romaine, hellénistique, punique et même juive. Les collections sont le fruit de fouilles archéologiques faites en Tunisie, à partir du XIXe siècle, et reflètent l'histoire mouvementée de la région. Les fresques chantant les prouesses de Dionysos voisinent donc avec un manuscrit du Coran bleu trouvé à Kairouan, une stèle représentant des divinités puniques ou une mosaïque tombale représentant une église, venant de Tabarka.
«Le Bardo est un musée universel, ouvert à toutes les civilisations qui ont fait notre pays», nous expliquait en juillet 2013 Soumaya Gharsallah-Hizem, sa directrice, petite femme énergique. Les travaux du Bardo avaient été lancés en 2009, afin de contribuer à la diversification du tourisme. Pendant des décennies, l'Europe entière a débarqué sur les plages d'Hammamet, oubliant souvent d'organiser un détour par les sites de Carthage, de Sousse ou au Bardo.
Trois fois moins de visiteurs
Mais à peine l'extension du musée entamée, la révolution s'est profilée, laissant tout en plan. En 2011, on parlait davantage de vols de biens archéologiques que de stratégie patrimoniale. Les touristes avaient alors déserté le pays. Et il faudra attendre 2012 pour que les choses redémarrent au Bardo, dans un climat incertain, avec trois fois moins de visiteurs (600.000 à 200.000).
À l'occasion de sa visite officielle en Tunisie, en 2013, François Hollande avait fait un tour au Bardo, s'attardant dans la salle de Carthage, dont les statues ont été restaurées grâce au Louvre. Dans le livre d'or, le président de la République a ainsi encouragé les Français «à venir admirer ces merveilles». Il aurait pu aller plus loin, et exalter, à l'heure du regain islamiste, le passé commun de la France et de la Tunisie.
Grâce à une étroite collaboration avec le Musée du Louvre, une dizaine de statues installées au cœur du musée, dans la partie de l'ancien palais autrefois réservée aux femmes, avaient été restaurées. En 2009, lorsque l'actuel patron du Louvre, Jean-Luc Martinez, était directeur du département des antiquités grecques, étrusques et romaines, il avait convaincu sa maison de se lancer dans une coopération avec le Bardo.
Par claire Bommelaer - Source de l'article Le Figaro
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire